Poliomyélite. Le PEV confronté au défi de l’adhésion des populations à la vaccination

(Lurgentiste.com)– L’analyse des données des campagnes de vaccination contre la poliomyélite entre 2020 et 2021 n’est guère reluisante. Elle fait état de ce que, si l’information des parents s’est quelque peu améliorée, les cas de refus eux, ont plombé cette activité qui vise pourtant à protéger les enfants de moins de 5 ans contre cette maladie dangereuse, très contagieuse et paralysante. C’est d’ailleurs la principale raison de la non vaccination dans le pays au cours de ces campagnes. Tenez par exemple, 2,3% des cas de refus ont été recensés en septembre et octobre 2020 et 4,3% en mai 2021. Le Programme élargi de vaccination (PEV) reconnait d’ailleurs que « la contre-performance lors des dernières AVS a été plus importante ».

Son défi s’annonce donc grand, au moment où le pays s’apprête à organiser une campagne de vaccination de riposte à l’épidémie de poliomyélite dès le 13 mai prochain. En effet, pour cette opération, le PEV devra atteindre toutes les populations vulnérables, les enfants non vaccinés et réussir l’intégration des différentes interventions. Mais par-dessus tout, ce bras séculier de l’Etat en matière de vaccination devra assurer l’adhésion des populations en contexte de méfiance vis-à-vis de celle-ci. Ceci, au regard du but visé par cette campagne. C’est celui de renforcer l’immunité collective chez ces enfants de moins de 5 ans contre le poliovirus dérivé circulant de type 2(cVDPV2), en leur administrant deux gouttes de vaccin Polio Oral de type 2(VPO2) et stopper ainsi sa circulation.

6 millions d’enfants sont ainsi visés par l’opération qui se déroulera en deux tours sur toute l’étendue du territoire national. Le premier est prévu du 13 au 16 mai prochain tandis que le 2e aura lieu du 10 au 13 juin 2022. Elle fait suite à la confirmation des cas de poliovirus dérivé circulant de type 2 au Cameroun et dans une dizaine de pays africains. Voilà pourquoi elle sera menée de manière synchronisée avec la République Centrafricaine, la République Démocratique du Congo, le Tchad et le Niger.

Dispositif de riposte

Les objectifs sont entre autres, d’enrichir en Vitamine A les enfants de 6 mois à 5 ans, d’effectuer le déparasitage des enfants de 12 mois à 5 ans (Albendazole/Mebendazole), de procéder au dénombrement des enfants de 0 à 3 mois sans acte de naissance en vue de faciliter l’établissement de cette pièce d’état civil. Vacciner 100% des enfants de moins de 5 ans, assurer l’information effective d’au moins 95% des parents sur la poliomyélite et sur les campagnes de riposte, rechercher activement et notifier tout cas de paralysie flasque aigue en communauté ne sont pas en reste.

La vaccination elle, se déroulera dans les formations sanitaires, les ménages en porte à porte, les lieux publics à l’instar des écoles, des marchés, des chefferies, des Eglises/Mosquées. A noter qu’une vingtaine de cas de poliovirus circulant a été détecté au Cameroun depuis 2020 dans plusieurs régions. Notamment l’Extrême-Nord (DS Goulfey, et Kousseri) et à l’Est, le Centre, le Littoral.

Pour rappel, la poliomyélite est une maladie incurable provoquée par un virus qui envahit le système nerveux et peut entraîner en quelques heures, une paralysie totale. Elle cible principalement les enfants de moins de cinq ans. Les symptômes initiaux sont la fièvre, la fatigue, les céphalées, les vomissements, la raideur de la nuque et les douleurs dans les membres. La maladie se multiplie donc dans l’intestin, passe dans la circulation sanguine et peut endommager certains types de cellules nerveuses entrainant la paralysie du sujet.

Une paralysie irréversible (des membres inférieurs en général) survient dans 1 cas sur 200 porteurs du virus. Celle des muscles respiratoires peut entraîner le décès du malade. Les mauvaises conditions d’hygiène constituent un facteur de risque. La transmission se fait par consommation d’eau ou d’aliments contaminés par les excréments d’une personne malade ou d’un porteur asymptomatique. La vaccination reste le seul moyen efficace de prévention.

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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