Ordre national des médecins. Le bal masqué des candidats à la succession du Dr Guy Sandjon
(Lurgentiste.com) – Qui va succéder au « très charismatique » Dr Guy Sandjon à la tête de l’Ordre national des médecins du Cameroun (ONMC) depuis 12 années ? La question taraude les esprits, au moment où se préparent les prochaines joutes électorales au sein de « cet influent » ordre professionnel. Le kick off vient d’être donné par un communiqué de Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique rendu public ce 29 novembre. L’autorité tutélaire du secteur de la santé convoque l’Assemblée générale élective (AGE) pour le 29 décembre 2022.
Les travaux auront pour cadre le Palais des Congrès de Yaoundé, en lieu et place de la Maison du médecin comme à l’accoutumée. Nos investigations dans différents « états-majors » depuis plusieurs mois et à la faveur de cette convocation de l’AGE augurent des joutes électorales chaudes et mouvementées. D’ailleurs, les manœuvres pré-électorales ont commencé depuis janvier 2022. Même si 12 mois après « Les tendances ne sont pas encore bien détachées », les batailles et les manœuvres de coulisses font rage.
Pr Noël Emmanuel Essomba, l’ambitieux !
Dans la liste des candidats réels ou supposés figure en bonne place le Pr Noël Emmanuel Essomba, actuellement directeur de l’hôpital Laquintinie de Douala. Contacté par Lurgentiste, il ne fait pas mystère de sa candidature, mais officiellement elle n’a pas encore été déclarée. Mais, «Il est très ambitieux et pourrait être le candidat du ministre », susurre un haut fonctionnaire proche du dossier. Toujours est-il que depuis belle lurette, ce membre du Comité central du RDPC soigne la qualité de ses rapports avec Manaouda Malachie. Ce qui n’est pas désavantageux pour ce clinicien spécialiste en santé publique présenté comme « prétendant sérieux et crédible ».
L’ancien Coordonnateur régional du Comité de lutte contre le Sida pour le Littoral jouit aussi d’une bonne réputation au sein de la corporation qui le crédite d’une parfaite maîtrise du domaine médical. Enseignant d’universités et expert en management administratif, de nombreux professionnels voient en lui un manager dynamique, infatigable, entreprenant et surtout ambitieux. Sa candidature pourrait donc réellement animer le jeu électoral.
Dr Rodolphe Fonkoua, l’anti-Sandjon
Si le Dr Rodolphe Fonkoua n’a pas encore officialisé son ambition, son entourage a la conviction que son heure a sonné. À 69 ans, le richissime promoteur de la Polyclinique Idimed basée à Douala trace son sillon et tisse son réseau pour succéder à Guy Sandjon. Autrefois alliées, les deux personnalités originaires de la région de l’Ouest sont désormais « ennemis intimes ». « Au sein du Conseil de l’Ordre en fin de mandat, leurs rapports se sont fortement dégradés. Rodolphe Fonkoua est d’ailleurs la tête de proue des pourfendeurs du président sortant de l’ONMC, Guy Sandjon », rapporte un responsable du Conseil.
Des sources proches de lui informent que ses manœuvres pour briguer le prestigieux poste de président de l’ONMC ont commencé depuis janvier 2022 et se poursuivent. « Il est le seul à avoir ouvertement manifesté son envie de briguer la présidence. Il bat une campagne Be to Be auprès des médecins de la ville de Douala et probablement de sa communauté », confie un de ses proches.
Toutefois, le PDG de la Polyclinique Idimed et non moins cacique de l’Ordre aura-t-il assez de leadership pour rassembler et réconcilier les médecins avec leur Ordre ? Rien n’est moins sûr. « Avant, il avait un grand boulevard qui s’est rétréci avec la refonte des textes », commente un observateur. Ce dernier fait ainsi référence au nouvel article 96 du Code de déontologie qui ouvre désormais la voie à tout médecin de faire acte de candidature à la présidence.
Mais le principal handicap du Dr Fonkoua viendrait de ces affaires qui lui collent à la peau. Notamment le scandale du militaire du BIR (Bataillon d’intervention rapide) décédé dans des conditions « suspectes » dans sa clinique et dont la famille a porté l’affaire en justice. Est-ce que ça le fragilise ou pas ? Peut-être oui, peut-être non. Néanmoins, « il garde une belle carte entre ses mains parce qu’il a une puissance financière certaine. Et tant qu’il n’a pas encore été disqualifié, il peut activer celle-ci. Idem pour son puissant entregent communautaire qui peut lui permettre d’aller plus loin », analyse notre source médicale. Contacté, le Dr Fonkoua n’a pas donné suite à notre sollicitation.
