Seulement 68 000 personnes vaccinées depuis le 12 avril 2021, un rythme préoccupant aux yeux de l’OMS.
L’effectif moyen journalier de personnes vaccinées au Cameroun est de 167 patients selon les statistiques officielles. Comparativement aux 3850 personnes vaccinées par jour au mois d’avril dernier, cette moyenne subit une chute drastique de plus de 95 %. Cette situation inquiète l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « A partir du 1er mai, la courbe s’est cassée. Aujourd’hui la situation est dramatique », a déclaré le Dr Phanuel Habimana, représentant de l’OMS au Cameroun.
Deux mois après le lancement officiel de la campagne nationale de vaccination contre le Covid-19, seulement un peu plus de 68 mille personnes ont accepté de recevoir au moins une dose de vaccin. Ce chiffre est très en deçà des objectifs. « Ce qui représente près de 13% de ce que nous aurions voulu », reconnaît le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie. Ce qui revient à dire que pour la période allant du 12 avril au 09 juin, le Minsanté envisageait d’immuniser autour de 521 mille personnes.
Pour cette première phase qui s’achève le 31 juillet prochain, le Programme élargi de vaccination (PEV) espérait vacciner 812 mille personnes. A 45 jours de l’échéance, le taux de réalisation de ces projections dépasse à peine 8 %.
Autant dire que le Cameroun est à la traîne. « La progression est assez lente. Comparativement aux autres pays africains comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire, le rythme au Cameroun est relativement faible », avoue le Dr Tchokfe Shalom Ndoula, Secrétaire permanent du PEV. Même si pour lui, « Ce n’est pas non plus une progression catastrophique ».
Invité dimanche dernier sur le plateau de l’émission « Actalité-Hebdo » diffusée sur la CRTV, le représentant de l’OMS au Cameroun a marqué son étonnement sur les contre-performances enregistrées par le Cameroun au sujet du vaccin anti-Covid-19. « Ça a été une surprise pour moi que nous ne puissions pas absorber un demi-million de doses », a confié le Dr Habimana interviewé par notre confrère Ntchuisseu Ngock.
Le spectre de la péremption
Le cas du Cameroun est d’autant plus préoccupant, qu’il plane un risque de péremption des doses de vaccin disponible au pays. En effet, « d’ici le mois de juillet, les premiers lots de Astrazeneca vont périmer. Ils se périment 6 à 8 mois après la fabrication », confie une source au Minsanté. Néanmoins, « Ils sont encore utilisables trois mois normalement », rassure ce médecin impliqué dans la riposte nationale. Donc le Cameroun a encore jusqu’au mois de septembre.
Dans tous les cas, « Il y a un problème », tranche le représentant de l’OMS. Ce d’autant plus qu’« On aurait pu faire mieux parce que si on avait exploité toutes nos capacités d’offre de service, on avoisinerait aujourd’hui les 200 mille personnes vaccinées au moins pour la première dose », admet le Dr Tchokfe.
Pour rappel, le Cameroun a reçu 591 mille 200 doses de vaccin Sinopharm et AstraZeneca en avril dernier. Ces doses ont été réparties dans 191 points de vaccination à travers le pays. Le niveau de déploiement est de 180 Districts de santé sur 190, d’après le PEV. En d’autres termes, pour l’heure tous les DS que compte n’ont pas démarré leur campagne.
Quoi qu’il en soit, « l’objectif de l’OMS pour le Cameroun est de voir le pays vacciné 10% de sa population à la fin du mois de septembre et 30% à la fin de l’année », insiste le Dr Phanuel Habimana. Pour cela, « J’en appelle à la communauté nationale, aux communicateurs, aux gens qui ont l’expertise d’analyser cette situation et de proposer des solutions », plaide le plénipotentiaire de l’OMS au Cameroun.
Solution
Selon lui, la solution passe par la communication et l’amélioration de l’offre vaccinale. « Les gens ne doivent pas chercher où se trouve le vaccin mais le vaccin doit venir vers les populations et les équipes mobiles doivent se mettre en mouvement ».
A ce propos, « Nous sommes en train de multiplier les stratégies pour que nous puissions monter en capacité en matière de vaccination, renforcer la sensibilisation, la communication et d’expliquer aux populations les bien fondés de la vaccination », a annoncé Manaouda Malachie le 10 juin dernier. D’ailleurs depuis le 21 mai dernier, le gouvernement a élargi la cible de vaccination aux 18 ans et plus. Ce changement visait à accélérer le rythme de la vaccination en le faisant passer à 5000 personnes vaccinées par jour pour atteindre l’objectif que s’est fixé le gouvernement de vacciner 5 millions de camerounais d’ici la fin de l’année. A l’observation, même ces nouvelles orientations peinent à porter des fruits.
A noter que la situation épidémiologique du pays se caractérise par la fin de la 2e vague. Cependant, « La pandémie est toujours là », prévient le Dr Phanuel Habimana. Pour preuve, le pays a continué à enregistrer des cas positifs et des décès. Les derniers chiffres font état de plus de 80 mille cas positifs et 1310 décès enregistrés depuis le début de cette pandémie en mars 2020.
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