« Il faut faire l’amour autant que possible »

Dans un couple, il est fréquent qu’apparaisse un décalage de désirs sexuels entre l‘un des partenaires. Pourtant pour certains, le désir sexuel est la première étape du comportement sexuel avant que l’on ne s’investisse dans une activité sexuelle. Malheureusement, 47% des hommes de 18 à 69 ans sexuellement actifs souffrent de problèmes d’érection (dysfonction érectile) au moins occasionnels et 7% de façon persistante. Aussi, à un moment donné, tout homme fait face à une absence de libido. Vous souffrez de ces troubles ou avez envie de moins faire l’amour ? Lire les éclairages, conseils et astuces de notre Chirurgien Urologue, le Dr Théodore Sala Beyeme.

Quelles sont les raisons pour lesquelles les hommes souffrent souvent d’une baisse de libido ?

Dr Sala (2)La libido est tout d’abord un désir ou un appétit sexuel. Cette situation de baisse de libido est multifactorielle. En couple, ça peut être le signe d’un malaise, une mésentente, des difficultés de tout ordre. Par exemple, la difficulté à satisfaire sa femme peut pousser à ne plus avoir envie. Tout comme la difficulté d’érection, une IST comme le SIDA, l’infertilité. On a tendance à dire : à quoi bon. La Monotonie aussi, l’attirance non réciproque, la drogue, l’alcool, peuvent être d’autres facteurs. Lorsqu’on n’est pas en couple, tout dépend d’abord de soi et de l’orientation de ses priorités, voire de la sexualité. On pourra distinguer la chasteté où l’on met volontairement sa libido en berne ; l’abstinence où l’on est obligé de calmer sa libido par obéissance à une philosophie de vie : pas de relation sexuelle avant le mariage par exemple. Les facteurs à risque peuvent être organique, du fait d’une maladie. On pense à guérir, à vivre d’abord. La sexualité ne compte plus. L’âge, du fait de la baisse des hormones. D’autres facteurs tels que la déception amoureuse, le traumatisme sexuel comme un viol, sont aussi à mettre à l’actif des facteurs à risque d’une baisse de libido.

Combien d’hommes souffrant de ce problème rencontrez-vous en moyenne par mois ?

Je consulte en moyenne 250 malades par mois et les problèmes sexuels peuvent aller jusqu’à 30% des patients. Cependant, la baisse de libido se confond souvent à la dysfonction érectile ou impuissance. Cette proportion est plus importante après 45 ans. Soit 250 malades à l’hôpital Laquintinie et 300 si on ajoute le privé, où la proportion est plus élevée. Tout âge confondu.

Justement, quelle est la différence entre baisse de libido et dysfonction érectile ?

La dysfonction érectile c’est d’après le langage populaire, l’impuissance. Plus sérieusement, c’est l’incapacité pour un homme d’avoir et ou de maintenir une érection suffisante pour un rapport satisfaisant. Donc, on peut avoir des érections mais pas d’envie de faire l’amour et c’est difficile d’avoir envie sans érection.  Lorsque cela arrive, on parlera alors de dysfonction érectile ; On a envie mais l’érection n’est pas au rendez-vous. Aussi, la notion de libido est subjective. Il n’y a pas de libido normale. Donc, les solutions sont contextuelles.

Doit-on s’inquiéter d’une perte de libido chez l’homme ?

Oui. Lorsque l’on est en couple. Sinon, ça peut être le résultat d’un choix de vie ou que les circonstances de la vie vous imposent. Surtout lorsqu’on n’est pas en couple. On n’est pas obligé d’avoir envie d’une femme.  Ce n’est pas un critère de qualité de vie objectif. La libido en berne c’est lors d’une baisse ou d’un manque de désir ou d’appétit sexuel.

Au plan de la santé, quelles sont les conséquences d’une baisse de libido chez les hommes ? 

