Interrogations sur la gestion du Coronavirus au Cameroun
Dans une tribune libre, le député et président régional du SDF pour le Littoral, Jean Michel Nintcheu dénonce de graves soupçons de détournements, délits d’initiés, surfacturations et rétro commissions qui pèsent sur l’ensemble des opérations. Il demande pour cela, une enquête parlementaire.
« Chaque semaine qui passe est nimbée de rumeurs et de faits d’opacité, de surfacturations, de collusions et de conflits d’intérêts qui ont cours au ministère de la santé publique relativement à la gestion de la pandémie de covid-19 dans son ensemble ». Tel est le constat dressé par Jean Michel Nintcheu, député et président régional du Social Democratic Front (SDF) dans le Littoral. Dans une tribune libre largement relayé dans la presse, l’élu du peuple dénonce « la gestion catastrophique de pandémie covid -19 », par le ministre de la santé publique, Manaouda Malachie.
Il en veut pour preuve, « le très faible maillage territorial dans la riposte, les décisions parfois inconséquentes, la discrimination dans les mesures de soutien, l’opacité érigée en règle ainsi que de forts soupçons de détournement ». Or, plus de quatre mois après la survenue du Coronavirus au Cameroun, le nombre de cas positifs et le nombre de morts ne font qu’augmenter. Au 13 juillet, le Cameroun enregistrait en effet plus de 15 000 cas confirmés et 359 décès. Pour lui, « Il est évident que quand le nombre de cas positifs covid-19 grimpe sans cesse, c’est que le plan de riposte n’est pas efficace ».
Insuffisances
L’homme politique a ainsi dressé la liste de 13 manquements dans la gestion de cette pandémie au Cameroun. Ce sont entre autres, le nombre très insuffisant des tests ainsi que leur non gratuité dans la quasi-totalité des centres agréés ; le manque criard de respirateurs artificiels dans les hôpitaux publics et les centres de santé intégrés ; de médicaments (chloroquine, azithromycine) dans les formations hospitalières publiques ; l’insuffisance d’équipements de protection individuelle (EPI) « mettant ainsi en danger la santé de l’ensemble du personnel soignant » et la fourniture à des coûts « défiant tout entendement » de certains équipements nécessaires pour la prise en charge efficace du covid-19 (voir extrait de la lettre).
La non publication de la liste des cliniques privées agréées dans la prise en charge des patients covid-19 et l’absence d’avis d’appels d’offres publics dans la fourniture des matériels et autres équipements de lutte contre la covid-19 ne sont pas en reste. « Sur ce point précis, il y a de forts soupçons de collusion et de délits d’initiés dans les contrats de livraison, de tests et autres matériels », note le député.
Le cas Cename
Plus grave aux yeux de l’élu du peuple, la mort programmée du Centre national d’approvisionnement en médicaments (Cename). A en croire ce dernier, « Pour tuer la Cename, il a été attribué sans avis d’appel d’offres à la société Mediline Medical l’exclusivité de la livraison des tests et matériels de lutte contre la covid-19 ». Pourtant, « Mediline Medical est en réalité une société écran dans laquelle le fameux homme d’affaires cité plus haut dispose des intérêts. Une chose est certaine c’est que cette structure en l’occurrence Mediline Medical, inaugurée en grandes pompes le 04 juin dernier par le minsanté est désormais la centrale d’achat spécialisé dans la gestion des installations sanitaires, l’importation et la distribution des produits pharmaceutiques ayant un rapport avec le covid-19. En plus de la logistique de Yaoundé, une succursale a été créée à Douala pour assurer la chaîne de distribution », affirme Jean Michel Nintcheu.
Fonds de solidarité national
La reddition des comptes liés à la covid-19 préoccupe aussi le député. Notamment, le fonds de solidarité nationale créé dès le début de la pandémie de covid19. Il déplore le fait que « Seule la liste des contributeurs privés a été publiée. Les dépenses y relatives, le ministre de la santé a refusé de venir les présenter devant la Représentation nationale qui vient pourtant de voter l’allocation d’une enveloppe de 180 milliards dans le compte d’affectation spéciale covid-19 nouvellement créé », argue l’élu.
Et le verdict est sans appel. « L’opacité, les détournements des fonds, les surfacturations, les conflits d’intérêts et les collusions diverses dans la gestion de la pandémie de la covid-19 sont devenus la règle au ministère de la santé publique ». En définitive, « À défaut d’une Commission d’enquête parlementaire, la gestion de tous les fonds covid-19 devrait tout au moins faire l’objet d’une enquête diligentée par les services compétents de la République. Y compris les fonds (135 milliards de FCFA) débloqués par le FMI dans le cadre de la Facilité de crédit rapide pour la covid-19 », conclut Jean Michel Nintcheu.
