Mort d’un médecin au Cameroun. Le rapport d’enquête conclu à un suicide
Le Dr Ebah Epock Lucie a été retrouvée pendue dans sa chambre, au domicile de ses parents. Elle sera inhumée dans son village natal Aboumadjali (Dimako) par Diang le 12 octobre.
Le Dr Ebah Epock Lucie entame son dernier voyage vers l’éternité ce 11 octobre 2019. Ce jeune médecin généraliste en service depuis deux ans à la Direction régionale de la Santé publique pour l’Est à Bertoua au moment de sa disparition, a été retrouvée « pendue » dans sa chambre le 21 septembre 2019. C’était en matinée, aux environs de 9 heures.
De sources proches du dossier, le rapport de l’enquête ouverte à la Direction régionale de la police judiciaire de l’Est pour déterminer les circonstances exactes de cette mort suspecte, avec l’expertise de l’hôpital régional de Bertoua, a conclu à un suicide. « Ebah, les mots me manquent, mes larmes sont finies. Ma chère Lucie, tu étais ma petite sœur, mon amie et ma famille d’accueil au Cameroun. Puisque tu as décidé ainsi, que Dieu t’accorde miséricorde. Tu resteras toujours dans mon cœur », écrit l’une de ses promotionnaires.
C’est que, trois semaines après ce drame, ses proches sont toujours sous le choc, la douleur de sa famille, ses amis et promotionnaires elle, immense. « Ce n’est pas quelque chose de facile ni pour le médecin, ni pour la famille parce que probablement, on peut culpabiliser. L’entourage peut se demander s’il a assez et suffisamment fait ou alors s’il a bien fait ; si quelque part il n’est pas responsable de ce passage à l’acte. Donc, beaucoup de culpabilité peut animer l’entourage », explique le Dr Menguene Laure, psychiatre et sous-directeur de la Santé mentale au ministère de la Santé publique.
La consternation demeure dans le corps médical. Surtout que cette célibataire et sans enfants paraissait « extrêmement stable et épanouie ». « Ici, la religion peut être d’un grand apport. C’est-à-dire comprendre qu’il y a un suprême qui donne le souffle de vie, il y a un autre qui le reprend et il peut le reprendre quand il veut. Et également, l’entourage doit comprendre que le suicide peut être l’une des complications de la maladie mentale comme on peut décéder de diabète, d’hypertension », conseille la psychiatre.
Agée de 29 ans, la défunte était issue de la 42eme promotion de la Faculté de médecine et des sciences biomédicales de Yaoundé, sortie en 2017. Le Dr Ebah Epock Lucie a fait une dépression à la fin de sa formation en 2017. Elle était suivie par un médecin à l’hôpital Jamot de Yaoundé. « Parfois ça ne se voit pas sur nos visages mais le stress affecte tellement la vie de l’étudiant en médecine et du jeune médecin ; 7-12 ans de stress pour après rentrer dans la vie active avec le même stress… Quelqu’un peut craquer », indique un médecin. Elle sera inhumée dans son village Aboumadjali (Dimako) par Diang, le 12 octobre 2019.