Grogne dans les hôpitaux.  Quand les malades payent le plus lourd tribut

CHU, le 17 février 2020

Depuis le début de ce mouvement d’humeur, le calvaire des patients est perceptible tandis que le malaise lui, persiste.

Hôpital Gynéco obstétrique et Pédiatrique de Ngousso le 5 février. Il est 19 heures. Marie est à bout de patience. Après 7 heures d’attentes, la jeune dame souffrante n’a toujours reçu aucun traitement. « Un généraliste m’a reçu. Mais depuis 14h j‘attends de faire une échographie », s’impatiente-t-elle. Finalement la patiente est contrainte à repartir sans passer l’examen prescrit. Deux semaines plus tard dans la même formation sanitaire, des files interminables s’étirent devant les unités d’enregistrement, les caisses et la pharmacie. Des malades et des garde-malades attendent en pendant de longues heures pour s’enregistrer et payer les frais relatifs à ses soins. En vain !

Au Centre hospitalier Universitaire de Yaoundé (CHU), le personnel soignant a élu domicile à l’entrée principal de l’hôpital. Assis à même le sol, les grévistes tiennent des pancartes sur lesquelles sont inscrites leurs réclamations. « Nous voulons nos 30% des quotes-parts » ; « Nous voulons nos primes » ; « Chu en grève » ; « Hgopy en grève » ; « meilleur plateau technique » ; « Nos primes de panier avec rappel (2012) », sont quelques-unes des phrases qui sont écrites sur ces pancartes.

Négligences

Les patients et gardes malades affichent grise mine, victimes du sempiternel duel à fleurets mouchetés qui oppose les syndicalistes aux autorités sanitaires. En effet, le mouvement de débrayage observé par les personnels de santé dans les hôpitaux publics affecte l’activité et pénalise des malades. « Nous sommes négligés par le personnel. Parfois ils ne se pointent pas aux heures indiquées pour nous faire des soins ou même pour faire la ronde », raconte un malade. Pour se tirer d’affaire, certaines familles préfèrent transférer leurs malades pour des hôpitaux épargnés par la grève. Mais dans tous les cas, ce sont les malades qui payent le lourd tribut de ce mouvement de grève entamé le 3 février 2020.

Toutefois, les staffs des deux structures de santé concernées tentent d’apporter des solutions aux réclamations des grévistes. D’où la réunion de crise tenue 17 février dernier entre le directeur général adjoint (DGA) du CHU, Félicien Ntone, le sous-directeur des ressources humaines et les délégués du personnel de l’hôpital. « Le DGA a promis de régler la question des salaires du mois de janvier. Il affirme que le problème se situe au niveau de la subvention mais, que d’ici peu, la situation reviendra à la normale. Sur le long terme, le DGA entend également résoudre le problème des aérés de la convention collective car, elle ne dépend pas entièrement de lui, mais aussi du ministère des finances », confie Marie Gabrielle Biyong, délégué du personnel en grève, donne quelques détails.

A l’hôpital gynéco de Yaoundé, la concertation organisée par le directeur avec les grévistes s’est clôturé « sans grandes solutions », déplorent les syndicats qui promettent de monter d’un cran d’ici la fin de la semaine. « Nous n’allons pas grever mardi et mercredi, pour que les autorités puissent trouver des solutions. Si jusque-là nos revendications ne sont pas prises en compte, jeudi et vendredi, nous allons empêcher toute activité à la morgue de l’Hôpital gynéco», a indiqué Nga Onana, président du Cap/Santé.

 

 

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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