Il a entre autres occulté la situation du personnel sanitaire du Minsanté et la viabilisation des Districts de santé existants sur l’étendue du territoire.
Le secteur de la Santé Publique tient sur six lignes dans le programme économique, financier, politique, social et culturel du gouvernement pour l’exercice 2019. A en croire le Premier ministre, Philémon Yang qui l’a présenté le 22 novembre dernier à l’Assemblée nationale, la priorité sera mise sur la réalisation de six activités. D’abord, l’assainissement du milieu hospitalier avec notamment, la mise en place des incinérateurs modernes dans les grandes villes du pays pour traiter, sans pollution, les déchets hospitaliers.
Vient ensuite la prévention contre le paludisme à travers le lancement d’une 3ème Campagne nationale de distribution gratuite de 14,5 millions moustiquaires imprégnées subventionnées à 90% par les partenaires dans les 10 régions du pays. C’est d’ailleurs, la grande annonce de ce programme. La troisième activité consacre la construction 83 formations sanitaires et l’équipement d’une quinzaine d’entre elles en énergie solaire au cours de l’exercice 2019.
La quatrième activité du programme sanitaire gouvernemental vise la mise sous traitement Anti Retro Viral gratuit de 320 mille personnes vivant avec le VIH/SIDA. Et enfin, la construction de 02 hôpitaux modernes spécialisés en psychiatrie et gastro-pneumologie, Et la construction de 05 Centres modernes de Transfusion Sanguine constituent les deux derniers pans du volet sanitaire du programme présenté par le PM.
En réalité ces choix du gouvernement semblent pour le moins surprenant. Car à l’analyse, on se serait attendu à ce que l’accent soit par exemple mis sur la viabilisation des Districts de santé existants sur l’étendue du territoire. Ceci en lieu et place de la vaste offensive de création de nouvelles formations sanitaires dans laquelle le ministère de la Santé publique s’est lancé.
En effet, selon une évaluation de la Stratégie sectorielle de santé (SSS) pour la période 2016-2027, seul 7% des districts de santé sont viabilisés au Cameroun. En d’autres termes, 93 % des districts de santé créés au Cameroun ne sont pas en état de fournir un service de santé adéquat aux populations.
Une situation préoccupante que l’Etat du Cameroun se proposait de résoudre à travers la SSS. D’après ce document préfacé par André Mama Fouda lui-même, l’objectif visé par les pouvoirs publics est d’atteindre le cap de 80% de districts de santé viabilisés à échéance.
« Politique illogique »
Sur la base de ces éléments, on peut tout au moins s’interroger sur la pertinence et la cohérence de l’option choisie par le Minsanté. Pourquoi créer de nouveaux hôpitaux, lorsque l’essentiel des infrastructures sanitaires existantes manquent de personnels, de plateau technique ou de moyens logistique, etc. ? Au sein du ministère de la Santé, cette question embarrasse et divise les cadres.
Si une partie des responsables abordés refusent de s’exprimer officiellement, d’autres, recouverts du manteau de l’anonymat, critiquent avec véhémence ce « choix politique illogique ». « La création de nouvelle formations sanitaires ne devrait pas être une priorité », commente un expert de santé publique. Et d’ajouter : « Ce qui tue la gouvernance en général c’est le manque de plan clair, avec des objectifs précis et les outils de mesure et de contrôle précis ».
Ressources humaines
Devant l’Assemblée nationale, Yang Philémon a occulté la situation du personnel sanitaire du Minsanté. Pour les syndicalistes, c’est l’une des carences majeures du programme sanitaire gouvernemental. En effet la question des ressources humaine au Minsanté se pose à deux niveaux. D’abord en termes de fidélisation des personnels sanitaires dans les zones dites difficiles.
Une situation récurrente et préoccupante davantage pour les régions du Grand-Nord. « Il y’a de plus en plus des personnes affectées sans salaire et qui du coup, désertent les lieux d’affectation en attendant d’avoir leur solde. A certains endroits, l’Etat reverse des primes mais celles-ci souffrent d’inconstance », explique un médecin.
Aussi, on se serait attendu à ce que le gouvernement s’engage au recrutement supplémentaire d’un personnel de qualité et au paiement de leurs soldes effectives. En effet, les acteurs syndicaux du secteur sanitaire déplorent la proportion insuffisante des Infirmiers diplômés d’Etat (IDE).