Sida/Tuberculose/Paludisme. Paul Biya plaide pour une reconsidération des sanctions contre le Cameroun

Les fonds de contrepartie non mobilisés par le pays qu’il dirige s’élèvent à 20 milliards de Fcfa.

Ce n’est plus un secret pour personne. Le Cameroun peine à s’acquitter auprès de son principal bailleur, de ses fonds de contrepartie dans le cadre de la lutte contre le Vih/Sida, la tuberculose et le paludisme. Lesquels s’élèvent à 20 milliards de Fcfa. Une insolvabilité qui n’est pas sans conséquences et menaces de sanctions pour le Cameroun. Le pays pourrait en effet se voir subir une diminution de l’allocation financière de ce bailleur du Fonds mondial de lutte contre les épidémies sus-évoquées pour la prochaine période 2021 – 2023.

Il est aussi prévu une retenue de 20% de la subvention en cours, soit 21 milliards de Fcfa, ayant pour conséquence la non-mise en œuvre de certaines activités telles que les interventions sous-directives communautaire (ISDC). Aussi, la campagne de distribution gratuite des Moustiquaires Imprégnées à Longue Durée d’Action (Milda) en cours pourrait ne pas être conduite dans les régions du Centre et Sud-Ouest.

La présence de Paul Biya à la 6è conférence internationale de reconstitution des ressources du Fonds mondial du 9 au 12 octobre 2019 n’est donc pas anodine. Le chef de l’Etat va plaider pour une reconsidération des décisions de sanctions prises par le Fonds Mondial à son endroit, dans le cadre du financement. De sources officielles, il présentera les mesures prises par le gouvernement camerounais, à travers la création d’un compte spécial logé à la Banque des Etats de l’Afrique Central, pour les fonds de contrepartie des différents projets auxquels le Cameroun est engagé.  Par ailleurs, la participation du Président de la République à cette Conférence est une opportunité pour le Cameroun de mobiliser environ 100 milliards de FCFA, pour la période 2021-2023, en faveur de la lutte contre les trois maladies.

Et de fait, malgré les progrès réalisés, la prévalence du VIH au Cameroun demeure l’une des plus élevées en Afrique de l’Ouest et du Centre. Soit 3,6%, avec des pics significatifs au sein des populations à risque (26% chez les travailleurs de sexe ; 20% chez les homosexuels, les jeunes filles et autres adolescents). Le taux de prévalence tuberculose-VIH reste tout autant élevée, et se situe à 40%. Le paludisme représente 48% des décès d’enfants de moins de cinq ans, avec 3299 morts enregistrés en 2018. Il est responsable de 40-45% de consultations médicales (première cause de consultation), 30% des hospitalisations dans les formations sanitaires.

L’objectif de cette conférence de haut niveau qui verra la participation des Bailleurs de fonds, chercheurs, experts et de nombreux chefs d’Etats et de gouvernement, est d’obtenir des engagements financiers de la part des donateurs du Fonds mondial pour la période 2020-2022 et de récolter au moins 8300 milliards de Fcfa. Ces fonds qui proviennent davantage des contributions volontaires des Etats et des donateurs aideront ainsi à sauver 16 millions de vie entre 2021 et 2023, à réduire de 52% les trois épidémies sus-évoquées et à promouvoir une meilleure santé en faveur des plus démunis.

Généralement, l’argent issus de cette reconstitution contribuent à l’achat et à l’organisation des campagnes gratuites de distribution des Milda dans les pays, à subventionner l’achat des ARV pour le Sida et des médicaments antituberculeux. Le Cameroun comme les autres Etats du monde, s’était engagé lors de l’adoption de en 2015 des Objectifs du développement durable, à mettre fin aux épidémies de VIH/Sida, tuberculose et paludisme en 2030. Lequel vise à permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous. En rappel, tous les trois ans, ce bailleur de fonds organise une conférence de reconstitution de ses ressources pour le prochain cycle.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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2 réponses

  1. franck keumoe dit :

    Il ne nous reste plus qu’à lui souhaiter une recherche fructueuse.
    Pendant ce temps, ne serait-il pas judicieux d’impliquer le secteur privé dans la lutte contre la maladie ? Aussi bien en matière de financement que de sensibilisation?

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