VIH. Les dessous de la visite de la directrice exécutive d’Onusida au Cameroun

Olive Atangana
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La directrice exécutive

(Lurgentiste.com)– Officiellement, Winnie Byanyima, la directrice Exécutive de l’ONUSIDA en visite officielle au Cameroun dès ce 17 juillet, vient « célébrer les avancées » du pays dans la lutte contre le VIH/Sida. Notamment, celles de la mise sous traitement des personnes vivant avec le VIH. Jusqu’au 21 juillet prochain, elle en profitera aussi pour mobiliser l’attention envers les enfants vivant avec le VIH et accélérer les programmes de l’Initiative Éducation Plus.

Bien que cette visite soit « sur invitation du gouvernement Camerounais », c’est l’initiative « Education Plus » qui justifie davantage sa venue en terres camerounaises. En réalité, Winnie Byanyima, par ailleurs Secrétaire générale adjointe des Nations Unies « vient faire pression sur le gouvernement camerounais à propos de l’initiative Education Plus », confie l’une de nos sources camerounaises proches du dossier, sous anonymat.  Et pour cause, « Depuis juin 2021, notre pays n’a malheureusement pas beaucoup évolué dans ce dossier », poursuit-elle. Du côté du Comité national de lutte contre le Sida (CNLS) d’un des responsable du staff managérial ne dément pas cette information.

Timides avancées

C’est que, depuis juin 2021 que Joseph Dion Ngute, le Premier Ministre, a procédé au lancement officiel de cette initiative, les choses « avancent à pas de tortue », jugent nos sources. En effet, de timides activités ont été menées. Notamment, le lancement d’une campagne sur les panneaux publicitaires à travers le pays et les médias sociaux a été lancée à l’occasion du mois camerounais pour la lutte contre le VIH/sida ; l’élaboration d’une feuille de route nationale 2022-2025 découlant des priorités identifiées lors de l’atelier sur la théorie de changement de janvier dernier.

Un comité interministériel placé sous la supervision du premier ministre a aussi été créé. A ceci, s’ajoutent la circulaire de la MINESEC sur la gestion des grossesses en milieu scolaire ; l’élaboration du draft du document projet de l’initiative éducation + et budgétisation de la feuille de route ; les réunions du comité interministériel de suivi de l’initiative et la mise en œuvre des activités des différents secteurs. Trop peu alors, selon des responsables d’Onusida proches du dossier. « Si elle est donc là, ça veut dire que les choses n’avancent pas au rythme voulu. D’ailleurs il est clairement dit qu’elle vient accélérer la mise en œuvre des programmes de cette initiative », indique l’une de nos sources.

Ce d’autant plus que selon les chiffres officiels de Spectrum, en 2022, le nombre total de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) au Cameroun était d’environ 480 000 dont 6,1% d’enfants de moins de 15 ans. Les femmes de plus de 15 ans représentaient 64,1% du total des PVVIH. D’où l’urgence d’accélérer la mise en place effective de ce projet. Son objectif est de garantir que chaque adolescente ait accès à un ensemble de mesures d’autonomisation de base ancrées dans les principes féministes.

Campagne de plaidoyer

L’initiative « Education Plus » est une campagne de plaidoyer politique de haut niveau en faveur d’actions holistiques et multisectorielles et d’investissements renforcés pour prévenir le VIH chez les adolescentes et les jeunes femmes. L’initiative se justifie par le nombre alarmant d’adolescentes et de jeunes femmes qui contractent le VIH et meurent du sida en Afrique subsaharienne. Elle est adossée sur cinq piliers.

Ce sont entre autres, un enseignement secondaire gratuit et de qualité pour toutes les filles et tous les garçons d’ici 2025 ; un accès universel à une éducation sexuelle complète, à l’école et en dehors de l’école et une réalisation de la santé et des droits sexuels et reproductifs, y compris l’accès aux services connexes – notamment pour le dépistage, la prévention, le traitement et les soins du VIH.

Implication des décideurs

Concrètement, l’initiative vise à inciter les décideurs et les donateurs à garantir l’achèvement d’un enseignement secondaire de qualité pour les filles, en investissant dans le déploiement d’un accès universel gratuit d’ici 2025, et en mettant fin aux lois et pratiques discriminatoires à l’égard des femmes. Il est également question de faire de l’enseignement secondaire le point d’entrée stratégique pour la mise en œuvre du paquet « plus ». (+ Autres besoins fondamentaux : santé mentale, WASH, sécurité alimentaire et nutrition, gestion de la santé menstruelle).

« L’éducation plus est appelée à changer la donne, non seulement pour les femmes et les filles et pour mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique », précise la communication de l’agence onusienne. Elle est dirigée conjointement par l’ONUSIDA, l’UNESCO, l’UNFPA, l’UNICEF et ONU Femmes, ainsi que la société civile, les chefs de gouvernement et les partenaires du développement.

A noter qu’au cours de cette visite, il est prévu une audience avec Paul Biya, le Président de la République et Chantal Biya, la Première dame, ainsi que le Premier Ministre, Chef du Gouvernement et le Ministre des Relations Extérieures. Le programme prévoit également des concertations avec les ministres de la Santé Publique, des Enseignements Secondaires, de la Promotion de la Femme et de la Famille en plus de certaines chancelleries et des organisations communautaires.

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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