Dr Albert Ze. « Le Minsante en père Noël ? »

Lire l’analyse de l’économiste de la santé et fondateur de l’Institut de Recherche pour la Santé et le développement (IRESADE), à propos de la décision du Minsanté.

Le ministre de la Santé publique du Cameroun Manaouda Malachie a pris la décision de faire libérer tous les patients étant dans une situation d’insolvabilité dans les hôpitaux publics. Cette décision ne peut être pas sans conséquences… La plus directe concerne les patients insolvables ayant retrouvé leur liberté après une longue période de séquestration. Sauf que cette libération similaire à un don de « papa Noël » aura des impacts socio-économiques importants.  Le premier impact se situe dans l’ancrage socio-culturel. En effet, selon les sociologues, les populations camerounaises n’ont pas trop la culture de fréquenter le système de santé moderne à cause la culture traditionnelle et des coûts qui semblent élevés pour la prise en charge hospitalière. A cet effet, la décision du ministre pourra davantage accentuer le non-paiement des factures car comme vous le savez, aucun enfant ayant été en contact avec les bonnes grâces virtuelles de « père Noel » ne peut s’en passer.  Par ailleurs, il faut rappeler que les hôpitaux sont des unités de production de soins de santé et de ce fait, cette production a un coût qui doit être compensé à travers les recettes hospitalières. Dans le cas contraire, ces unités de production fonctionnant déjà dans un état perturbé, vont se retrouver dans une situation de faillite si rien n’est fait. Rappelons qu’à l’instar de plusieurs administrations publiques nationales, le Minsante a des recettes collectées chaque année découlant des prestations de ses services, notamment des formations sanitaires publiques. Ainsi, selon la loi n°98/009 du 1e Juillet 1998 portant loi des finances, les formations sanitaires sont autorisées, pour leur fonctionnement à conserver 100% de leurs recettes. Par conséquent, la décision du Minsante vient significativement mettre en mal le fonctionnement de ces formations sanitaires qui ayant déjà financé la production des soins de ces patients ne pourront pas rentrer en possession de leurs recettes. Cette situation pourra alors engendrer plusieurs difficultés à fournir des soins de qualité aux patients dans un futur proche. En outre, on pourra également voir une recrudescence des grèves du personnel de santé de ces hôpitaux car les recettes annulées par la décision du Minsante contiennent leur quote-part. Nous espérons donc que cette décision sera suivie de bonnes mesures pouvant annihiler les conséquences négatives. La seule solution dans ce cas est de combler ce déficit que vont enregistrer les hôpitaux publics… D’où viendra l’argent sachant que cela n’est pas inscrit dans le budget du ministère ? A mon avis, la solution idéale reste une réduction des coûts de soins de santé à travers une amélioration de l’offre de santé car dans tout marché, une amélioration de l’offre, toute chose restant égale par ailleurs, aboutit à une réduction des prix selon la loi de l’offre et de la demande.

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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