Lutte contre le Coronavirus. Ce qu’il faut savoir sur le masque « alternatif »

Olive Atangana
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 Aucune étude n’a montré son efficacité néanmoins, il retient les sécrétions contenant des particules virales. Le gouvernement rend son port obligatoire dans tous les lieux publics dès ce 13 avril.

Le port du masque « alternatif » pour tous est désormais obligatoire dans tous les lieux publics au Cameroun. C’est l’une des sept mesures prises pour lutter contre la propagation du coronavirus au Cameroun, le 09 avril dernier et qui entre en vigueur dès ce 13 avril 2020. « Au stade où nous en sommes, chacun doit se protéger et protéger les autres en se couvrant la bouche et le nez en sortant de chez lui, surtout s’il doit prendre le transport en commun ou aller au marché », a déclaré le Minsanté dans un message publié le 31 mars dernier sur son compte Twitter.

Ceci, après avoir déclaré que les masques devraient être réservés aux soignants, aux malades et aux personnes en contact avec des personnes contaminées. En fait, cet équipement est désormais présenté comme celui qui peut aider à lutter efficacement contre la pandémie du coronavirus (Covid-19), en empêchant la propagation du virus. Depuis lors, les entrepreneurs de l’industrie textile se sont mobilisés pour répondre à la demande de plus en plus croissante de l’un de ces équipements de protection.

Pour cela, ils proposent des masques en tissu-pagne. Ecotec par exemple produit 5000 masques par jour. A coté de cet acteur de la filière textile, la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam) va à son tour, produire 15 millions de masques stérilisés par mois pour protéger les populations du coronavirus. Les coûts de ces masques, a-t-on appris, seront relativement bas pour permettre au maximum de personnes de s’en procurer.

Usage multiple

La maison de couture Shelby Stylisme et Modélisme est située au quartier Etoudi, à Yaoundé. Cette jeune entreprise de quatre personnes est spécialisée dans la confection des vêtements à base de tissu-pagne. Mais, depuis une semaine, elle se consacre essentiellement à la production et la commercialisation des masques faciaux. Tout comme les masques industriels ordinaires, ceux-ci sont confectionnés à l’intérieur, base de microfibre qui sert de filtre de protection ; à l’extérieur, d’une doublure en coton pour le confort et faciliter la respiration.

A l’extérieur de face, un tissu pagne est utilisé pour customiser le masque et d’un élastique. « La microfibre qui est un tissu hydrophobe sert de filtre de protection ; la doublure en coton procure aux usagers du confort, l’élastique permet de fixer le masque au niveau des oreilles et le tissu-pagne sert à embellir le masque », confie une employée de la structure en plein travail. Il a une validité d’une journée et est réutilisable. A condition qu’il soit lavé et désinfecté selon les indications.

 

Efficacité et « risque accru d’infection »

Seulement, si ces masques sont donc très prisés, « Aucune étude n’a montré l’efficacité du masque en tissu », indique un épidémiologiste en service au Minsanté. Néanmoins, « il retient les sécrétions contenant des particules virales. Donc, c’est mieux mieux que rien en attendant que les masques chirurgicaux soient disponibles », conclu ce dernier. En effet, une généralisation du port du masque pourrait avoir un impact sur la courbe de contamination, expliquent les médecins consultés.

Mais, il ne faudrait pas que leurs porteurs, se croyant protégés, relâchent les indispensables gestes barrière. Ce qui aurait l’effet inverse de celui recherché. D’autant que leur efficacité n’est pas totalement démontrée contre le Covid-19. Une étude publiée en 2015 dans la revue médicale « BMJ Open » a même conclu que les masques en tissu « pouvaient entraîner un risque accru d’infection à cause de leur mauvaise filtration ».

S’ils sont surtout efficaces pour empêcher les projections et donc protéger les personnes dans l’entourage du porteur du masque, leur port permet de constituer une barrière de protection contre une éventuelle pénétration virale dans la zone bouche et nez de son utilisateur ou d’une personne se trouvant à proximité.

Quoi qu’il en soit, au terme de la réunion interministérielle sur la riposte au coronavirus, présidée par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, la production locale des médicaments, tests, masques et gels ; la mise sur pied des centres spécialisés de traitement des malades du Covid-19 dans toutes les régions sont entre autres mesures prises. A cela, il faut ajouter « la sanction systématique de tout contrevenant », afin de contraindre les populations à un respect sans réserve des mesures édictées

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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