Extrême-Nord. La prise en charge sanitaire des blessés préoccupe, après le conflit intercommunautaire

(Lurgentiste.com)- A l’Extrême-Nord, la prise en charge des 111 blessés (officiel) du conflit intercommunautaire entre Arabes Choa et Musgum dans le Logone Birni préoccupe. Selon la délégation régionale de la Santé publique pour l’Extrême-Nord (DRSP-EN), les formations sanitaires (Fosa) dans lesquelles ces blessés ont été référés font face à une insuffisance des médicaments pour leur prise en charge adéquate. Tout comme celle ressources humaines, en matériels et en logistiques y compris au Tchad où ont été référés 9 blesses, et d’espace pour prendre en charge l’afflux des déplacés et autres malades dans les Fosa.

Ces informations sont contenues dans le rapport de situation de ce conflit rendu public par la la cellule de communication de cette DRSP-EN. A en croire donc les officiels régionaux de la santé, leurs moyens logistiques tels que les ambulances tout terrain pour l’évacuation des blessés vers les formations sanitaires plus adéquates sont limités. A ceci, il faut ajouter, la peur des patients hospitalisés, l’insécurité autour des Fosa du District de Santé (DS) de Kousseri et la baisse de la fréquentation dans ces Fosas, du fait de l’insécurité.

Au 10 décembre 2021, la situation sur le terrain faisait état de ce que ces 111 blessés étaient soignés à l’hôpital régional annexe (HRA) de Kousseri (40 blessés graves dont 9 référés à N’Djamena/Tchad), au Centre médical d’Arrondissement (CMA) du Logone Birni (32 blessés dont 15 graves) ; au Centre de santé intégré (CSI) et Zimado (35 blessés dont 10 blessures graves) et le CSI de Ngodeni, 4 blessés.  15 décès ont déjà été enregistrés dont six à l’HRA de Kousseri, cinq au CMA Logone Birni et quatre à Ndjamena après évacuation. Aussi, plus de quarante villages ont été incendiés dans les aires de Santé de Madiako, Madana, Ndjagare et Zimado, provoquant ainsi un déplacement massif des populations vers les zones sécurisées.

Plaidoyer

Suffisant pour mener un plaidoyer auprès du ministère de la Santé publique (Minsanté) et des partenaires, afin d’obtenir d’eux un appui en matériels, en ressources humaines et logistiques. Précisément, les médicaments et consommables médicaux, les ambulances tout terrain, les Moustiquaires imprégnées d’insecticides et à longue durée d’action (Milda), l’alimentation, l’eau potable pour les blessées et les populations déplacées internes. Un plaidoyer sera aussi fait auprès du ministère de l’Administration territoriale (Minat) pour entre autres, des abris, site de recasement, alimentation et rapatriement des déplacés du Tchad. Le dernier, aux forces de défense de sécurité et aux autorités administratives pour la sécurisation des hôpitaux et des Personnels soignant.

En attendant, les équipes médicales vont poursuivre la prise en charge des blessés dans les hôpitaux avec références des cas sévères; prévention des maladies évitables et la malnutrition dans le DS.  Pour l’heure, « Les personnels de santé donnent le meilleur d’eux-mêmes pour la prise en charge somatique, et le soutien psychologique des blessés dans toutes les formations sanitaires qui ont reçu les blessés », rassure le Dr Hamadou Bava Boubakary, Délégué régional de la santé publique pour l’Extrême-Nord.

Soutien psychologique

 

Pour le Dr Laure Mengune, psychiatre, il urge en premier comme prise en charge psychologique, de les sécuriser. Ensuite, « Satisfaire leurs besoins fondamentaux comme le logement, la nutrition, etc…car l’absence de ces derniers aggravera leurs états de mal être ». Enfin, « Il important qu’ils se sentent soutenus, écoutés. Verbalisent leur détresse, leur angoisse est le moyen le plus précoce de prévenir les problèmes de santé mentale », poursuit celle qui est par ailleurs sous-directeur de la santé mentale au Minsanté.

Risque de suicide

Selon elle, si ces conditions ne sont pas réunies, il y aura pérennisation de la violence avec des conséquences sur le plan physique (gastrite, douleur du corps, céphalées, insomnie etc…) ; sur le plan psychologique (dépression, psychose, trouble anxieux, consommation de drogue etc..) ; sur le plan social (agressivité, vol, violence, viol, meurtre, école buissonnière) et sur le plan économique (baisse de la productivité, sous-développement). « Nous pouvons aussi nous attendre à des suites parce qui dit dépression dit suicide comme complication, risque élevé de mal-être et de maladie mentale », prévient la psychiatre.

Et de conclure: « Nous en profitons pour rappeler aux populations d’appeler le 1510 qui est le numéro vert du Minsante et qui a en son sein, l’assistance psychologique nationale. Nous avons au niveau du 1510, un personnel spécialisé en santé mentale disponible 24h sur 24 pour aider psychologiquement toutes personnes en détresse ».

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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