Sanctions à l’hôpital de Deïdo. Le Pr Tetanye Ekoe prend position

L’ancien Vice-président de l’Ordre national des médecins du Cameroun charge le personnel médical de cette Fosa publique de Douala, au Cameroun.

Sa sortie est une salve contre le personnel médical. Un contre-pied à ses confrères qui ont pilonné le train de sanctions prises par le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, au sujet du scandale de l’Hôpital de district de Deïdo à Douala. Le Pr Tetanye Ekoe a choisi les colonnes du quotidien privé Mutations pour prendre position sur cette actualité qui cristallise l’opinion. Dans une interview publiée mardi 09 avril, l’agrégé en pédiatrie enchaîne des déclarations à charge contre les acteurs incriminés par ce scandale survenu le 29 mars 2019. D’entrée de jeu, le Pr Tetanye Ekoe soutient que les décisions du Minsanté vont  assurément  influencer le comportement des autres personnels de santé. « Ce qui s’est passé à Deïdo a sonné la fin de la récréation. On a suspendu les infirmières et on a relevé de ses fonctions le directeur de l’hôpital. Ça veut dire que c’est très grave. Ceux qui travaillent désormais dans les hôpitaux publics savent qu’ils seront absolument traités avec la même sévérité », commente l’enseignant de médecine. Pour lui, il faut rendre hommage au Minsanté « pour la simple et bonne raison qu’aujourd’hui, il s’est agi de l’enfant d’autrui. Demain, ça peut être votre enfant, ça peut être l’enfant de votre sœur, ça peut être l’enfant de votre voisin », argue l’ancien vice-président de l’Ordre national des médecins du Cameroun (ONMC).

Sentencieux, le Pr Tetanye Ekoe n’y va pas de main morte pour condamner ces infirmiers et médecins au comportement « immoral ». Car rappelle-t-il, le code de déontologie se résume en une seule règle : sauver la vie ou soulager le malade. De son point de vue, cette obsession doit animer tout bon médecin. « S’ils ne font pas ça, on doit les chasser de là. Autrement dit, ils n’ont pas de place à cet endroit. Qu’ils aillent faire autre chose. Qu’ils aillent vendre des beignets, faire de la coiffure, la vente des perruques, etc… Ils n’ont pas leur place à l’hôpital. (…) C’est ainsi que je ressens cette sanction », charge-t-il. Non sans évoquer le contrat social qui lie tout professionnel de santé à la société. « Le contrat social veut que, au moment où se présente une urgence, je sois prêt à la lever de manière à sauver la vie de la personne qui accidentellement, se trouve en détresse. Ça c’est le devoir que m’imposent mon titre de médecin et le serment Hippocrate que j’ai prêté », explique-t-il.

D’après le pédiatre de renom, l’éthique et la déontologie en milieu médical ne doivent en aucun cas obéir à la moindre légèreté. En gardien du code et de la déontologie médicale, le Pr Tetanye condamne « les infirmières qui, dans cette circonstance, au lieu d’être là, à chercher le perfuseur, la pince, le garrot, le tensiomètre et autres matériels pouvant aider à sauver la vie de ce malade ; au lieu de chercher comment faire pour le transporter en salle d’opération pour qu’on commence à faire tout ce qui peut sauver sa vie, se sont mises à faire mise à faire comme si on était dans une boite de nuit ou dans une salle de jeu ».

Rappelons que depuis le déclenchement de cette affaire, le Pr Noah Noah Dominique, le directeur de l’Hôpital de district de Deïdo a été relevé de ses fonctions, puis remplacé par le Dr Danielle Christiane Kedy Magamba. Par décision du Minsanté, trois infirmières ont été suspendues pour une durée de trois mois. Tout comme le Dr Esther Song Epse Fai Yengo, frappée d’une interdiction d’activité de trois mois au sein de cette formation sanitaire publique.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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