Dr Tchinou, Dr Bassong, Dr Etoa… dans la course ?
La jeune garde affûte également ses armes pour ce scrutin. C’est le cas du Dr Pierre Bassong, ex-président du syndicat national des médecins du Cameroun (Symec). « Il est effectivement candidat et a même demandé le soutien de la promotion. Il est très apprécié au sein de celle-ci », confie-t-on. Si au départ, il n’aspirait qu’à être membre du Conseil, depuis ce 29 novembre, il serait en lice pour le strapontin du président de l’Ordre, confient plusieurs sources. Interrogé, ce neurologue en service à l’hôpital régional de Bamenda garde le suspense. « Le moment venu, nous ne manquerons pas de médecins prêts à servir pour l’intérêt de tous », a indiqué ce gradué de la 31e promotion de la Faculté de médecine et des sciences biomédicales (FMSB) de l’Université de Yaoundé I.
Il y a de cela deux mois, dans une sortie adressée à ses confrères, Dr Bassong les a exhorté de rechercher des profils adéquats pour présider aux destinées de l’Ordre et mettre un accent sur 10 caractères. À savoir : moralité et honnêteté intellectuelle ; dynamisme et disponibilité pour servir la profession médicale ; des hommes avec le moins de conflits d’intérêts possible compatibles pour un bon fonctionnement et une neutralité de l’ONMC…
Le Dr Lionel Tchinou fait aussi partie de ces jeunes loups aux dents longues qui visent le Graal. Le promoteur de la Clinique du Berceau à Douala « veut effectivement être candidat. Il se targue d’avoir la confiance du ministre », informe une source. Avec le Dr Pierre Bassong et d’autres médecins syndicalistes, Lionnel Tchinou est présenté comme l’un des principaux « manœuvriers » ayant poussé à la révision des textes en mai dernier. Et si officiellement Lionel Tchinou joue la montre, dans l’ombre il s’attelle à la recherche d’alliés. « L’ONMC est régie par des textes. Vous allez le savoir le 15 décembre », déclare-t-il. Les prochains jours permettront d’être fixé.
Moins ambitieux, d’autres jeunes médecins manœuvrent au sein des états-majors pour intégrer le très select Conseil de l’Ordre, en qualité de membre. Dans cette catégorie, plusieurs noms reviennent notamment ceux des Drs Dikongue (ancien challenger du Dr Guy Sandjon à la présidence du Conseil et médecin-chef de l’hôpital de district de Bonamoussadi), Kamté (Membre du bureau sortant), Roger Etoa (président du Remedic) …
Bureau sortant hors-jeu ?
Côté bureau sortant, officiellement, il n’y aurait aucun candidat. Le président sortant a fait savoir depuis quelque temps sa volonté de « passer à autre chose ». Mais selon certaines indiscrétions, il n’est pas exclu qu’il ait préparé la relève. Aussi, « Il peut y avoir réconciliation entre Sandjon et Fonkoua pour une candidature concertée », avance un proche. Car, « ce sont d’abord des frères avant tout », renchérit un proche du Dr Sandjon. Néanmoins, il affirme que « Le président est résolu à prendre du recul et se concentrer à son art, la PMA ». Quoi qu’il en soit, « C’est encore un peu flou. Personne ne veut abattre ses cartes maintenant. Comme le jeu est lancé, dans 10 jours, les candidats vont sortir du bois », affirme l’une de nos sources.
15 jours pour faire acte de candidature
Les dossiers de candidature sont attendus au sein du Minsanté au plus tard 15 jours avant la date du scrutin, contre récépissé. C’est-à-dire le 15 décembre prochain. Lesdits dossiers doivent être constitués notamment de l’engagement sur l’honneur de chaque candidat, un CV détaillé, un extrait du casier judiciaire, un certificat de nationalité, une attestation d’inscription à l’Ordre national des médecins, une preuve du paiement des cotisations et une profession de foi.
Commission électorale
Une commission électorale déjà mise sur pied se chargera de l’organisation de ces opérations électorales. Présidée par le Manaouda Malachie en personne, son rôle consistera entre autres à la réception des dossiers de candidature, l’examen des pièces versées au dossier, la validation desdits dossiers et l’examen des recours le cas échéant. Elle a notamment pour membres le Pr Eugène Sobngwi (Directeur de l’organisation des soins et de la technologie sanitaire), le Dr Yves Mathieu Zoa Nanga (Inspecteur général des services médicaux et paramédicaux), Boukar Kella (Inspecteur général des services administratifs), Laurette Ngono (Directeur des affaires juridiques et du contentieux).
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