Buea. Deux employés de Médecins sans frontières inculpés pour terrorisme

(L’urgentiste.com)- Ashu Dabinash Godlove et Mewouo Marguerite Gerzande sont en détention provisoire à la prison centrale de Buea depuis quelques semaines. Ces deux employés (respectivement conducteur d’ambulance et infirmière-urgentiste) de Médecins sans frontières (MSF) à exerçant dans le Sud-Ouest ont été inculpés par le tribunal militaire de Buea pour complicité d’évasion d’un terroriste et complicité d’actes de terrorisme. Cette information a été rendue publique ce 10 février 2022 à Yaoundé. C’était au cours de la présentation du rapport d’enquête ouverte suite à l’affaire des ambulances de MSF.

« Ces deux collaborateurs n’ont pas leur place en prison », affirme le Dr Modeste Tamakloe, représentant de MSF au Cameroun. De lui, l’on apprend que l’organisation humanitaire a mis à leur disposition un avocat qui suit le dossier. « Cet avocat est en contact avec les autorités judiciaires et les deux détenus. Ici à Yaoundé, nous avons entamé les discussions avec les autorités pour aboutir à la clarification des choses afin que les relations soient assainies», précise de dernier. Dans un rapport sur la Crise anglophone publié ce jour-là, les ONGs de défense de droits de l’homme dénoncent une détention « arbitraire » et appellent à la libération de ces travailleurs humanitaires.

Guerre de déclarations

Tout part du samedi 25 décembre 2021. Ce jour-là, dans l’après-midi, il y a eu un accrochage à Tinto II entre des gendarmes et deux combattants séparatistes venus en opération de repérage en vue d’attaquer la brigade de gendarmerie. Les deux assaillants blessés vont se réfugier dans la forêt de Ntenmbang et contacter le 26 décembre, le responsable de l’antenne de MSF de Mamfe. Ceci, « pour négocier leur exfiltration du département de la Manyu à partir du village Ashum vers un centre de santé accessible », avait alors déclaré le Chef de la Division de la Communication (Divcom) du ministère de la Défense (Mindef).

D’après MSF, son centre d’appels d’urgence a plutôt reçu un appel relatif à un blessé ayant besoin d’une assistance « urgente » dans la zone de santé de Tinto, tel qu’expliqué dans une déclaration. Une de ses ambulances conduites par un chauffeur camerounais et une infirmière de même nationalité va donc réussir à le prendre en charge le lendemain matin, dans la zone d’Ashum. Puis, le patient va être transféré à Mutengene via Kumba, pour une intervention chirurgicale. Va s’en suivre une guerre de déclaration entre les deux parties. Selon l’armée, l’infirmière qui accompagnait le blessé aurait montée une fausse fiche d’évacuation avec pour nom de patient « Ndip Ben » en lieu et place de Mbu Princely Tabu alias « General Moving Star », son nom réel. Aussi, « La même fiche déclarait le patient non blessé par balles et plutôt en provenance de Mamfé », poursuit l’armée camerounaise. Ni la déclaration de MSF, ni le responsable de la communication du Mindef n’ont été en mesure d’apporter des explications sur ces accusations de fabrication d’une fausse fiche d’évacuation portées par l’armée.

Quoi qu’il en soit, « Il faut savoir que ces deux employés sont des personnes qui font un travail humanitaire au Cameroun et se retrouver en prison pour avoir secouru une personne qui a besoin d’assistance c’est quelque chose qui est contre l’éthique médicale », déplore le représentant de MSF au Cameroun.  A noter que les autorités camerounaises accusent cette ONG internationale d’être de connivence avec les séparatistes. Ce que MSF a toujours réfuté. Non sans s’insurger contre « La diffusion d’informations qui portent atteinte à notre réputation d’organisation humanitaire neutre, impartiale et indépendante » et appeler « chacun à faire preuve de responsabilité dans ses déclarations et publications relatives à notre action humanitaire dans le pays ».

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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