Affaire Dr Assamba Mpom. L’Ordre des médecins prend le contrepied du Minsanté et exige la suspension des sanctions

(Lurgentiste.com) – La sanction contre le Dr Serge Assamba Mpom, médecin directeur de l’hôpital de district de Messamena doit être suspendue de façon « rapide », ses droits et sa fonction préservés. C’est ce qu’exige l’Ordre national des médecins du Cameroun (ONMC) dans un communiqué rendu public ce 19 mars.

Dans cette communication qui prend le contrepied de Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique, le Dr Rodolphe Fonkoua, président de l’ONMC, se dit « inquiet de la disproportion de la sanction en rapport avec l’objet de la faute évoquée » contre le Dr Assamba Mpom, en conflit ouvert avec Yves Stanislas Zoua Minlo, le sous-préfet de cet arrondissement.

De même, le président du Conseil de l’Ordre « rejette l’absence de contradictoire, d’enquête sur le terrain, voire de tentatives de résolution à l’amiable de ce différend entre deux agents publics ». C’est que, le 18 mars, Manaouda Malachie, le ministre de la Santé publique, a dans une décision, suspendu pour une durée de trois mois, le Dr Assamba Mpom de ses fonctions avec privation de sa rémunération de base, « pour manquement grave à l’éthique et à la déontologie professionnelle ». Sauf que pour l’ONMC, ce motif n’a pas lieu d’être, car aucun dossier disciplinaire n’a été ouvert.

Abus

Par conséquent, « regrette de n’avoir pas été impliqué dans la gestion du cas ou des faits de manquements graves à l’éthique et à la déontologie du médecin qui sont reprochés à ce médecin ». Au sein du landerneau médical, la décision du Minsanté a fait l’objet de vives critiques. Certains médecins l’ont même qualifié d’« abusive » dans la mesure où leur confrère en question n’a pas été notifié d’un dossier disciplinaire ouvert ou en cours contre lui. Pour l’Ordre des médecins, cette sanction « risque de créer un précédent et entraîner les abus d’autorité et de fonction contre les médecins fonctionnaires dans un environnement déjà difficile ».

La goutte d’eau

Pour comprendre l’affaire, il faut remonter au 23 janvier 2024. Ce jour, le Sous-préfet de l’arrondissement de Messamena sert une demande d’explication au directeur de l’hôpital de district de son ressort territorial. Motif : absence à son poste du 14 au 21 janvier, « boycottant ainsi la première réunion préparatoire à la célébration de la 58ᵉ édition de la fête de la jeunesse ». La réponse du directeur de l’hôpital de district est un brûlot qui va rapidement irradier la Toile. Dans sa sortie, le Dr Serge Assamba Mpom qui s’insurge contre ces accusations portées contre lui, rejette tout en bloc. Dénonçant au passage le sous-préfet qui s’inscrirait dans une « volonté manifeste de [le] nuire ».

Aux yeux de ce médecin, la démarche du chef de terre de Messamena constitue une « brimade », un « harcèlement administratif » et de l’« ingérence malveillante dans le fonctionnement de la structure dont [il a] la charge ». Pour conclure son propos, Dr Serge Assamba Mpom écrit : « Tenez-le pour dit. Je ne me laisserai pas marcher dessus impunément ». Suffisant pour que l’ONMC appelle le ministre la santé « à engager une conciliation entre les agents publics en conflit pour le bénéfice des patients et la paix sociale ».

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *