Grand-Nord. Une sage-femme pour plus de 50000 habitants

(Lurgentiste.com)– Dans le Grand-Nord du Cameroun, la situation de la santé reproductive est alarmante, notamment en raison d’un manque flagrant de personnel qualifié. Selon le Dr Bernard Cheumaga, ancien directeur de la promotion de la santé au ministère de la Santé publique, la région ne dispose que d’une sage-femme pour plus de 50 000 habitants, bien loin de la norme recommandée par l’OMS d’une pour 5 000.

Cette pénurie contribue à des taux de mortalité maternelle et néonatale toujours très élevés, malgré les efforts nationaux pour les réduire. Le Dr Cheumaga, qui travaille maintenant sur le projet SWEDD pour l’autonomisation des femmes au Sahel, souligne également les défis supplémentaires tels que les mariages précoces et un accès insuffisant à la planification familiale, exacerbés par les troubles sociaux dans cette partie du pays.

Pour remédier à cette situation, une formation intensive en Soins Obstétricaux et Néonataux d’Urgence (SONU) a été lancée le 22 avril dernier, destinée aux sages-femmes et maïeuticiens des trois régions du Grand-Nord : Adamaoua, Nord, et Extrême-Nord. Un total de 360 professionnels de santé participent à cette formation, qui se déroule simultanément à Ngaoundéré, Guider, Garoua, Mokolo, et Maroua.

L’objectif de cette formation est de doter ces professionnels des compétences nécessaires pour gérer des complications obstétricales telles que les saignements, les infections et les maladies hypertensives, ainsi que pour la prise en charge du paludisme chez les femmes enceintes. Ils apprendront par ailleurs à gérer les accouchements compliqués et à réaliser des interventions telles que la réparation de déchirures cervicales ou d’épisiotomies.

La formation se déroule en trois phases, incluant une importante composante pratique où les participants appliquent leurs nouvelles compétences dans 12 centres de santé sélectionnés en fonction de leurs équipements et de leur personnel qualifié. Les formateurs et les responsables des maternités de ces centres supervisent les stagiaires.

Le programme, qui se conclura le 7 mai, est financé par la Banque Mondiale et dirigé par des experts du ministère de la Santé. Il est prévu que cette initiative améliore significativement la qualité des soins offerts aux femmes et aux nouveau-nés dans ces régions.

Toutefois, Dr Cheumaga par ailleurs Responsable Santé de la Reproduction au SWEDD insiste sur la nécessité d’aller au-delà de la formation en abordant les enjeux de ressources matérielles, d’accessibilité financière et géographique, et en assurant un suivi efficace du personnel formé pour garantir une mise en pratique continue des compétences acquises.

Selon l’Association des Sages-Femmes et Associés du Cameroun (ASFAC), l’investissement dans la formation des sages-femmes est essentiel et présente des bénéfices considérables pour la santé maternelle et néonatale. La présidente de l’association, Annie Hortense Atchoumi, souligne que grâce à un renforcement des compétences des sages-femmes, il est possible d’éviter jusqu’à 87% des décès maternels. Par ailleurs, cet investissement pourrait également prévenir 94% des décès néonataux et réduire les mortinaissances de 84%.

 

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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