Yaoundé. La santé sexuelle des jeunes préoccupe

 Ils sont plus fragilisés et exposés aux maladies sexuellement transmissibles.

Hépatites B et C, syphilis, le VIH, chlamydia, « Surtout ne les collectionnez pas ». Telle est la recommandation faite aux jeunes, par Rose Mbena, Dr en biologie. Elle était adressée aux jeunes dont la tranche d’âge se situe entre 15 et 25 ans, qui sont sexuellement actifs.  Ceux-ci sont en fait, la cible principale des Infections sexuellement transmissibles (IST) telles que les hépatites B et C, la syphilis, le VIH, le chlamydia, les gonococcies et les staphylococcies. En effet, certaines de ces maladies, notamment le chlamydia trachomatis qui évolue en sourdine et ne présente aucun symptôme dans les 50 à 70% des cas, laissent des séquelles irréversibles comme la stérilité ou la cécité. C’est du moins ce qu’affirme le Dr Rose Mbena, par ailleurs directrice du Laboratoire d’analyses biologiques de Yaoundé (Laby). Voilà qui justifie la campagne de dépistage des IST et MST lancée le 9 février dernier à Yaoundé. « Nous avons trouvé utile de lancer cette campagne pour la jeunesse et pour la femme », précise celle qui est à sa 5è campagne de dépistage et de sensibilisation depuis quatre ans, (après celles sur les hépatites B et C, du bilan de santé et du gène de la drépanocytose et du diabète.

Le choix s’est porté sur les IST cette fois ci, en raison du fait que cette entreprise privée est à sa première du genre, mais aussi et surtout, parce que les IST sont en augmentation au Cameroun, et que les jeunes entre 15 et 25 sont les plus fragiles et exposés à ces maladies. « C’est à cet âge-là qu’on ne dit pas à papa ni à maman qu’on a des problèmes », soutient le Dr en biologie. Et ce n’est pas tout. « Le problème c’est que quand on se soigne mal, il y a des séquelles irréversibles après. Si on prend seulement le cas du chlamydia, l’enfant en grandissant peut devenir stérile. Je reçois des coups de fils de Garoua, Bertoua et autres. J’ai reçu un jeune ici qui avait un milliard de virus. Il ne savait pas qu’il avait l’hépatite B. Donc il est nécessaire de dépister et donner les conseils après pour qu’on se protège mieux », réitère le Dr Rose Mbena.

Education sexuelle

Cette campagne s’achèvera le 9 mars. Et même si elle concerne toutes les couches de la population, les jeunes de 15-25 sont la principale cible. Ce d’autant plus que dans cette tranche de la population, les indicateurs de la santé génésique (santé sexuelle et reproductive) sont préoccupants. En effet, selon les statistiques répertoriées par le Centre pour le Développement des Bonnes Pratiques en Santé (Cdbps), la fécondité précoce est élevée chez les 15 à 19 ans, avec un taux de 119-127 %. Soit le double de la moyenne mondiale dans la même tranche d’âge (MICS, 2014). Bien plus, une adolescente sur quatre (25,6% des adolescentes de 15-19 ans) a déjà commencé sa vie reproductive : 21 % ont eu au moins un enfant et 4 % sont enceintes du premier enfant. L’âge médian au premier rapport sexuel des filles ayant été scolarisées jusqu’en fin du cycle primaire est de 15,9 ans contre 18,6 ans pour celles ayant atteint le cycle secondaire et supérieur.

Certains déplorent le fait que ces jeunes ont de plus en plus des relations sexuelles précoces. « Les enfants font l’amour de plus en plus tôt et ne pensent qu’au sexe. Avoir des relations sexuelles tôt est devenu un phénomène de mode », constate une élève en classe de 4ème. Ce qui fait dire à Adrien, étudiant, que « le meilleur moyen de faire face à cette situation est d’informer les plus jeunes sur les dangers d’une sexualité précoce ». Selon un gynécologue rencontré, les familles sont en partie responsable de cette situation. « L’éducation sexuelle est de la responsabilité des parents et du système scolaire », dit-il.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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