Cameroun. Le paludisme a tué 4510 personnes en 2019

Des Milda. Moyen le plus efficace de lutte contre le paludisme?

Soit 1247 personnes de plus en 12 mois.

Au Cameroun, le paludisme a encore semé la mort. Un peu plus en 2019, qu’en 2018. En effet, cette endémie la plus répandue en terres camerounaises a tué 4510 personnes en 2019, contre 3299 en 2018. Soit 1247 personnes de plus. Le taux de mortalité est passé ainsi passé de 14,3% en 2018, à 18,3%. Soit 4% de plus en 12 mois. Le taux de morbidité lui aussi, a connu une hausse de 3%. De 25,8% en 2018, il est de 28% en 2019.

2 millions 628 mille 191 camerounais ont souffert du paludisme en 2019, contre 2 millions 133 mille en 2018. C’est du moins, ce que révèlent les statistiques officielles Pnlp, au moment où se célèbre le 25 avril 2020, la 13e journée mondiale de lutte contre le paludisme. C’est sous le thème « Zéro Palu, je m’engage ». Il caractérise un mouvement dédié à l’action et aux changements.

Disparités régionales

A l’analyse des graphiques, le constat fait état d’importantes disparités régionales sur les taux de la morbidité et la mortalité liés au paludisme. En comparant le nombre de cas de paludisme reçus dans les formations sanitaires à leur population de référence, il ressort que le fardeau du paludisme est plus lourd sur les populations des régions de l’Est, de l’Adamaoua et du Centre. Au moment où la moyenne nationale de l’incidence est de 103 pour 1000 habitants, l’Adamaoua enregistre 140 ; l’Est, 162 et le Centre, 120.

De même, en comparant les décès enregistrés en hospitalisation, le fardeau se retrouve plus lourd dans les trois régions septentrionales. En termes des décès, la moyenne nationale est de 76,52 pour 100 000 habitants. Dans les régions du Septentrion qui sont les plus touchées, nous avons : Adamaoua, 37% ; Nord, 35% ; Extrême-Nord, 32%.

Stratégie de prévention

Au Cameroun, la principale stratégie de prévention du paludisme demeure l’utilisation des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (Milda). Voilà pourquoi, la population a bénéficié de deux campagnes de masse depuis 2011. Cette année-là, 8 654 731 Milda ont été distribuées. Puis, 11 761 972 Milda distribuées en 2015/2016. Une 3è campagne de distribution gratuite de 14 millions de pièces dans les 10 régions a été lancée en 2019, sous le slogan « Milda pour toute la famille toute les nuits ».

Elle est cofinancée dans huit régions par le Fonds mondial de Lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme, à l’Extrême-Nord par les Etats Unis, dans les régions du Sud-Ouest et du Centre par le gouvernement. 8,5 millions de Milda ont ainsi déjà été complètement fournies dans six régions complètement et 13 districts de la région du Littoral. Le Nord-Ouest, Sud-Ouest et le Centre sont encore en attente de la précieuse pièce.

Lacunes

Pourtant, « La plus grosse erreur reste l’utilisation de la moustiquaire comme stratégie principale de lutte contre le paludisme », critique le Dr Albert Ze. L’économiste de la santé explique en fait qu’« aucun pays au monde n’a vaincu le paludisme grâce à cette stratégie qui est d’ailleurs née après la lutte contre le paludisme en Europe ». Ce à quoi le Dr Achu Dorothy, secrétaire permanent du Pnlp retorque que « dans les régions où l’utilisation des Milda a été le plus important, nous avons constaté une diminution de l’incidence ».

Néanmoins, l’économiste de la santé n’en démord pas. Il a décelé une autre erreur dans la stratégie gouvernementale de lutte. Elle réside selon lui, dans la gestion irrationnelle des financements alloués à cette lutte. « Beaucoup de dépenses qui sont faites sont inutiles dans la lutte contre le paludisme. La première est celle liée aux moustiquaires », indique le Fondateur de l’Institut de recherche pour la santé et le Développement (Iresade).

Pour lui, vaincre cet adversaire suppose de s’investir dans le changement de comportement. « La seule véritable méthode ayant porté des résultats positifs dans tous les pays qui ont vaincu la maladie est le changement de comportement qui doit s’accompagner par un assainissement significatif du cadre de vie des populations. D’où l’importance de la décentralisation dans le cadre de cette lutte », argumente ce dernier.

Au Cameroun, l’objectif du Plan Stratégique National de Lutte contre le Paludisme 2019-2023, en harmonie avec la stratégie mondiale, est de réduire d’au moins 60% le nombre de cas et décès liés au paludisme d’ici 2023.

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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