Au Cameroun, 78% des troubles mentaux liés à la psychose, dépression et drogues

(Lurgentiste.com) – La situation épidémiologique de la santé mentale au Cameroun suscite des préoccupations croissantes. Entre 2021 et 2023, le pays a enregistré une augmentation significative des troubles mentaux, avec la psychose (41 631 cas), la dépression (18 773 cas) et la consommation de drogues et ses conséquences (10 151 cas) en tête. Ces trois catégories de troubles représentent ensemble 77,68% de tous les cas recensés, selon le Bulletin épidémiologique national de santé mentale rendu public ce mois d’avril.

L’analyse de ce rapport met en évidence un accroissement des admissions dans les établissements de santé en 2023, par rapport aux deux années précédentes, à l’exception des cas de dépression. Les régions les plus touchées par ces troubles sont le Nord-Ouest, le Centre, le Sud-Ouest et l’Est.

Cependant, malgré ces données alarmantes, des lacunes subsistent dans la collecte de données, notamment l’absence d’indicateurs spécifiques aux Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA), et des inégalités régionales dans l’accès aux services de santé mentale.

Les causes de cette situation complexe sont multiples. Elles incluent le contexte sécuritaire instable dans certaines régions, le stress urbain chronique et la disponibilité facile des drogues illicites, particulièrement préoccupante pour les jeunes, qui représentent la majorité des cas signalés.

Outre ces défis, la prise en charge de la santé mentale au Cameroun est confrontée à une sensibilisation insuffisante, une stigmatisation sociale persistante, ainsi qu’à des déficits en infrastructures et en professionnels qualifiés. Il est à noter que les jeunes de moins de 30 ans représentent 72% des cas admis dans les CSAPA pour des motifs d’addictions aux substances, avec une présence non négligeable des moins de 15 ans (2,4%).

Des mesures sont envisagées pour renforcer la communication sur la santé mentale, sensibiliser aux méfaits des drogues et recruter davantage de psychologues dans les CSAPA. Par ailleurs, le rapport souligne l’importance d’une meilleure sensibilisation et d’une prise en compte des indicateurs spécifiques aux CSAPA dans le DHIS2, ainsi que la nécessité de pérenniser et d’étendre les activités relatives aux Personne atteinte de maladies mentales et errantes (Pamme) dans d’autres régions.

Ce rapport, première du genre, vise à fournir une analyse exhaustive de la situation de la santé mentale au Cameroun en 2023. En mettant en lumière les tendances, les progrès et les défis, il espère éclairer les décisions politiques et orienter les interventions futures pour améliorer la santé mentale de la population.

 

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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