Hôpitaux publics. Les Syndicats sollicitent Paul Biya pour sortir 21 000 personnels de santé de la précarité

(Lurgentiste.com) – 39 jours. C’est le temps qu’a déjà mis sur la table du Président de la République Paul Biya, la lettre des syndicats des personnels de santé au Cameroun. Sylvain Nga Onana et Balla Balla respectivement président du Syndicat national des personnels médico-sanitaire (Synpems) et du Syndicat national des personnels des établissements/entreprises du secteur de la santé au Cameroun (CAP/santé), sont allés chercher l’ultime arbitrage du chef de l’État le 15 janvier dernier et solliciter son « illustre soutien », indiquent nos sources proches du dossier. « Le courrier a été déposé le lundi 15 janvier. Nous attendons la réponse du Chef de l’État », confirme Sylvain Nga Onana, président du syndicat CAP/Santé, qui ne souhaite pas révéler le contenu dudit courrier.

Mais d’après d’autres sources syndicales, la correspondance adressée au chef de l’État présente deux principaux problèmes. Le premier est relatif à la situation des 21 000 personnels de santé qui exercent dans la « précarité absolue » depuis près de 10 ans au sein des formations sanitaires publiques camerounaises. Pour rappel, il s’agit des professionnels de la santé recrutés comme des « temporaires », qui représentent jusqu’à 60% du personnel de certains hôpitaux publics. Mais qui exercent sans contrat de travail, sans salaire et sans affiliation à la CNPS.

Plus grave, « certains ont déjà 18 ans de service comme temporaire. ». Dans les rangs de ces blouses blanches en détresse, on retrouve des médecins, des infirmiers de tous ordres, des sages-femmes, des techniciens médicaux sanitaires, des aides-soignants, des agents médico-sanitaires, des agents administratifs et d’appui… Les présidents de CAP/Santé et du Synpems demandent au président de la République de « sauver les soldats de la santé du Cameroun en détresse et dont les droits sont bafoués actuellement ».

En second ressort, la missive syndicale attire à nouveau l’attention de Paul Biya sur le « déficit criard » en ressources humaines que connaissent les établissements hospitaliers publics créés au Cameroun. Selon le ministère de la Santé, il est de 63 883 personnels de santé. Remédier à cette situation qui pénalise gravement le système de santé du pays passe par le recrutement et la contractualisation des personnels. Dans une note adressée à Séraphin Magloire Fouda, Secrétaire général des services du Premier Ministre, Manaouda Malachie, le ministre de la Santé publique, propose d’en recruter 5000 chaque année, jusqu’en 2025.

Impasse du comité ad hoc

L’initiative d’écrire au chef de l’État intervient dans un contexte où les concertations entamées au sein du Groupe de travail interministériel sous la coordination du Secrétariat général des Services du Premier ministre (SGPM) sont dans l’impasse. À ce jour, le Comité ad hoc chargé d’examiner les revendications et de faire des propositions de mesures concrètes pour la contractualisation des travailleurs en situation précaire n’a pas rendu public les résultats des concertations menées depuis juin 2023. « Personne ne nous dit rien. Nous n’avons aucun retour jusqu’à date. Au niveau de la base syndicale, nos adhérents soupçonnent de plus en plus les responsables syndicaux d’avoir été achetés ou floués », s’indigne Sylvain Nga Onana.

D’après ses explications, les syndicalistes ont accepté de s’asseoir à la table des négociations gouvernementales de bonne foi. « Nous sommes allés au Premier ministère, nous avons travaillé sous la coordination du Pr Tekassa avec les autres ministères et les partenaires sociaux ». Ainsi, « Sur les 13 problèmes posés, nous avons fait des groupes de travail. Celui dans lequel les Syndicats étaient, nous avons fait des propositions qui concernaient la contractualisation, la prise en charge financière, la résolution des problèmes des personnels précaires puisqu’on nous a dit qu’en ce qui concerne le statut particulier, un autre groupe travaillait dessus. Nous avons fait tout un chronogramme », fait savoir Sylvain Nga Onana.

 

 

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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