Médecins indignés et Minsanté fument le calumet de la paix
Générique de fin pour le feuilleton hier à Yaoundé, de la crise ayant mis en scène le « Collectif des médecins indignés » et le ministère de la Santé publique. Pendant une semaine, les deux parties se sont opposées après la suppression de la prime « technicité agent technique » d’un montant de 2400 Fcfa, des salaires des médecins fonctionnaires. A l’issue d’une réunion entre les responsables du Collectif et Manaouda Malachie qu’accompagnait une belle brochette de ses collaborateurs, les deux parties ont trouvé un terrain d’entente et ont fumé le calumet de la paix.
L’une des principales résolutions est que la suppression de cette prime de la discorde du salaire des médecins fonctionnaires camerounais a été actée, « après clarification juridique et réglementaire du DRH (Directeur des ressources humaines : Ndlr) », confie une source au Minsanté ayant pris part à la réunion. Aussi, un « appel à l’union sacrée dans la famille de la santé du Cameroun » a été lancée, poursuit notre source. Laquelle indique qu’un plaidoyer est en cours par Manaouda Malachie, « pour une motivation spéciale des personnels de santé impliqués dans la lutte Covid-19 ».
En effet, « Nous n’avons pas obtenu nos 2400 Fcfa mais nous avons obtenu la promesse d’une prime Covid et d’une motivation basée sur le fond de solidarité du Covid », précise le Dr Daniel Gams Massi, porte-parole du Collectif. D’ailleurs l’objectif de cette réunion convoquée par Manaouda Malachie était l’amélioration conséquente de la condition du personnel médical. Ce « qu’il a décidé de porter comme mission personnelle », informe notre source. En définitive donc, « Réunion fructueuse et apaisée », se réjouit le Dr Daniel Gams Massi. Ce d’autant plus que « Le ministre a apaisé le Collectif avec la prime de risque Covid ». En retour, il a obtenu du Collectif, la promesse de surseoir à l’action juridico-administrative entreprise.
Chronologie de la crise
C’est donc le happy-end d’une crise qui aura duré une semaine. Tout part du 24 juillet, avec le constat de la suppression de la prime « technicité agent technique » d’un montant de 2400 Fcfa de leur bulletin de solde. Ceci, « Sans aucune explication préalable ; alors que nous sommes encore plongés dans la bataille contre la Covid-19 dans laquelle plusieurs de nos confrères ont perdu la vie », s’étaient indignés les médecins. Pour eux, « Cette soustraction semble incongrue ». Surtout au moment où « partout ailleurs, des professionnels de santé sont acclamés avec revalorisation du salaire ».
Le 27 juillet le « Collectif des médecins indignés » voit donc le jour pour manifester leur mécontentement. Une pétition qui récoltera plus de 1600 signatures sera mise en ligne, de même qu’une lettre est adressée au Président de la République Paul Biya. Objectif, « que d’une part, cette prime amputée nous soit intégralement restituée et d’autre part une revalorisation salariale à la hauteur de nos longues années d’étude, de la complexité de notre mission et des efforts parfois surhumains que nous réalisons pour tenir bon face à cette crise sanitaire sans précédent ».
Entre temps, la crise enfle. Une partie de l’opinion dont le ministère de la Santé publique soutient qu’ayant reçus une « prime indue » de 2400 Fcfa depuis 18 ans, les médecins devraient rembourser le trop-perçu à l’Etat camerounais. Ce à quoi Me Assira Engouté argue dans les colonnes du Journal Lejour que « Ces médecins méritent non pas une diminution de leurs revenus, mais une augmentation des revenus existants ».
Bataille par médias interposés
Le 28 juillet, la riposte gouvernementale va s’organiser avec à sa tête, le Directeur des ressources humaines du Minsanté. Les médias à capitaux publics et certains à capitaux privés seront mis à contribution à cet effet. « En principe, ces personnels devraient être mis en débet pour avoir perçu quelque chose qui ne leur revenait plus », indiquera Emile Ella Ngbwa dans les colonnes du quotidien gouvernemental Cameroon Tribune. Et, « Nous nous attendions d’ailleurs à ce que les gens nous invitent à un plaidoyer de tolérance administrative auprès du comité plutôt que de nous dire que nous avons ponctionné leurs revenus », poursuivra ce dernier. Lequel reconnaîtra néanmoins que « Les responsabilités sont partagées ».
Se voulant sans doute plus conciliant, il relèvera que « Le discours actuel est un discours d’apaisement parce que nous sommes dans une phase technique. Nous verrons comment arrondir les angles. Il ne s’agit pas d’accuser qui que ce soit. Le véritable perdant en principe c’est le ministère de la Santé ». Le 30 juillet, le « Collectif des médecins indignés » rendra public un communiqué dans lequel il sollicitera un dialogue avec le gouvernement dans l’objectif de trouver une solution commune.
Le Dr Daniel Gams Massi, porte-parole, indiquera dans son communiqué que Me Claude-Bernard Assira Engoute a été désigné pour conduire le pool d’avocats qui vont défendre leurs intérêts. Le 3 août, Manaouda Malachie entrera en scène pour inviter le président du Collectif à la table de discussion. Laquelle aboutira au calumet de la paix fumée hier par les deux parties.