La situation épidémiologique du 3 juillet 2019 est alarmante.
Au 3 juillet 2019, l’épidémie de choléra avait déjà tué 48 personnes dans la région du Nord, au Cameroun. Avec 778 cas de maladies notifiés et confirmés, cette région du pays particulièrement touchée par cette épidémie depuis plus d’un an, affiche un taux de létalité de 5,8%. En fait, du 28 juin au 3 juillet, cette « maladie de la honte » a fait 19 nouvelles victimes dans les Districts de Santé (DS) de Garoua I et Golombé. Bien avant, c’était Garoua I et Garoua II. Soit respectivement 13 cas et deux cas, dans les six Aires de Santé (AS) que comptent ces DS. L’aire de Santé de Ouro Kanadi est la plus touchée, avec sept malades notifiés, suivie de celle de Souari (trois) et Kolléré (2). « Contrairement à ce que les gens pensent, la lutte n’a pas baissée. C’est la raison pour laquelle nous continuons à détecter ces malades. Sinon, la situation serait catastrophique », relativise une source au ministère de la Santé publique (Minsanté).
Peur à l’Extrême-Nord
Seulement, force est de constater qu’après une relative accalmie, le choléra est réapparu le 27 janvier 2019. Depuis lors, elle a déjà fait 28 morts, pour 120 malades signalés. Et même si seule la région du Nord reste en situation d’épidémie, « avec le retour des pluies, nous craignons la survenue de nouveaux cas dans la région de l’Extrême-Nord », confie une source épidémiologiste au Minsanté. Laquelle fait savoir qu’une dizaine de cas suspects ont déjà été détectés dans cette région. « Mais nous n’avons aucune culture positive jusqu’ici. Nous sommes en attente des résultats de la culture positive dans le district de Kaele », dit-elle. D’ores et déjà, « nous renforçons la surveillance jusqu’au niveau communautaire et en même temps, nous faisons des inventaires des intrans dans les Districts de Santé ».
Quoi qu’il en soit, au 10 mai 2019, la situation épidémiologique était déjà préoccupante, avec 692 cas suspects, 77 confirmés et 45 décès. Le taux de létalité lui, était de 6,5% et quatre DS étaient en épidémie. Garoua 1, Garoua 2 Ngong et Pitoa. Dans le but de faire face à cette épidémie, plusieurs activités locales sont menées sur le terrain. Ce sont entre autres, des descentes sur le terrain pour la désinfection et sensibilisation dans les communautés des cas suspects et voisins, des investigations, la recherche active des cas. Nos sources annoncent par ailleurs, la tenue dans les prochaines semaines, d’une campagne préventive dans les DS à risque.
14 mois d’épidémie au Cameroun
C’est depuis le 18 mai 2018 que le Cameroun est aux prises avec cette épidémie. Partie du district de santé du Mayo-Oulo, l’épidémie s’est propagée à Guider, Golombe, Figuil, Pitoa, Gaschiga, Garoua 1, Garoua 2, Ngong, Poli, Lagdo, Tchollire et Bibemi. Dans la région de l’Extrême-Nord, le premier cas a été notifié le 4 Octobre 2018 dans l’aire de santé de Fotokol dans le ressort du district de santé de Makary. D’après une évaluation du risque d’épidémie du choléra au Cameroun faite par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Septentrion et le Littoral demeurent à risques, ainsi que les grands centres urbains.
Les foyers, les causes, les moyens de prévention et les traitements sont donc bien connus au Cameroun. Pourtant, la maladie continue de faire des ravages. La région du Nord paye le plus lourd tribut de plus de 14 mois déjà d’épidémie de choléra. Le bilan est de 93 morts et plus de 1000 cas notifiés au total.
Stratégie aux résultats mitigés
Une stratégie trimestrielle à 1,7 milliard de Fcfa a même était élaboré par le gouvernement. Au regard des résultats mitigés que cette stratégie de lutte contre la maladie a produit, elle a été réajustée le 31 octobre 2018. Mais cette épidémie de choléra demeure une préoccupation et elle n’a pas encore été circonscrite, 14 mois après. « L’objectif de ce document n’est pas de soigner le choléra. Ça ne cadre pas avec les populations sont en droit d’attendre. On lutte contre les causes ou les conséquences ? Le résultat attendu est qu’il y aura toujours le choléra mais à une dose réduite. Affectons l’agent là où il faut ; pas à lutte contre la prévention, en mettant l’accent sur des aspects qui ne marchent pas », critique un spécialiste de Santé publique. 19 départements ministériels sont concernés par cette maladie.
En rappel, le choléra est une toxiinfection entérique épidémique contagieuse due à la bactérie Vibrio choleræ, ou bacille virgule. La maladie se développe principalement dans des conditions de vie défavorables telles que de fortes concentrations humaines, l’hygiène et l’assainissement de l’eau insuffisants, et les circonstances aggravantes d’insécurité. Elle est caractérisée par des diarrhées brutales et très abondantes (gastro-entérite) menant à une sévère déshydratation. Elle peut causer la mort dans plus de la moitié des cas, en l’absence de traitement par réhydratation orale. La contamination est orale, d’origine fécale, par la consommation de boissons ou d’aliments souillés. L’OMS estime que le choléra entraîne chaque année, environ 100 000 décès pour 4 millions de cas recensés.