D’abord, ne pas pouvoir bénéficier des bienfaits, du plaisir du sexe, de la procréation. Sur le plan de la santé, il existe effectivement des conséquences chez un jeune couple. La mauvaise santé sexuelle et tout ce qui en découle dans un couple. Chez un homme âgé, c’est le signe du processus presque normal dû au déficit androgénique lié à l’âge (DALA). Ses signes sont une perte d’appétit, fatigue chronique, irritabilité, fragilité osseuse, diminution de la pilosité, perte de joie de vivre.

Quels conseils et astuces pouvez-vous leur donnez pour une meilleure libido ?

C’est plus facile lorsqu’on est en couple. Ne pas garder les problèmes en couple. La communication doit être rétablie après une dispute afin de résoudre les problèmes qui peuvent affecter votre relation sexuelle. Augmenter l’estime de soi, tout comme une image de soi aussi à travers la tenue plus valorisée, un discours plus positif, gaie. Il faut aussi entretenir de bons fantasmes : aimer, voyager, bien dormir, méditer ; lutter contre le stress, bien manger, exercice physique.

Faire l’amour régulièrement met-il à l’abri des pannes de libido chez l’homme ?

Oui, faire l’amour entretient et prévient les troubles de la libido. On parle de médicaments seulement lorsqu’on a déjà consulté un médecin.

Quels types de médicaments précisément ?

Ça dépend de la cause. S’il s’agit d’une dépression, ce sont les antidépresseurs. Si c’est le DALA, on va donner une supplémentation en hormones. Si c’est un médicament qui cause cela, on voit si ça peut l’arrêter ou pas. C’est au cas par cas et en fonction de l’âge ; si on est en couple ou pas. Il n’y a de médicaments type pour soigner la baisse de la libido mais il y a des médicaments pour soigner les causes de la baisse de libido. La phytothérapie peut aider. Mais pas les affaires du quartier…

Combien de fois les hommes doivent-il faire l’amour par semaine ?

En couple, autant que possible du moment où cela procure un bien-être physique, mental et social, avec une approche respectueuse et libre de toute violence. Il est évident que les jeunes feront davantage parce qu’en plus, il faut faire des enfants… Chez les personnes âgées, c’est plus une sexualité de plaisir que de procréation. Gardez à l’esprit la notion de risque notamment, infectieux. En général, donner un chiffre me dérange souvent puisque les gens s’appuient dessus pour justifier certaines conduites…L’important c’est le bien-être du couple. Certains peuvent le faire tous les jours, matin et soir en fonction du contexte. Mais à un moment donné, la monotonie, l’âge, la maladie ou d’autres circonstances dans la vie amènent à ralentir le rythme jusqu’à l’arrêt complet.

A quel moment peut-on commencer à parler des troubles de l’érection ?

Lorsque de façon prolongée, il devient difficile d’avoir ou de maintenir une érection permettant d’avoir un rapport sexuel satisfaisant. Ce qui est différent d’une panne qui est circonstancielle et isolée.

Qu’est-ce que c’est déjà au juste ?

La libido est une envie, une pulsion, un désir. La dysfonction c’est que l’envie est là, mais le « zizi » ne répond pas.

Quelles en sont les causes et conséquences ?

Nous avons d’abord les causes organiques c’est à dire en rapport avec un dysfonctionnement du corps : diabète, problème de prostate ; DALA (déficit androgénique lié à l’âge) ; tabac, traitement HTA ; traitement maladie psychiatrique ; traitement cancer de la prostate ; alcoolisme ; maladie neurologique ; maladies cardiovasculaires ; maladies rénales ; intervention chirurgicale. Nous avons ensuite les causes psychologiques : Stress, anxiété, culpabilité, dépression, faible estime de soi, traumatisme lié au sexe.

Ces troubles sont-ils différents des pannes passagères ?

La panne est passagère tandis que le trouble est chronique.

 

 

 

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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