Vaccins antipaludiques :100 000 doses disponibles au Cameroun après une année de ruptures de stocks

(Lurgentiste.com) – Le Cameroun vient de recevoir une nouvelle cargaison de 100 000 doses du vaccin antipaludique RTS,S. Une livraison qui marque un tournant après une année marquée par des tensions de stocks et des difficultés d’approvisionnement.

Plus de 360 000 enfants vaccinés

Lancée il y a un an, la campagne de vaccination contre le paludisme a permis de vacciner 360 293 enfants de moins de deux ans. Selon les chiffres du Programme élargi de vaccination (PEV), 553 100 doses du vaccin RTS,S ont été réceptionnées en 2024, dont 539 100 fournies par Gavi.

Dans le détail, 157 765 enfants ont reçu la première dose, 115 133 la deuxième et 87 395 la troisième. La couverture vaccinale s’établit ainsi à 64 % pour la première dose, 51 % pour la deuxième et 45 % pour la troisième. « Nous avons atteint nos objectifs pour la première année », se félicite le Dr Shalom Tchokfe Ndoula, secrétaire permanent du PEV. En effet, le pays s’était fixé un objectif de 250 000 enfants vaccinés en 2024 et 2025.

Certaines régions affichent des performances remarquables. La région du Centre enregistre une couverture de 122 %, notamment grâce au district de Soa qui détient le plus grand nombre d’enfants vaccinés. Elle est suivie par l’Est (73 %), le Nord (63 %), le Littoral et l’Adamaoua (62 %). En revanche, les régions en crise, comme le Nord-Ouest, affichent une couverture inférieure à 50 %.

Sous-effectif

Malgré ces avancées, plusieurs défis demeurent. D’une part, le sous-effectif du personnel médical dans certaines zones complique l’atteinte des objectifs. « Il y a en général une inadéquation entre la capacité de l’offre, c’est-à-dire les ressources humaines, surtout dans les zones reculées. Le déficit est quand même palpable », souligne le Dr Tchokfe Ndoula.

D’autre part, l’éloignement des centres de santé rend difficile la tenue des séances de vaccination planifiées. Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, environ 38 % des séances ont dû être annulées, ce qui a découragé certains parents. « Lorsqu’on annule des séances de vaccination, les parents se découragent pour venir aux séances suivantes », regrette le secrétaire permanent du PEV.

Extension du programme

Pour l’année 2025 en cours, la vaccination se poursuivra dans les 42 districts prioritaires avant une extension progressive à l’ensemble du pays. « Si on se base juste sur l’analyse des risques du fardeau du paludisme au Cameroun, la vaccination est indiquée et recommandée pour l’ensemble du pays. Mais compte tenu des limitations en termes de doses disponibles, on va aller doucement, en augmentant graduellement le nombre de districts », explique le responsable du PEV.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime qu’en 2023, le Cameroun a enregistré plus de 7,3 millions de cas de paludisme, dont 11 600 décès. Environ 30 % des consultations ambulatoires sont liées à cette maladie, qui touche particulièrement les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes.

Le vaccin RTS,S, administré en quatre doses (à six mois, puis à un mois d’intervalle pour les deux suivantes, et une quatrième plus d’un an plus tard), s’intègre dans une stratégie plus large de lutte contre le paludisme. Il vient en complément d’autres interventions comme le traitement préventif intermittent (TPI), la chimioprévention saisonnière (CPS), l’utilisation de moustiquaires imprégnées et la lutte anti-vectorielle.

Avec les nouvelles doses désormais disponibles et un plan d’extension en cours, le Cameroun espère renforcer son programme de vaccination et protéger davantage d’enfants contre cette maladie endémique.

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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