Santé buccodentaire. La mauvaise haleine fait honte
Nombre de personnes n’osent pas parler en public du fait de celle-ci.
Adiza avait un soupirant qu’elle aimait bien. Comptable, il avait tout pour plaire. « Il était très beau », s’en souvient-elle encore avec mélancolie. Tout allait bien entre les deux tourtereaux, jusqu’au jour où elle a dû déchanter. « Il avait une mauvaise haleine. Ça m’a fait fuir parce que c’était gênant. Au départ, on achetait des pastilles qu’on suçait à deux. Puis un jour il a essayé de m’embrasser j’ai résisté. J’ai donc dû lui dire pourquoi je ne voulais pas l’embrasser », relate-t-elle avec une once de regret. Car, c’est à ce moment que tout est parti en vrille. En voulant lui donner les raisons de sa réticence, mal lui en a pris. «Il a voulu me battre. Il a été très frustré. Après, il avait accepté d’aller se faire consulter vu que dentifrice, bain de babouche ne marchaient pas », témoigne notre jeune enseignante. Par la suite, Adiza informe que les examens ont révélé qu’il avait un problème au foie. « Il m’avait dit qu’il va suivre le traitement mais nous ne nous sommes plus jamais revus », dit-elle à regret.
C’est ainsi que la mauvaise haleine a mis fin à une idylle naissante. En effet, les avis recueillis font état de ce qu’avoir la bouche malodorante constitue un sérieux problème car, c’est à la fois gênant pour soi-même que pour les autres. Martin en sait un bout. L’étudiant à l’Université de Yaoundé II à Soa relate que lorsqu’il s’exprime, tous ses interlocuteurs manifestent une gêne. La main sur le nez, ils ronronnent tout bas. « Ils disent que ma bouche sent mauvais », rapporte-t-il, honteux. Et ce dernier de confier que « Même les bonbons mentholés ne peuvent rien pour moi ». Normal. « Il s’agit des mesures qui visent à réduire les proliférations des micro-organismes et surtout ce sont des substances parfumantes, en agissant directement sur l’haleine peuvent aider le patient à avoir une bonne haleine. Il reste cependant que seule l’élimination de la cause de la mauvaise haleine peut supprimer définitivement l’halitose », explique le Dr Adoukara, chirurgien-dentiste.
Ce dernier informe par ailleurs que de nombreux patients viennent consulter pour mauvaise haleine. « Il est difficile d’apprécier la prévalence. Il s’agit là d’une notion subjective. Sa perception est individuelle. Mais nous estimons que ceux qui consultent sont bien peu nombreux par rapport à ceux qui souffrent réellement de ce problème de mauvaise haleine. Vraiment très peu. Dans le cadre de notre exercice professionnel à l’hôpital Privé Catholique de Tokombéré, en 2017, nous avons reçu 9 patients vénus consultés pour halitose sur plus de 500 consultants. Le plus souvent, ce sont les femmes qui consultent pour cela », précise celui qui est aussi Chef du service Buccodentaire à l’hôpital Privé Catholique de Tokombéré. Encore appelée halitose, la mauvaise a trois origines : buccale dans environ 90% des cas, certaines maladies du système digestif et alimentaire (oignons, ail …etc). Elle peut être passagère ou causée par la mauvaise hygiène buccodentaire. D’où la nécessité, au moment où s’est célébrée le 20 mars 2019, la journée mondiale de la santé buccodentaire, d’attirer l’attention du grand public et de l’inciter à effectuer des visites de contrôle chez les dentistes.