Les travaux de construction de l’hôpital de référence de Maroua accusent un retard de deux ans. Lancé en juillet 2017 pour un délai de 18 mois (octobre 2018), ces travaux affichent un taux d’exécution physique de 41% seulement, d’après le pointage du 17 février 2021. En d’autres termes, 59% des travaux restent à exécuter. L’entreprise adjudicataire (Alliance Construction Cameroun) a promis à la délégation des parlementaires dépêchés sur les lieux, de remettre les clés de cette infrastructure hospitalière en septembre prochain.
Sauf que, le gouvernement et les différentes parties sont conscients que ce nouveau délai de livraison est difficilement respectable. D’ailleurs, l’adjudicataire du marché négocient de nouveaux délais de livraison. Une concertation a de ce fait eu lieu entre le ministère des marchés publics, le ministère de la santé publique et les responsables de l’entreprise marocaine.
Ce retard embarrasse les officiels camerounais. Ce d’autant plus que l’Etat a fait des efforts pour honorer ses engagements vis-à-vis de cette entreprise. « 25 décomptes ont été payés malgré les difficultés financières. C’est la première fois que nous rencontrons une société qui n’a pas des griefs en matière de payement par rapport à l’Etat », fait savoir Midjiyawa Bakari dans les colonnes du journal régional L’œil du Sahel.
Néanmoins, il faut relever que l’entreprise fait face à de nombreuses difficultés sur ce site. « Les études géotechniques qui avaient été faites n’ont pas reflété la réalité du terrain. Vous savez, nous sommes dans une zone à écologie fragile. Ici nous sommes dans le karal, un sol argileux. Les prélèvements avaient été faits en saison sèche, et quand la saison des pluies est arrivée, la vraie réalité est apparue. Les fondations avaient été prévues pour 1m60, mais avec le retour des pluies, on s’est rendu compte qu’il fallait aller encore en profondeur à 2 m 60. Il y a aussi l’approvisionnement en graviers qui sont d’une qualité particulière. Tout ceci a retardé les travaux », justifie le gouverneur.
Au stade actuel, les gros œuvres sont pratiquement achevés. « Ils sont maintenant dans la phase de finition notamment la pose de la tuyauterie, la climatisation, l’électricité et l’installation de deux grands groupes électrogènes pour autonomiser l’hôpital », rassure le gouverneur. Non sans relever qu’« Il y a deux à trois ans, quand on venait ici, on était découragés du fait que les travaux n’avancent pas ».
En rappel, c’est le 10 mai 2017 que la première pierre des travaux de construction de l’édifice a été posée par le ministre de la santé publique d’alors, André Mama Fouda. Le projet gouvernemental visait à améliorer l’offre en infrastructures sanitaires dans la région de l’Extrême-Nord. Selon la fiche technique du projet, l’ouvrage est bâti sur une superficie de 5 hectares au lieu-dit Sekandé, à la sortie de la ville de Maroua, sur l’axe allant à Mora.
L’hôpital de référence de Maroua aura une capacité de 130 lits et pourrait accueillir plus de 500 patients par jour. D’un coût global initial de 15 milliards de Fcfa dont 10 pour les infrastructures et 5 pour les équipements de pointe, cet hôpital comportera plusieurs services qui permettront aux personnels de santé d’effectuer tous les examens et diagnostics sur place.
Ngaoundéré : La longue attente
Dans la région de l’Adamaoua, Ngaoundéré attend toujours lui aussi, son hôpital de référence. 28 mois après la date butoir, l’infrastructure n’a pas été achevée. En effet, selon les termes d’attribution du marché, le délai d’exécution prévisionnel de ce chantier était de 18 mois. L’ouvrage aurait donc dû être livré en septembre 2018. Sur le site de construction, les travaux sont effectués à 80%. Constat fait par la mission des parlementaires descendus sur les lieux le 17 février 2021.
Pendant environ deux heures de temps, ils ont visité l’ensemble du projet mais surtout, les principaux points névralgiques de cette bâtisse. « Nous relevons avec satisfaction que les travaux sont effectivement réalisés à plus de 80%. Le gros œuvre est achevé. Au niveau de la voirie et de réseaux divers, ils sont au niveau de couche déroulement. Ça veut dire que le délai donné jusqu’à la fin du mois de mai 2021 pour la réception sera respecté, puisque l’entreprise est sous pression de finaliser les travaux pour que les équipements soient reçus», se satisfait le député Ali Salihou, chef de la commission dans l’Adamaoua.
Mais, « L’entreprise éprouve des difficultés pour trouver localement des techniciens compétents ; il y a le retard dans le paiement des salaires qui n’est pas inhérent à ce chantier », insiste le député du Djérem, par ailleurs ingénieur de génie civil. A trois mois de l’échéance, le chemin reste encore tout de même long.
Bamenda et Buea: Chantiers abandonnés depuis deux ans
Sur le terrain à Bamenda, la mission des 5 parlementaires conduite par Emmanuel Mbami a fait face à l’image d’un site fantôme. Déserté par ses travailleurs depuis deux ans du fait de crise anglophone, le chantier hôpital de référence est abandonné, envahi par de hautes herbes à Mile 5 (Nkwen). « Nous ne savons pas encore si les travaux de construction de l’hôpital de référence seront achevés et livrés », s’inquiète Emmanuel Mbami.
Lancés en 2017 aussi, ces travaux devaient être livrés den 2019. Seulement, « sur les 14 bâtiments prévus, il n’y en a que 5 qui ont été érigés », a constaté le chef de la mission. Dans son rapport à déposer auprès de l’autorité compétente, cette mission dit vouloir que les travaux reprennent dans cette partie du pays.
A Buea, les entrepreneurs ont également déserté le chantier de de construction de l’hôpital de référence du Sud-Ouest par ailleurs centre hospitalier universitaire. Principale raison invoquée : l’insécurité. « Le projet avait été suspendu parce qu’on avait des problèmes d’insécurité. Mais la situation n’est plus la même. On est tous en sécurité maintenant », a rassuré Glady Etombi. Et dans la mesure où « Ces projets vont bénéficier à tous », les membres de la mission parlementaire ont demandé aux acteurs de réalisation du projet au cours d’une réunion tenue avec eux, de tout mettre en œuvre pour livrer le projet.
Notons que ces évaluations des hôpitaux de référence rentrent dans le cadre des activités du comité national d’évaluation des projets du Plan d’urgence triennal (Planut), initié par l’Assemblée nationale. Il s’agit notamment de la réhabilitation des hôpitaux de première et deuxième catégorie dans les villes de Douala et Yaoundé (évaluation des travaux de réhabilitation et d’extension prévus, plateaux techniques, dispositions prévues pour assurer leur maintenance), et la réalisation des hôpitaux de référence dans les huit autres régions.