Cameroun. Les chiffres de la malnutrition restent préoccupants dans le Grand-Nord

(Lurgentiste.com)- Les taux de la malnutrition (aigue et chronique) chez les enfants 5 à 59 mois restent élevés dans les trois régions septentrionales du Cameroun. C’est du moins ce qu’affirment les résultats de l’enquête nutritionnelle SMART-SENS de 2021. A l’Extrême-Nord par exemple, région la plus touchée, c’est 5,9% des enfants qui souffrent de malnutrition aigüe (MA).

Le Nord lui emboite le pas avec 4,8% tandis que l’Adamaoua est à 3,8%. Au camp des réfugiés de Minawao, ce taux est de 3,9%. « Elle se manifeste rapidement et doit être rapidement être prise en compte », indique Ferdinand Limassou, l’Association des nutritionnistes professionnels du Cameroun (ANPC). La malnutrition chronique (MC) elle, est « très élevée » auprès des enfants de 0 à 59 mois. Les chiffres sont de 40,2% au Nord ; 36,4% à l’Extrême-Nord ; 34,6% dans l’Adamaoua et de 48,1% à Minawaou.

« Elle s’installe dans la durée et se manifeste par un retard de croissance », explique celui qui est par ailleurs responsable de la Communication au sein de l’ANPC. La région de l’Est n’est pas non plus logée à la bonne enseigne. Les taux de malnutrition aiguë et sévère 4,5% et 32,8%. Plus grave, « Le retard de croissance est partout très élevé avec un maximum de 1 enfant sur 2 touchés dans les sites et camps des réfugiés. Situation similaire en 2016 », note l’enquête.

En d’autres termes, 50% des enfants de ces camps souffrent d’un retard de croissance. « Au vue de ce résultat, la malnutrition reste un problème de santé publique au Cameroun », soutient Ferdinand Limassou. Raison pour laquelle elle a été inscrite dans les priorités de la Stratégie nationale de développement 2030 (SND 30), « contribuant à l’atteinte de l’ODD2 ». Ce qui vise à éliminer la faim d’ici 2030 ; assurer la sécurité alimentaire ; améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable.

A noter que la malnutrition sous toutes ses formes comprend la dénutrition (émaciation, retard de croissance, insuffisance pondérale), les carences en vitamines ou en minéraux, le surpoids, l’obésité et les maladies non transmissibles liées à l’alimentation. Ce déficit en apport de nutriments dans le corps a pour symptômes la fatigue, des étourdissements et une perte de poids.

Une malnutrition non traitée peut également entraîner une incapacité physique ou mentale. « Chez l’enfant, la malnutrition aigüe peut s’installer en un mois ou quelques semaines et peut le tuer. Celle qui est chronique est une conséquence de la malnutrition aigüe et peut subsister toute la vie (problèmes cognitifs, de taille…) », explique notre nutritionniste.

Il insiste sur le fait que « La malnutrition aiguë sévère est une forme dite sévère de la MA où une perte de poids est beaucoup plus considérable sur le court terme (marasme) et peut aussi se manifester par des œdèmes sur les deux pieds (Kwashiorkor). La prise en charge est très urgente ». Pour rappel, l’enquête SMART est destinée à la population hôte/résidente des régions de l’Adamaoua, Est, Extrême Nord et Nord. Celle SENS concerne les populations réfugiées Centrafricaines et Nigérianes présentes dans les régions de l’Adamaoua, Est, Extrême-Nord et Nord.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *