Cameroun : colère des blouses blanches après des coupes allant jusqu’à 250 000 FCFA sur les salaires de septembre

Olive Atangana
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(Lurgentiste.com) – Entre 50 000 FCFA et 250 000 FCFA : tels sont les montants prélevés sur les salaires des personnels de santé des hôpitaux publics camerounais pour le mois de septembre par le ministère des Finances. Certains se retrouvent avec des salaires mensuels aussi bas que 32 000 FCFA à 100 000 FCFA, tandis que d’autres sont débiteurs auprès de leurs banques. « Je me retrouve avec un net à percevoir négatif », s’est plainte le Pr Anne Esther Njom Nlend, présidente de l’Association des femmes médecins du Cameroun et ancienne directrice de l’hôpital de la CNPS, sur son compte Twitter. Un haut responsable du ministère de la Santé publique a également vu son salaire amputé de près de 250 000 FCFA. « Ils ont coupé la moitié de mon salaire », informe-t-il.

Origine des Coupes

Ces coupes font suite à un ordre de recette pour un trop-perçu de 2 400 FCFA, concernant 4 990 personnels soignants (médecins, infirmiers, techniciens-médico-sanitaires, sages-femmes, pharmaciens…). Ce montant leur a été versé pendant 18 ans sous le couvert de la prime de technicité. Selon le ministère de la Santé publique, cet argent devait être remboursé à l’État après la suppression de la prime en 2002. En tout, 143 millions de FCFA doivent ainsi être récupérés. Manaouda Malachie, le ministre de la Santé publique, a tenté d’expliquer sur Twitter que cette démarche vise à assainir le fichier des personnels de l’État afin de faciliter le traitement des rappels stockés. Les coupes, déjà amorcées au mois d’août, s’étendront jusqu’en décembre, avec des montants pouvant atteindre 450 000 FCFA selon la date de sortie de chacun.

Grogne 

La pilule est difficile à avaler pour le milieu médical camerounais. D’abord, aucune information préalable n’a été donnée sur ces coupes drastiques, que les médecins ont découvertes le 24 septembre. De plus, la prime concernée ayant été supprimée en 2002 (remplacée par trois autres d’un total de 40 000 FCFA), des personnels recrutés après cette date se voient également pénalisés. Ce recouvrement, demandé par le ministre de la Santé publique dans une correspondance au ministre des Finances en juillet 2020, est jugé injustifié par de nombreux médecins, qui estiment que la faute ne leur incombe pas. « Ce n’est pas nous qui faisons l’assainissement du fichier solde », argue un médecin syndicaliste.

De plus, lors de réunions de concertation il y a quatre ans, il avait été convenu de ne pas appliquer cette décision, prise alors que les médecins luttaient contre le Covid-19. « L’engagement avait été pris de mettre en place une prime de risque pour compenser nos efforts », explique le Dr Daniel Mabongo, qui avait participé aux discussions à ce sujet.

Sentiment d’Injustice

La colère des personnels de santé est amplifiée par le sentiment d’injustice, renforcé par des décisions perçues comme favorisant d’autres corps d’élite. Par exemple, un récent communiqué du Minfi a annoncé la suspension des allocations familiales de 4 300 membres des forces de sécurité pour avoir présenté des documents frauduleux afin de gonfler leurs salaires. Une situation traitée avec « délicatesse » en raison du statut des concernés.

Les médecins voient donc cette coupe comme un « acharnement » contre eux. Ils soulignent que, non seulement cette décision est malvenue, mais que c’est à l’État d’assumer cette erreur. « On ne peut pas dire que nous avons continué à percevoir indûment quelque chose alors que nous ne décidons de rien », soutient le Pr Njom Nlend. D’autres estiment que le gouvernement aurait dû communiquer sur cette coupe, l’échelonner ou l’annuler.

Réactions Syndicales

Dans un communiqué du 25 septembre, le Syndicat national des médecins du Cameroun (Symec) s’insurge contre cette décision, la qualifiant d’« arbitraire » et de « sans légitimité ». Aux yeux du Dr Daniel Mabongo et d’autres membres du personnel médical, une telle mesure en pleine rentrée scolaire est « inacceptable », « inhumaine » et « injuste ». La douleur s’est intensifiée par le fait que, précédemment, le Minfi avait déjà suspendu les 2 400 FCFA de leurs salaires pendant la période du Covid-19.

Conséquences sur le Système de Santé

Cette suppression aura des conséquences tant pour le corps médical que pour les patients, aggravant un système de santé déjà fragilisé par des problèmes d’accès aux soins, des pénuries de professionnels qualifiés, et un sous-financement général. « Ce qui est malheureux, c’est que ce sont les patients qui payent le prix quand ils ont en face un personnel démotivé », regrette un directeur d’hôpital public. Si la situation perdure, le Cameroun pourrait perdre ses meilleurs éléments, et le ministère de la Santé sera tenu responsable.

Pour protester contre ces difficiles conditions de travail, le mouvement OTS/Santé projette une grève dès le 28 septembre.

 

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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