Certains tradi-praticiens affirment rendre leurs patients féconds au bout d’une semaine et guérir toutes sortes de maladies, infections chroniques et bénignes.
En plein centre-ville de la capitale politique Yaoundé, un «docta en haute médecine naturelle et traditionnelle africaine” a installé sa clinique privée. Au sein de celle-ci, il «apporte les solutions les plus rapides et plus sures en tout ce qui concerne la santé avec les trois plantes miracles du siècle qui traitent et guérissent toutes sortes de maladies, infections chroniques et bénignes», informe-t-il. Et au rang de celles-ci, la stérilité, le sperme stérile, pour un «traitement rapide en 30 jours», soutient notre naturopathe. Ceci, pour un montant de 5000Fcfa le traitement. «Je fais une composition de trois produits différents, assortis à une écorce que l’homme doit mâcher. Et au bout d’une semaine, l’homme devient fécond. Et ça marche», martèle notre «Dr». Ce que réfute un gynécologue rencontré.
Au quartier Briqueterie à Yaoundé, son nom est connu des initiés. Le sexagénaire qui a requis l’anonymat est en effet réputé pour les «miracles» prodigués aux nombreux hommes qui s’offrent ses services. «Il guérit apparemment. Je le sais parce qu’il ne garde aucune confidentialité sur les cas traités or c’est un sujet délicat que tout le monde n’aimerait pas ébruiter», fait savoir une de ses voisine, sceptique. Lui-même, n’a aucun doute là-dessus : ses plantes font des miracles, se fait un plaisir de préciser à l’envie, notre naturopathe. Pour preuve, au moment où nous nous y rendons, des patientes attendent d’être reçues par lui. L’on apprendra ainsi que le traitement coûte 50 000 Fcfa, et que ce dernier compose le produit miracle qu’il ne remet pas aux hommes célibataires.
Valorisation
La 16ème journée africaine de la médecine traditionnelle se célèbre ce 31 août sous le thème : « Fabrication locale de produits médicaux issus de la pharmacopée traditionnelle dans la région africaine ». Un thème qui «souligne la nécessité de promouvoir et de renforcer la fabrication locale, afin d’améliorer l’accès à des médicaments de qualité», tel que le précise le Dr Matshidiso Moeti, Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique. En prélude à cet événement, une table ronde a été organisée hier jeudi par le ministère de la Santé publique, à l’attention des tradipraticiens, à l’amphithéâtre de la faculté de médecine et des sciences biomédicales de l’Université de Yaoundé 1. L’objectif est de valoriser la médecine traditionnelle afin de l’intégrer dans les zones santé primaire. En effet, les résultats des plantes médicinales ont été démontrés par les études et des centaines d’années d’utilisation pour traiter les problèmes d’infertilité masculine. La plupart de ces plantes sont adaptogènes, elles aident à nourrir le système endocrinien de sorte que toutes les hormones fonctionnent normalement. Mais, pour de meilleurs résultats, il est recommandé d’utiliser ces plantes pendant au moins trois à six mois.
Côté médecine moderne, «Des solutions traditionnelles, en fonction des ethnies, existent certainement. Mais à l’hôpital, nous ne les proposons guère», informe le gynécologue. Quoi qu’il en soit, « J’appelle instamment les gouvernements, les autorités nationales de réglementation pharmaceutique, les fabricants et les tradipraticiens de santé à collaborer étroitement, afin d’accélérer la fabrication locale de médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle dans la Région. Cela permettra d’accroître la qualité des soins de santé, d’augmenter considérablement l’accès à des médicaments essentiels de qualité et ainsi améliorer la santé et le bien-être des populations africaines».