« C’est un virus qui a une contagiosité très élevée»
Lire l’interview du Dr Belinga Etogo Daniel Thierry, Chef de District Monatele. L’épidémiologiste revient sur les dangers d’un tel virus pour la population camerounaise et ses risques de propagation au Cameroun.
Le 17 février dernier, l’OMS a déclaré le virus Ebola comme une « urgence de santé publique de portée internationale ». Que signifie une telle décision ?
Une « USPPI (Urgence de santé publique de portée internationale : Ndlr» est un événement extraordinaire dont il est déterminé qu’il constitue un risque pour les autres Etats du fait du risque de propagation internationale et donc, une action coordonnée internationale est requise. La déclaration d’Ebola comme USPPI survient suite à la confirmation d’un cas à Goma qui est une ville de 2 millions d’habitants et une zone de transit.
Doit-on s’en inquiéter ?
Oui on doit s’en inquiéter car étant une zone de transit, la Maladie à Virus Ebola « MVE » peut être importée dans n’importe quel pays.
Qu’est-ce que cela implique pour le Cameroun ?
Bien que ne partageant pas de frontière directe avec la RDC, nous devons nous préparer à un risque d’importation de la MVE. D’après l’évaluation de risque pour Ebola de façon globale, le risque de survenue est élevé.
Quels sont les risques de propagation de ce virus au Cameroun ?
Il faut dire qu’au Cameroun, on est confronté au risque d’importation mais aussi au risque d’émergence même du virus au Cameroun vu que le vecteur est présent au Cameroun et nous partageons le même écosystème forestier que la RDC et les autres.
De quelles précautions s’est entouré le pays depuis lors, pour éviter la survenue dudit virus sur son territoire ?
Tenue d’une réunion de concertation au ministère de la Santé publique avec tous les acteurs impliqués dans la réponse et les partenaires. Plusieurs recommandations entre autres : élaborer un plan opérationnel côté de préparation et réponse sur 6 mois ; dans l’immédiat, acquérir des thermo flash et les disposer dans les points d’entrée (terrestre, maritime et aérien). Les définitions de cas ont été révisées et mise à disposition des points d’entrée ; message fax aux Délégués pour le renforcement de la surveillance aux points d’entrée. Plusieurs étapes sont à venir : l’acquisition de caméras thermiques pour Yaoundé et Douala, l’identification de Centre de traitement, de site éventuel d’inhumation, l’aménagement de salles d’isolement dans les formations sanitaires de 1ere et 2e catégorie.
Quels peuvent être les dangers d’un tel virus pour les populations camerounaises ?
C’est un virus qui a une contagiosité très élevée, et tue en très peu de temps (létalité). C’est pourquoi le pays doit mettre plus de rigueur sur surveillance pour une détection précoce.
Quels sont les symptômes qui doivent alerter ?
Les premiers symptômes possibles sont une fièvre, des maux de tête, des douleurs musculaires et des frissons. Par la suite, une hémorragie interne provoquant des vomissements ou une toux avec expectoration de sang peut se développer.
Que faire pour éviter toute transmission de ce virus sur le territoire camerounais ?
Le renforcement de la surveillance aux portes d’entrée, aérienne, terrestre et maritime ; le renforcement des capacités des équipes d’investigations et d’intervention rapide ainsi que du matériel de riposte et enfin informer le public afin de mettre à profit la surveillance communautaire pour la détection précoce.