Vaccin contre le cancer du col de l’utérus. Manaouda Malachie répond au diocèse d’Obala
Le ministre de la Santé publique qualifie la note épiscopale de « déclarations à la fois erronées et scandaleuse » et y apporte des précisions point par point.
La réaction des autorités sanitaires camerounaises se préparait et était très attendue, après le pamphlet du diocèse d’Obala contre le vaccin du cancer du col de l’utérus. C’est chose faite depuis le 23 octobre 2020. Soit quatre jours seulement après la circulaire du diocèse d’Obala signé de Mgr Luc Onambele, Vicaire général. Dans celle-ci, le Professeur de santé publique et de Bio-éthique à l’Ecole des Sciences de la Santé de l’Université Catholique d’Afrique Centrale (UCAC)interdit ni plus ni moins la vaccination des filles contre le cancer du col de l’utérus sur ce territoire administré par Mgr Bayemi Matjei, évêque dudit diocèse.
Et ce n’est autre que le ministre de la Santé publique (Minsanté) en personne, qui est monté au créneau. A travers son communiqué radio-presse, Manaouda Malachie qualifie la circulaire du diocèse de « déclarations à la fois erronées et scandaleuses ». Fort de ceci, il juge nécessaire d’y apporter des précisions. D’abord, sur le fait que le vaccin disponible contre le VPH est uniquement efficace contre les lésions pré-cancérigènes de types 16 et 18 et non des 15 autres environ.
En fait, « Le vaccin quadrivalent introduit au Cameroun cibles types oncogènes 15 et 18 mais aussi les types 6 et 11 à l’origine des condylomes acuminés. Bien plus, une protection croisée contre les types 31, 33 et 45 représentants 13% des cas de cancer du col de l’utérus a été démontrée, portant ainsi la protection à 83% », éclaire le Minsanté.
Cible et immunogénicité
Ensuite, le reproche sur le fait que les jeunes filles de 9 à 13 ans qui constituent la cible du Cameroun ont été moins représentées dans les essais cliniques menés jusqu’à présent et que ce sont plutôt celles qui sont plus âgées avec une grande immunogénicité qui ont participé à ces essais cliniques a aussi nécessité une réplique du Minsanté. « Des études ont démontré que les réponses en anticorps des adolescents n’étaient pas inférieures à celles induites chez les femmes plus âgées. Il n’est donc pas scientifiquement vrai que celles qui sont un peu plus âgées ont une grande immunogénicité », rétorque ce dernier.
Autre point soutenu par le titulaire d’un Doctorat (PhD) International en santé publique et médecine préventive, c’est que le cancer du col de l’utérus de type « adénocarcinome » est hormono-dépendant en particulier des œstrogènes et que les hormones exogènes ou traitements hormonaux de substitution auxquels on soumet les femmes à la puberté et à la ménopause est aussi à l’origine du cancer du col de l’utérus. Or, « S’il est vrai que les adénocarcinomes du col de l’utérus seraient hormono-dépendants, il convient de noter que 90 à 95% des cancers invasifs du col sont des cancers épidermoïdes. L’adénocarcinome représente moins de 5% dans cancers du col dans les pays en développement », argue le Minsanté.
Effets indésirables querellés
A propos des arguments de Mgr Luc Onambele sur les effets indésirables et décès répertoriés par le Système de Notification des effets indésirables des vaccins (VAERS) de l’Union Européenne convoqués dans la lettre du diocèse, Manaouda Malachie précise qu’il s’agit plutôt du « Vaccine Adverse Event Reporting System ». C’est un programme national de surveillance de la sécurité vaccinale conduit conjointement par le « Centers for deseases Control » et la « Food and Drug Admnistration ».
Il explique donc qu’entre 2006 et 2008, sur 12 424 rapports d’évènements indésirables, 11 652 (93,8%) ont été classés sans suite, en raison de l’absence de l’évidence des données collectées. Et ce dernier de conclure que ce sont « des arguments et allégations totalement dénuées de fondement scientifique et même empirique ». Non sans manquer d’inviter « l’opinion publique à prendre avec discernement toutes les campagnes menées contre la vaccination dans notre pays ».
En réalité, la sortie du clergé d’Obala fait couler beaucoup d’encre et de salive. Pour preuve, le 27 octobre, c’était au tour du Pr Tétanye Ekoe de commettre une tribune intitulé « Église et politique de santé publique ». Le pédiatre de renom ne mâche pas ses mots face à « Une note épiscopale légère aux conséquences graves sur le plan santé publique ». D’ailleurs, d’entrée de jeu, celui qui s’est exprimé sous une casquette de médecin catholique et membre de la société civile, trouve que « la note épiscopale révèle des incongruités scientifiques et révèle des germes d’une dangereuse opposition à la politique de santé publique de l’Etat ».
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