Nord. Les bailleurs de fonds menacent de retirer le projet Chèque Santé

(Lurgentiste.com)- La région du Nord peine à atteindre les objectifs fixés par le projet Chèque Santé six ans après son lancement.  En effet, pour cette année 2021, 46 000 femmes devaient être enrôlées révèle le journal L’œil du Sahel. Mais depuis 9 mois, seules 16 000 femmes ont adhéré à ce projet qui leur permet d’être suivies pendant leurs grossesses, leurs accouchements et 42 jours après avoir donné naissance moyennant une somme de 6000 Fcfa seulement.  Soit un déficit de 30 000 femmes que la région n’a pas pu enrôler et doit le faire en trois mois. « Il faut sortir de cette spirale avant décembre », confirme le chef du projet dans la région.

Surtout qu’au regard de ces mauvaises performances, les bailleurs de fonds menacent de retirer le projet Chèque Santé dans la région qui enregistre pourtant un taux élevé de mortalité maternelle et néonatale. « Le gouvernement, malgré la situation économique difficile a pensé donner une chance aux femmes du Nord en les faisant accoucher dans de meilleures conditions. Ce serait un gâchis que de mobiliser autant de fonds pour nous aider mais que les femmes continuent à accoucher dans les maisons. 6 ans après le lancement de ce projet, cela est inacceptable », a déclaré Emmanuel Betsi, chef d’agence du projet dans le Nord. C’était au cours de la réunion qu’il a convoqué avec les leaders traditionnels, religieux, associations et médias le 28 septembre 2021.

Mauvaises performances

A en croire les responsables régionaux de ce projet, le Nord n’est pas à sa première année de mauvaises performances. Déjà en 2020, « La région était dernière » dans le Grand-Nord où est uniquement implémenté ce projet. Aussi, « Les objectifs ventes du projet ont été atteints à moins de 50% », regrette Marie Christiane Ebende, point focal Chèque Santé à la délégation régionale de la santé publique du Nord (DRSP-Nord). Des 17 890 consultations prénatales qui ont été faites au premier semestre 2021, seulement 10 367 avaient souscrits au Chèque Santé. De plus, sur les 11 646 accouchements enregistrés pendant la même période seuls 8 522 étaient couverts par le projet Chèque Santé.

Raisons et Manquements

La mauvaise performance de la région se justifie par des informations selon lesquelles tous les bébés nés sous le Chèque Santé finissent par décéder ou qu’il s’agit d’une secte. Durant les trois prochains mois, l’accent sera de ce fait mis sur la sensibilisation des populations afin de leur faire comprendre l’importance et l’avantage de disposer d’un Chèque Santé. Au cours de ces échanges, des manquements ont été souligné dans la gestion du projet chèque santé dans les formations sanitaires.

« Cela s’est traduit par des plaintes dans la communauté. Le personnel de santé se plaignait souvent de la démotivation de certains chefs de centres», explique Marie Christiane Ebende. Ceci, du fait du non-paiement des primes « Nous rassurons que les primes que l’antenne paye arriveront au niveau des bénéficiaires », a promis le point focal dudit projet à la DRSP-Nord. Engagement a aussi été « pris contre les personnes qui se mettent au travers du bon déroulement de ce financement »

Nouvelles stratégies

En tout cas, au regard de ces chiffres, il est donc question d’éviter le retrait de ce projet à la région du Nord. « Grâce à tous ces responsables religieux, traditionnels, les médias et chefs d’association, nous avons décidés de revoir la stratégie de travail utilisée. Les femmes doivent de nouveau acheter leurs tickets Chèque Santé », indique Emmanuel Betsi.

Ainsi, « Nous éviterons de perdre une opportunité aussi importante juste parce que nous n’avons pas su en profiter et nous permettrons aussi à d’autres régions du pays de bénéficier de ce projet car on envisage faire son extension dans d’autres districts de santés », poursuit ce dernier. A noter que le Nord couvre actuellement 7 arrondissements par le projet Chèque Santé. L’arrondissement qui a mieux atteint ses objectifs est celui de Figuil et le dernier est Garoua 2.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *