Cameroun. Le Covid-19 infecte le don de sang depuis 2020

Olive Atangana
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(L’ugentiste.com)- La survenue du Covid-19 a joué un rôle « négatif très significatif » sur le don de sang au Cameroun, au-delà des facteurs déjà existants. D’abord, la peur de l’exposition à ce virus par les donneurs les a empêchés de se déplacer vers les formations sanitaires pour donner leur sang. C’est du moins ce qu’a affirmé sur les ondes de la radio nationale CRTV, le Pr Dora Mbanya, Directeur général du Centre national de transfusion sanguine (CNTS). Ensuite, les donneurs dont dispose cette structure ont été infectés par le virus mortel et par conséquent, ne pouvaient pas venir donner de leur sang pendant un temps.

Et pour couronner le tout, les situations de confinements n’ont pas permis de collecter le sang ou d’organiser des collectes mobiles. « Tous ces facteurs ont contribué à une baisse dramatique du don de sang dans notre pays » en 2020, regrette le Pr Dora Mbanya. Le pays a ainsi enregistré « au moins 22 à 40% de chute en ce qui concerne le don de sang et celui des donneurs bénévoles réguliers », poursuit ce professeur d’hématologie. De même, les données de Yaoundé en termes de poches collectées sont passées de 32 000 poches environ en 2019 à juste 26 000 en 2021, explique le DG du CNTS.

Ce qui fait qu’en 2021, la disponibilité en poches de sang n’était que de 100 000 poches quand le besoin national était de 400 000 poches. En 2019, seulement 103 359 poches de sang ont été collectées selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sur le minimum de 400 000 dons de sang pour couvrir les besoins des camerounais que le pays devrait avoir. « Ce qui donne à peu près 25,8% de collectes ; ce qui était insuffisant », martèle le Pr Mbanya.

La tenue depuis le 9 janvier 2022 de la Coupe d’Afrique des nations CAN TotalEnergies est donc une opportunité pour ce Centre, de plaider en faveur du don de sang par l’éducation et la sensibilisation des populations dans les fans zones. C’est que, les tabous, les croyances culturelles et religieuses ainsi que la circulation de fausses informations jouent « fortement » contre le don du sang dans notre contexte. Toutes choses qui découragent les potentiels donneurs. « D’où l’importance de cette sensibilisation et d’éducation sans cesse. C’est absolument indispensable selon nous. Le grand discours et qui n’est pas du tout neuf c’est que le sang est indispensable pour sauver la vie », précise cette hématologue qualifiée dans le domaine de la transfusion sanguine et des maladies liées au sang.

Un message qui semble trouver une oreille attentive. « Beaucoup reviennent pour plus d’informations, d’autres font des promesses de devenir donneur et d’autres même ont dit qu’ils vont encourager leurs partenaires, leurs voisins, leurs familles, leurs amis. Il y en a même qui ont suggéré d’autres stratégie qu’on peut utiliser pour améliorer les sensibilisations et les collectes des dons », se réjouit déjà le DG. Cependant, « J’encourage la population à aller donner un peu de leur sang non seulement une fois mais que ça devienne une habitude ».

Mais au-delà de cette campagne, le CNTS est en train de finaliser une stratégie qui consistera d’abord à maîtriser la demande. C’est-à-dire le besoin réel de poches de sang au Cameroun « de manière extrêmement précise », fait savoir Emmanuel Maina Djouldé, son DGA. Ensuite, de cartographier sur la demande globale : quelles sont les zones où la demande est forte et celles où la demande est faible ? Qu’elle est la capacité d’offre ? Où est-ce qu’on collecte le plus et le moins ? Pourquoi collecte-t-on plus ? Pourquoi collecte-t-on moins ? Pourquoi ne collecte-t-on pas ? Tout ceci a pour objectif « de faire une cohérence, une compatibilité entre nos besoins d’empoche et notre capacité de remplir ces besoins-là », poursuit ce dernier.

Toutefois, « Notre plus grand souci c’est de continuer à œuvrer pour augmenter les collectes de sang et essayer d’améliorer la disponibilité en produits sanguins », conclut le Pr Mbanya. A noter que toute personne âgée de 18 à 60 ans et en bonne santé peut faire un don de sang.

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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