Le Cameroun recherche 300 000 poches de sang pour couvrir la demande nationale

Olive Atangana
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Plus de 300 000 transfusions sanguines ne sont pas réalisées, faute de sang. Le besoin annuel est lui estimé à 400 000 poches de sang.

De janvier à mai 2020, le Programme national de Transfusion sanguine (Pnts), n’a pu collecter que 32 328 poches de sang dans les 10 régions du Cameroun. Or, le besoin annuel du pays est estimé à 400 000 poches de sang. « Si l’on regarde les besoins annuels du Cameroun en termes de poches de sang, nous sommes encore très loin des chiffres attendus », confirme Appolonie Noah Owona, médecin et secrétaire permanente du Pnts.

En effet, l’offre reste largement en deçà de la demande nationale. En 2018 par exemple, seules 94 873 poches de sang sécurisé ont été collectées, soit 23,72% seulement de ce qui serait nécessaire. En 2017, c’était un peu moins. Soit 91 047 poches collectées dans le pays, contre 82 661 en 2016. Ainsi, plus de 300 000 transfusions sanguines ne sont pas réalisées, faute de sang.

Réticence pour le don de sang

A en croire la Fédération camerounaise pour le don bénévole de sang (Fecadobes), cette situation s’explique par la réticence des Camerounais pour le don de sang. Une étude sociologique réalisée en 2017 par la Société française de transfusion sanguine, en collaboration avec le Pnts, démontre qu’outre l’ignorance du public en matière de don de sang, le manque de volonté politique et les barrières culturelles et religieuses sont à l’origine de cette situation.

Le casse-tête des donneurs bénévoles

Raison pour laquelle au Cameroun, les donneurs bénévoles sont rares. D’après le Pnts, au moins 90% des poches collectées proviennent essentiellement des familles ; des « donneurs de compensation » qui présentent pourtant un risque élevé de transmission d’infection. Or, comme le rappelle l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la transfusion de sang sécurisé est une ressource d’importance vitale utilisée pour le traitement des cas d’anémie grave chez l’enfant, d’hémorragie post-partum, lors d’opérations chirurgicales, dans les soins de traumatologie, le traitement du paludisme, des maladies héréditaires du sang et bien d’autres.

« Le sang est un produit qu’aucune technologie n’a réussi à ce jour à fabriquer. Donc, on en a besoin pour sauver une vie, un malade qui est en situation d’anémie due à un accident de la voie publique, un accouchement compliqué, une hémopathie, une insuffisance rénale terminale. Ils ont besoin de poche de sang pour être soignés », affirme Dr Appolonie Noah Owona.

Menace et alerte

L’approvisionnement en sang sécurisé est menacé du fait de la lutte contre la pandémie de coronavirus (Covid-19), alerte l’OMS. « En effet, les campagnes régulières de don de sang sont reportées à une date ultérieure, et les consignes demandant aux populations de rester chez elles, couplées à la crainte de l’infection, empêchent les donneurs d’avoir accès aux services de transfusion sanguine », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. C’était à l’occasion de la Journée mondiale du donneur de sang ce 14 juin. Selon elle, la pandémie actuelle offre une bonne occasion de rehausser la qualité des services de transfusion sanguine.

Initiatives

En tout cas, pour l’heure, face à la « pénurie de sang » dans les hôpitaux, des initiatives sont menées çà et là pour combler ce manque et encourager le don de sang volontaire. Depuis hie donc 15 juin 2020, une « campagne spéciale » du don volontaire de sang est en cours à Yaoundé. Elle va dura jusqu’au 19 juin, et est organisée par la Fecadobes, qui regroupe une quinzaine d’associations des donneurs de sang bénévoles.

Aussi, des start-ups camerounaises telles qu’Infiuss (une plateforme de chaîne d’approvisionnement numérique qui permet aux hôpitaux d’accéder à du sang prêt à l’emploi) ont également lancé des applications pour remédier au problème de l’absence ou de l’insuffisance de sang de qualité, à l’origine de nombreux décès dans les hôpitaux.

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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