(Lurgentiste.com) – Le Fonds mondial (FM) entame, dès ce lundi 14 octobre 2024, une mission de cinq jours au Cameroun. Cette mission est dirigée par Ibrahim Faria, le Directeur régional de l’Afrique de l’Ouest et du Centre pour le Fonds mondial. Elle intervient dans un contexte tendu entre le Cameroun et cette institution financière, principal bailleur de fonds du pays dans la lutte contre le paludisme, le VIH/SIDA et la tuberculose. Plusieurs affaires en sont la cause. D’abord, le FM a découvert des vols et des détournements de médicaments subventionnés contre le paludisme et la tuberculose entre 2022 et 2023 dans les entrepôts de la Cename. Ensuite, le pays est impliqué dans une affaire concernant l’achat de congélateurs d’occasion pour un montant de 350 millions de FCFA.
Le Fonds mondial a exigé du Cameroun le remboursement de cette somme sous trois mois. Le reliquat des financements pour la lutte contre la Covid-19 (C19RM), mis à disposition par le Fonds mondial, sera également au centre des discussions. L’équipe se penchera également sur les points de friction entre les deux parties, notamment les « risques élevés liés aux récents détournements de produits de santé, aux vols et à la non-conformité, ainsi que les risques liés à la gestion financière (avances injustifiées et audits qualifiés) associés aux trois subventions du Ministère de la Santé publique », précise le document de référence dont nous avons obtenu copie.
La mission conduite par Ibrahim Faria est donc cruciale pour l’avenir des relations entre le Cameroun et le FM. L’équipe qui l’accompagne, ainsi que les termes de référence de la mission, soulignent la complexité de la situation. Elle est composée de plusieurs spécialistes seniors : un expert en finances, un spécialiste en santé publique et suivi-évaluation, deux spécialistes de la gestion des produits de santé, le chef du département de gestion des risques, ainsi que Noah Zahrobsky, gestionnaire de portefeuille senior. « La composition de cette équipe montre bien que les tensions persistantes et qu’ils ne sont pas là pour une simple visite de courtoisie », confie une source proche du dossier au ministère de la Santé publique.
Selon une autre source, parfaitement au fait de la situation, le Fonds mondial vient notamment pour pointer les lacunes que le Cameroun peine à résoudre, tout en délivrant des avertissements. « Sur les thématiques qui seront abordées, les avancées sont extrêmement faibles. De plus, le pays a pris du retard dans les commandes de médicaments, et il est fort probable que le Cameroun soit sanctionné par une suspension de la subvention », redoute une source au sein du Fonds mondial. La délégation rencontrera notamment les acteurs clés au niveau de la Primature, du Ministère de la Santé publique et de son unité de coordination des subventions (UCS), ainsi que l’Instance de coordination nationale (ICN) et les partenaires financiers et techniques.
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