Jean Edi’i Abate: « Gardons une certaine dignité en nous »

Le gouverneur de la région du Nord a saisi l’opportunité d’une réunion de coordination dans le cadre de la lutte contre le choléra, pour s’insurger contre l’absence de latrines et la défécation à l’air libre, au moment où le choléra y fait des ravages. Morceaux choisis…

Aller le dire au quartier. Celui qui n’a pas de latrines va goûter à la cellule. J’ai la main très rapide pour signer les gardes à vue administrative. Le magistrat ne veut même pas connaitre ce que tu fais. Je te mets 15 jours dedans. Renouvelable. A partir de cette cellule, tu vas donner des consignes pour qu’on creuse des latrines chez toi. Certes, les partenaires nous aident mais nous devons d’abord faire des efforts par nous-même. Quand nous faisons des efforts, les partenaires sont disposés à nous accompagner. Mais ne demandons pas tout. Gardons une certaine dignité en nous-même. Parce que nous avons besoin des financements nous allons demander aux gens de nous construire même les latrines. On va me faire le recensement dans chaque établissement. C’est un questionnaire qu’on va donner à chaque enfant pour savoir s’il utilise les toilettes lorsqu’il rentre chez lui. Je veux ça dans un mois. Comme les chefs s’amusent à protéger leurs collaborateurs, nous avons aussi les moyens de toucher là où ça fait mal. Nous allons supprimer leurs salaires mensuels pour les chefs inefficaces. C’est une honte chaque fois qu’on dit que la région du Nord a 150 cas de choléra. Ce n’est pas bien. Inscrivez cette maladie comme une affaire de honte. Et celui qui n’a pas honte n’est plus quelqu’un. Au sortir de cette réunion, il faut que chacun sache qu’on est face à une situation grave parce que c’est une épidémie. Chacun doit prendre conscience de ce qu’il doit faire.

Minee et marchés publics

Nous allons aussi attaquer un autre point au niveau du ministère de l’Eau et de l’Energie parce qu’il y a quelques apprentis sorciers à qui on donne des marchés pour creuser les points d’eau. Chacun fait un mètre et il dit qu’il y a déjà le forage. Que ceux qui s’amusent à vouloir demander à nouveau les marchés pour construire les points d’eau, vous aller me trouver sur votre chemin. Priez beaucoup pour que le décret arrive et que je quitte. Il est anormal qu’une population qui a besoin de l’eau, quelqu’un fait deux mètres et dit qu’il a construit le forage. On se moque de qui ? Beaucoup de populations seraient aujourd’hui à l’abri de ces manifestations là si un tant soit peu on avait été rigoureux pour ce genre de marché. Les gens ont besoin de la bonne eau parce que se laver aussi les mains avec l’eau sale ne donne rien du tout. Voilà aussi un autre secteur dangereux.

Vous prenez seulement l’argent pour ne même pas faire le travail. L’argent là c’est la malédiction. Vous n’allez rien faire avec. Vous achetez même la voiture, elle brule. Parce que tu as volé la communauté. Donc tous ces petits braqueurs-là qui se disent hommes d’affaires et autres, je vous assure, les marchés publics ont retrouvé leur vraie face et on va s’en occuper dès l’année prochaine. Pour faire un forage, on va s’assurer que vous avez traversé toutes les nappes à problèmes pour que la population ait la bonne eau. J’interpelle ici les exécutifs municipaux. Mettez-moi les moyens pour qu’on sauve cette population qui va nous aider demain. Nous allons toucher tout le monde. Ce sera comme l’APE. La santé a aussi besoin des efforts de tous. Le gouverneur même donnera d’abord sa part et quand le gouverneur a donné, personne ne peut se mettre à l’écart. Faisons d’abord notre effort.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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