Garoua. La défécation à l’air libre se porte bien

Le gouverneur de la région promet des représailles à ceux qui perpétuent cette pratique déplorable.

Déféquer à l’air libre est ancré dans les mœurs des populations à Garoua. « Les gens défèquent partout. Dans les villages par exemple, c’est carrément au bord des cours d’eau et vous connaissez la suite avec le choléra », déplore un habitant de la ville. Un exemple est même pris pour mieux illustrer cette déplorable situation. « En ville, vous avez des endroits tels que derrière la Beac. C’est un WC à ciel ouvert. Urine et déchet à ciel ouvert. Pourtant, le marché des légumes se trouve juste à quelques mètres », fait savoir ce dernier, dépité.  Suffisant donc pour provoquer l’ire du gouverneur. « Toute personne qu’on trouvera en train de descendre son pantalon pour déféquer à l’air libre, sera interpellée avec son pantalon descendu et conduit au poste de police », a averti le gouverneur. Au lendemain du pèlerinage à la Mecque en 2014, ce dernier avait alors lancé une campagne de sensibilisation sur l’utilisation des latrines dénommée «Une maison, une latrine». Pour cela, il avait convié les chefs traditionnels, les maires, les chefs des services et directeurs généraux à une réunion. Quatre ans plus tard, il est à présent question de mener une enquête auprès des élèves sur la disponibilité des latrines dans leurs domiciles. Car, « L’absence de toilettes publiques est un véritable danger pour la santé des populations », soutient un habitant de Garoua.

Cette mesure est prise au moment où le choléra fait des ravages dans la région avec déjà plus de 40 morts et après la célébration de la journée mondiale des latrines le 19 novembre 2018 sous le thème, « Quand la nature nous appelle ». L’objectif de cette journée est de sensibiliser le grand public sur les questions d’hygiène à l’échelle planétaire. Selon la directrice générale de l’OMS, l’absence de toilettes au domicile de nombreuses familles a un impact important sur la santé et sur le développement. Ce d’autant plus que les toilettes sauvent des vies, car elles empêchent la propagation de maladies mortelles causées par les excréments humains. Seulement, le monde est encore loin d’atteindre l’objectif de développement durable n°6, c’est-à-dire « garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau ». Cet ODD 6 vise à garantir que tous disposent de toilettes et d’un bon assainissement et que personne ne pratique la défécation en plein air d’ici 2030. Si cet objectif n’est pas atteint, l’ensemble du Programme de développement durable à l’horizon 2030 est compromis. Aujourd’hui, 4,5 milliards de personnes vivent en effet sans toilettes et 892 millions de personnes pratiquent toujours la défécation à l’air libre. L’impact d’une telle exposition aux matières fécales humaines a des effets dévastateurs sur la santé publique, les conditions de vie et de travail, la nutrition, l’éducation et la productivité économique dans le monde.

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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