Yaoundé. Le personnel soignant du Centre des urgences crie son ras-le-bol
(Lurgentiste.com)– En lieu et place de bistouris et stéthoscopes ce matin, le personnel soignant du Centre des urgences de Yaoundé (Cury) s’est plutôt armé de pancartes pour exprimer son ras le bol. Assis à même le sol, ces infirmiers, aides-soignants et médecins brandissaient des pancartes sur lesquelles l’on pouvait lire leurs revendications pour de meilleures conditions de travail.
Morceaux choisis : « M. le Président au secours » ; « Trop c’est trop. Situation inévitable. 9 ans sans sécurité sociale ; sans immatriculation à la CNPS avec retenue mensuelle depuis 8 ans sur le salaire » ; « Pas de contractualisation » ; « Trop c’est trop. 9 ans d’esclavage et de torture ». Ils étaient ainsi plus de 150 à s’insurger contre « 9 ans de dur labeur sans contractualisation ». « M. Le Directeur des ressources humaines : quelle est cette situation ? », s’interrogeaient-ils. Et ceux-ci de conclurent : « Nous voulons la contractualisation ». Parce qu’« Un infirmier en détresse est plus dangereux qu’un militaire en guerre ».
C’est que, le climat social au sein de cette formation sanitaire (Fosa) publique de 2e catégorie est au bord de l’implosion depuis plusieurs mois. Et pour cause, l’absence de contractualisation et de paiement de quote-part notamment. « Le directeur dit que la contractualisation ne dépend pas de lui mais du ministre de la santé publique. Même les quotte parts nous n’avons pas. Le mois où ils veulent bien nous les donner, c’est parfois des sommes dérisoires comme 8000 Fcfa pendant qu’ils s’enrichissent », confie l’un de ces personnels. Courroucé. Et ce n’est pas tout. « Personne n’est contractualisé depuis l’ouverture (2015: Ndl. Pour les salaires, c’est grâce au nouveau régisseur qu’on a régularisé », poursuit ce dernier.
Nos tentatives de joindre le Dr Louis J. Bitang à Matock, le directeur de cette Fosa sont restées vaines. Mais en 2022, ce dernier se plaignait déjà de ce que 90 malades sur 100 ne règlent pas les factures de leurs prises en charge et que cet établissement hospitalier qui au passage ne reçoit plus d’appui à la coopération, enregistre près de 100 millions de Fcfa de pertes par an. Soit.
Grève illimitée ?
En réalité, ce personnel répond à un mot d’ordre de grève lancé par deux syndicats de personnels de santé. Dans un communiqué rendu public le 4 mai dernier, le Sympens et CAP/Santé ont annoncé le début pour ce 22 mai, d’une grève dans les hôpitaux et administrations publiques du pays. Ces arrêts de travail d’une durée de 5 heures seront observés « jusqu’aux résolutions des problèmes posés », fait savoir Sylvain Nga Onana, président de CAP/Santé. Soit 17 au total.
Il s’agit entre autres, de l’allocation à nouveau des subventions de fonctionnement aux formations sanitaires publiques sous PBF et de suspendre ce financement basé sur la performance ; de la contractualisation ou de la répudiation des 27 000 temporaires des formations sanitaires publiques. Soit 60% des effectifs travaillant sans salaire, ni contrat, ni affiliation à la CNPS. A noter que durant ces grèves, « aucun soin de santé n’est prodigué », insiste l’une de nos sources médicales.
Pour rappel, le CURY est hôpital spécialisé dans les urgences de santé publique. Il est chargé de recevoir les patients dont le pronostic vital est engagé. Notamment, des malades en détresse qui souffrent d’un infarctus du myocarde, d’une embolie pulmonaire, ou victimes de fractures diverses suite à un accident. Être en arrêt donc de 7h30 à 12h30 tous les jours causera assurément un impact considérable sur son fonctionnement et la survie des malades. Surtout ceux dont le pronostic vital est engagé.