Extrait de la lettre ouverte
(…) Le compte d’affectation de lutte contre la covid-19 est doté de 180 milliards FCFA. Ma profonde inquiétude réside dans cé que ce fonds sera très probablement détourné en masse -et en bandes organisées. À titre d’illustration :
– Gants en latex (boîte de 100). Référence mercuriale (Ref) : A0021. Prix mercuriale (PM): 10.000 FCFA contre 3.500 FCFA en pharmacie. Soit trois fois plus cher et une différence en valeur absolue de 6.500 FCFA l’unité.
– Thermomètre infrarouge. Réf: D0132. PM: 150.000 FCFA contre 25.000 FCFA en pharmacie. Soit six fois plus cher et une différence en valeur absolue de 125.000 FCFA l’unité.
– Masque chirurgical. Réf : A0025., Prix mercuriale : 1000 FCFA contre 400 FCFA. en pharmacie. Soit , 2,5 fois plus cher et une différence en valeur absolue de 600 FCFA l’unité.
– Combinaison de protection. Réf : A0065. Prix rhercuriale: 80.000 FCFA contre 15.000 FCFA en pharmacie. Soit six fois plus cher et une différence en valeur absolue de 65.000 FCFA l’unité.
– Lunettes de protection. Réf : A0064. Prix mercuriale: 14.500 FCFA contre 500 FCFA en pharmacie, soit 29 fois plus cher et une différence en valeur absolue de 14.000 FCFA l’unité.
Il convient de préciser que ces prix pharmacie sont des prix de détail. Ce qui suppose que les prix de gros sont plus bas. Compte tenu du nombre élevé d’équipements et d’outils qui vont faire l’objet de bons de commande, ce sont à coup sûr des dizaines de milliards de FCFA qui iront’ indûment dans les poches de certaines galaxies mafieuses.
C’est SCANDALEUX. C’est CRIMINEL
Pour que les camerounais mesurent les effets profondément dévastateurs de cette mercuriale sur les caisses du Trésor public, je vais-m’appuyer sur le bon de commande administratif N°0126 signé le 09 avril 2020 et délivré à l’entreprise RED MEDICAL par le Secrétaire d’État chargé des endémies et des pandémies. Ce bon de commande porte sur la livraison de:
– 1000 gants en latex (boîte de 100) pour un montant 10.000.000 FCFA contre 3.500.000 FCFA si la livraison avait été faite par une pharmacie.
– 1000 thermomètres infrarouges pour un total de 150 millions FCFA contre 25 millions FCFA en pharmacie.
– 100.000 masques chirurgicaux pour un montant de 100 millions FCFA contre 40 millions FCFA en pharmacie.
– 10.000 masques de protection FFP2 à 25 millions FCFA contre 21 millions FCFA en pharmacie.
– 700 combinaisons de protection à 56.000.000 FCFA contre 10.500.000 FCFA en pharmacie.
– 700 lunettes de protection à 10.150.000 FCFA contre 350.000 FCFA en pharmacie;
Soit un montant TTC de 330.836.750 FCFA qui seront débloqués par l’État contre 94.830.750 FCFA si ces matériels avaient été achetés en pharmacie. Ce qui fait un différentiel, rien que pour ce bon de commande, de 237.006.000 FCFA entre le prix de la mercuriale et les prix détails en pharmacie. Les frais de transport et de logistique ainsi que la marge bénéficiaire seuls ne sauraient aucunement justifié un tel écart.
Il y aura manifestement des centaines de bons de commande qui seront délivrés sur l’ensemble du territoire national relativement à ce compte d’affectation spéciale covid-19. En multipliant le montant TTC inscrit dans ce ce bon de commande N°0126 par cent (100,) cela ferait un montant TTC de 33.083.675.000 FCFA si l’on s’en tient à la mercuriale pratiquée au niveau de l’État contre 9.483.075.000 FCFA (prix homologué pharmacie). Soit un différentiel de vingt-trois milliards sept cent millions six cent mille (23.700.600.000) FCFA.
C’est dire qu’il est évident qu’à grande échelle, il s’agit d’un braquage en règle et bien programmé contre le Trésor public. Des réseaux mafieux tapis dans l’ombre ne doivent pas profiter de cette pandémie pour s’engraisser sur le dos du peuple déjà meurtri par le poids des souffrances endurées au quotidien. C’est INACCEPTABLE,
Hon. Jean Michel Nintcheu
Député.
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