Cancer du col de l’utérus. Le stock de vaccins menacé de péremption au Cameroun

Les populations boudent ce traitement préventif contre cette maladie qui tue pourtant 1356 femmes par an au Cameroun.

L’Etat du Cameroun est en voie de perdre son stock de vaccins contre le cancer du col de l’utérus. La date de péremption d’une partie de ces médicaments acquis sur fonds publics, arrive à expiration dès le mois de juillet 2021. Cette affaire encore sous le boisseau embarrasse les responsables du Programme élargi de vaccination (PEV), bras séculier de l’Etat en matière de distribution des vaccins. « Le plus important pour nous n’est pas de parler de cette affaire qui peut encore saper la confiance des populations au regard du contexte difficile et augmenter les cas de refus», déclare un haut cadre du PEV. Réservé.

Pour lui, il est question d’intensifier la vaccination et la communication autour de ce vaccin. Car « l’Etat a quand même consenti à d’énormes moyens financiers pour protéger sa population par l’achat de ces vaccins et c’est dommage que les jeunes filles ne se fassent pas vacciner », ajoute-t-il. Officiellement, le PEV évite de communiquer sur le volume exact des vaccins qui sera frappé de péremption. « Ce sont les doses qui sont dans les formations sanitaires que nous ne pouvons pas encore quantifier et le rapport n’est fait qu’à la fin du mois via le DHIS2 », confie une source interne.

Péril sur plus de 300 000 doses

Au ministère de la Santé publique (Misanté), des sources concordent que les doses de vaccin qui vont périmer en juillet prochain sont celles acquises pour l’introduction de ce vaccin dans le PEV de routine en octobre 2020. Il faut dire que pour lancer cette campagne de vaccination en octobre 2020 après le raté de 2019, le gouvernement a acquis près de 400 000 doses de vaccin Gardasil pour inoculer aux jeunes filles âgées de 9 ans. Les personnes retenues pour l’opération devaient alors recevoir deux doses de Gardasil espacées de 6 mois.

Entre octobre 2020 et avril 2021, seules 39 mille 974 jeunes filles ont été vaccinées sur la cible. D’après le PEV, 30 068 ont pris la première dose et 906 la deuxième. Au regard de ces chiffres, le pays pourrait perdre plus de 300 000 doses de vaccins représentant plus de ¾ du stock de Gardasil commandé par l’Etat en 2020.

Faible rythme de vaccination

Les parents sont réticents à faire vacciner leurs progénitures contre le cancer du col de l’utérus, une maladie qui tue pourtant jusqu’à 1356 femmes chaque année au Cameroun. La moyenne mensuelle des effectifs immunisés se situe à 4173 jeunes filles. Au niveau régional, l’Extrême-Nord est en tête du classement, avec 14 mille 280 personnes vaccinées. Elle est suivie par le Sud-Ouest (8601), le Nord (5451), le Nord-Ouest (5394) et de l’Adamaoua (1750). Le Littoral (217), le Centre (688) et l’Ouest (869), enregistrent les plus faibles taux de vaccination contre le virus du papillome humain (VPH), responsable du cancer du col.

Pour sauver les meubles, le PEV vient de lancer une nouvelle campagne de vaccination. Cette opération d’intensification de la communication et de la vaccination cible les écoles et les communautés en cours dans toutes les régions. « Si nous nous en tenons aux informations des coordonnateurs, elle se passe plutôt bien », fait savoir notre source.

L’un des objectifs de départ de ce Programme était d’amener au moins 70% des filles âgées de 9 ans à se faire vacciner contre le HPV en décembre 2021. Pour cela, deux stratégies sont pour l’instant mise en œuvre. Celle des formations sanitaires où le vaccin y est offert (deux doses espacées de 6 mois), et la stratégie école où des fiches de consentement sont remises aux parents pour marquer leur accord ou pas.

Polémique

Depuis 2020, le Gardasil introduit dans le PEV de routine (après le raté du 27 novembre 2019) est au centre d’une vive controverse. Une frange de l’opinion camerounaise et médicale dénonce les effets indésirables graves et invalidants de ce vaccin sur les cibles. Celle-ci doute aussi de l’innocuité, de l’efficacité et de la fiabilité de ce vaccin destiné à protéger la jeune fille non encore sexuellement active.

D’après des gynécologues, vacciner les jeunes filles de 9 ans les protège à 95-97% du cancer du col de l’utérus et des autres infections liées au virus du papillome humain. Avec 2356 nouveaux cas enregistrés par an, le cancer du col représente le deuxième type de cancer le plus fréquent chez les femmes au Cameroun, selon les chiffres du PEV.

 

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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1 réponse

  1. 16 juin 2021

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