Kumba. La difficile équation de la prise en charge psychologique après le drame

Dr Laure Menguene: « C’est important de rassurer ces populations et de les accompagner sur le plan psychologique »

Les autorités sanitaires annoncent l’envoi de psychiatres et psychologues auprès des familles éprouvées et proches des victimes, pour une prise en charge et assistance psychologique appropriées. Sauf que la tâche s’avère difficile, au regard du contexte sécuritaire.

Les familles et proches des victimes du drame de Kumba bénéficieront d’une prise en charge psychologique. L’information a été rendue publique ce soir, par le ministre de la Santé publique (Minsanté). Comme l’indiquaient déjà des sources bien introduites au sein de ce ministère ce matin, Manaouda Malachie a en effet annoncé l’envoi d’une équipe pluridisciplinaires constituée de psychiatres et des psychologues auprès des familles endeuillées. Ceci, « En vue d’une prise en charge et d’une assistance psychologique appropriées », précise le communiqué radio-presse ministériel.

Ces spécialistes de la santé mentale vont donc s’ajouter à l’infirmier spécialisé en santé mentale à l’hôpital de District de Kumba, à l’équipe de Médecins sans frontières (MSF) et au psychologue de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui étaient déjà sur le terrain, a-t-on appris. « Nous sommes en contact avec eux et il n’est pas exclu qu’une équipe se déploie de Yaoundé les jours prochains pour renforcer cet accompagnement », indiquait déjà ce matin, le Dr Laure Menguene, Sous-directeur de la Santé mentale au Minsanté.

Sauf que, l’aspect sécuritaire se présente comme une condition majeure dans la réussite de ce soutien psychologique. Car « Pour aider l’autre, il faut qu’on se sente soi-même en sécurité », fait savoir la psychiatre. C’est que, « Dans les premiers secours psychologiques à Kumba, la priorité c’est d’abord la sécurité. Tant que la population ne se sentira pas en insécurité, le mal être règnera en maitre », poursuit cette spécialiste.  Or, « Si cette population se sent en sécurité, on aura une baisse de la psychose, de la peur et ceux-ci pourront développer des mécanismes pour faire face au stress », explique cette dernière.

Risques de dépression et des morts subites

Sauf que, la sécurité n’est pas le seul challenge auquel devront faire face ces populations affectées par ce drame supplémentaires et traumatisées par 4 années de crise dans ces régions anglophones. D’après la psychiatre, une fois qu’elle soit rétablie, « un travail de fond devra être fait non seulement pour les victimes (élèves, enseignants, familles) mais également pour la population générale ».

Si tel n’est pas le cas, « Sur le plan mental, toutes activités scolaires risquent d’être paralysées avec toutes les conséquences sur le plan éducatif (refus d’aller à l’école), l’anxiété, l’angoisse, la dépression, la consommation des substances psychoactives (alcool, drogue, etc) », énumère la spécialiste de la santé mentale. Aussi, sur le plan physique, ces populations seront en proie à des insomnies, morts subites « avec décompensation de diabète, d’hypertension artérielle, des allergies diverses (douleur dans le corps), gastrite », craint le Dr Menguene.

Voilà pourquoi, « C’est important de rassurer ces populations et de les accompagner sur le plan psychologique », martèle la psychiatre. En guise de réponse, le Minsanté a annoncé la mise en place d’une cellule d’écoute et d’assistance psychologiques à l’endroit des familles et proches des victimes si durement éprouvées. « Le Centre d’appel dédié à cet effet est le 1511 logé à la Croix rouge camerounaise », informe Manaouda Malachie.

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
1 Comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *