Choléra. Plus de quarante décès enregistrés en un mois alors que des difficultés entravent la riposte

(Lurgentiste.com)- Les régions du Centre et du Sud totalisent plus de 830 cas de choléra et une quarantaine de décès liés à cette épidémie au 02 mai 2023.  De sources médicales et épidémiologistes sur le terrain, cette infection diarrhéique aiguë provoquée par l’ingestion d’aliments et d’eau contaminés par le bacille Vibrio cholerae continue de faire des ravages en milieu hospitalier et communautaire. « De nouveaux cas de décès et alertes décès sont remontés chaque jour », confirme un épidémiologiste impliqué dans la riposte. D’ailleurs, entre le 17 et le 23 avril, le rapport de situation (Sitrep) du 24 avril « observe une recrudescence des cas notamment dans le Centre ».

D’après l’une de nos sources, des difficultés notoires entravent la riposte. « Nous avons d’énormes lacunes dans la riposte. Notamment sur le plan logistique et des médicaments. Le matériel dont nous disposons est  insuffisant », se plaint-elle. Concernant la logistique, il s’agit notamment des lits cholériques, des bassins de lit, des pulvérisateurs pour désinfecter, des moyens de transport, renseigne notre source. Au sujet des médicaments, elle liste la doxycycline, la solution Ringer Lacter, le SRO, les perfuseurs, etc.

Aussi, dans le District de santé de la cité verte, le personnel fait face à un déficit de housse mortuaire. Pour ne rien arranger, « Certaines UTC (Unités de traitement du choléra : Ndlr) sont débordées », déplore notre source épidémiologiste. C’est le cas par exemple du Centre médical d’arrondissement (CMA) de Tsinga. « Même le CTC (Centre de traitement du choléra : Ndlr) de Djoungolo est lui aussi débordé », indique-t-elle. Néanmoins, « Toute la région c’est-à-dire les 32 districts de santé, est en alerte pour intensifier la riposte épidémiologique », se veut rassurante une source proche du dossier au ministère de la Santé publique (Minsanté).

D’après elle, s’agissant « des médicaments et intrants, il y en a. Pour ceux qui n’en ont pas en suffisance, un approvisionnement doit être fait si tel n’est pas encore le cas ». Et celle-ci d’expliquer que « Le ministère dispose d’un système d’approvisionnement clair : le niveau central approvisionne la région qui à son tour, approvisionne les districts de santé qui en font la demande. Tous ceux qui en font la demande sont donc approvisionnés en fonction de la disponibilité des intrants ».

A la délégation régionale de la santé publique pour le Centre (DRSP-C), nos sources n’ont pas souhaité communiquer sur la nouvelle situation épidémiologique et les actions entreprises pour limiter la propagation de l’épidémie. « Je ne suis donc pas habilitée à vous répondre. En temps de crise seul le Ministre de la Santé publique est habilitée à communiquer où Mme le délégué régional. Et ceci, en temps opportun », a déclaré Sandra Abondo, responsable de la Communication.

En poursuivant notre investigation, nous avons cependant obtenu d’une source proche du dossier des informations selon lesquelles « Seule la Camwater s’est rapprochée de la délégation pour apporter son aide alors que la riposte contre le choléra est multisectorielle ». L’apport de cette société consiste donc en l’approvisionnement en eau dans les hôpitaux (UTC et CTC) et quartiers touchés. « La mairie de la ville est aussi impliquée surtout dans la gestion des enterrements sécurisés », informe-t-elle. Entre temps, « La DRSPC et ses démembrements sensibilisent dans la communauté, les établissements scolaires, etc ».

En rappel, c’est depuis plus d’un mois que l’épidémie s’est déclarée dans cette région. D’après le rapport de situation du 24 avril dernier, quatre régions sont en épidémie depuis 2021. Le pays a déjà enregistré plus de 15 000 cas pour près de 2000 confirmés et 327 décès. A noter que le choléra provoque vomissements et diarrhées aïgus. Le malade peut en mourir en quelques heures, en l’absence de traitement. La maladie se traite avec des sels de réhydratation orale ou par perfusion de liquide et d’antibiotiques.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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