Cameroun. Concert d’hommages et éloges au Pr Lazare Kaptue Noche

La communauté médicale et universitaire camerounaise ne tarit pas d’éloges et d’hommages à l’endroit du Pr Lazare Kaptue Noche, depuis l’annonce de son décès. L’Agrégé d’hématologie, immunologie et maladie du sang s’est éteint hier 12 avril dans sa clinique à Yaoundé. « Le Cameroun vient de perdre un de ses meilleurs fils », a d’emblée déclaré le Pr Tétanye Ekoe, professeur émérite de pédiatrie. C’est que, ce scientifique et praticien émérite qui a tiré sa révérence à 82 ans a participé à la formation de plusieurs générations de médecins et professionnels de santé.

Il a ainsi marqué de nombreuses générations de la médecine au Cameroun et en Afrique.  En cette icône scientifique et « grand maitre », le Dr Guy Sandjon reconnait un « homme pluridimensionnel, formateur rigoureux et exigent ». Il a été directeur de la Santé au ministère de la Santé publique, Inspecteur général, avant de prendre sa retraite en 2004. « C’était un grand directeur au Minsanté, un emblématique. Pour nous qui étions débutant, c’était un honneur de saluer un maitre qui était aussi Directeur au Minsanté », témoigne le Dr Jean Louis Abena.

« Guide » et « patriarche du savoir »

Le Pr Kaptue Noche était aussi le fondateur et Président de l’Université des montagnes (UdM) de Banganté. En ces lieux ce matin justement, l’atmosphère était lourde, confie Simon Patrice Djomo. « J’ai le cœur étreint de douleur. Pour moi, le Pr Lazare était plus qu’un patron. C’était un père, un guide », a fait savoir celui qui a été son proche collaborateur de 2012 à 2020. Durant ces années de collaboration, le responsable de la Communication à l’UdM se souvient qu’«A chaque fois qu’il se posait un problème d’ordre professionnel, il m’appelait en père pour comprendre, mais surtout pour m’orienter, me guider ».

Indéniablement donc, ce scientifique à la carrière hors du commun était « un patriarche du savoir dont le décès laisse un gros vide dans notre communauté. Nous n’avions pas toujours réalisé que c’était une icône, qui nous couvrait et nous couvait», poursuit le Simon Patrice Djomo. En fait, « Chacun doit marquer l’histoire. Il l’a fait dans la santé publique, la formation médicale et bien d’autres domaines », renchérit le Dr Jean Louis Abena. Bien plus, « Il nous aura appris en plus de la médecine, en prêchant par l’exemple, l’ardeur au travail, l’humilité, le professionnalisme, l’empathie, le respect », reconnaît le Dr Ndom Ebongue.

Pionnier et « précieuse bibliothèque »

Doté d’un caractère paternel, cet homme « multi dimensionnel » a aussi et surtout marqué les esprits parce qu’il « fut pionnier dans la lutte contre le VIH », affirme le Dr Abena, par ailleurs médecin de santé publique. C’est que, le Pr Kaptue a fondé et présidé le Comité national de lutte contre le Sida jusqu’en 2013. Pour le Pr Tétanye Ekoe, le natif de Demdeng par Bandjoun était une « volumineuse et précieuse bibliothèque » qui s’est malheureusement « enfouie dans les montagnes ».

Le Pr Kaptue Noche par ailleurs président du Comité national éthique depuis 1987 a collaboré à la rédaction de plusieurs ouvrages et revues scientifiques, participé à la mise en place de la santé de la reproduction au Cameroun, non sans continuer ses recherches sur la variabilité génétique du VIH. En réalité, « La communauté médicale et universitaire du Cameroun vient de voir tomber un de ses grands arbres de sa forêt. Un des plus grands bubinga de l’histoire de la médecine de notre pays et de l’Afrique centrale vient d’être scié et abattu », soutient le Pr Tetanye.  Mais, « Par votre œuvre, vous êtes immortel», lui a rendu hommage le Dr Didier Moulioum.

A noter que le 31 mars dernier, il avait d’abord été donné pour mort. L’information avait été démentie par la cellule de communication de l’UdM.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *