Hépatites virales. Le coût du traitement reste onéreux au Cameroun

Coup de tonnerre sous le ciel sans nuages de la vie d’Alain. Par une matinée ensoleillée de mars 2021, ce paysan découvre dans son bulletin de résultats des examens médicaux qu’il a été diagnostiqué positif à l’hépatite virale B. Il est par la suite orienté à l’hôpital général de Yaoundé pour son protocole de traitement. D’après lui, il s’élevait à environ 1 million de Fcfa pour deux mois de traitement. Un montant hors de sa bourse. Il a par conséquent été obligé dit-il, d’opter pour un traitement à base de plantes naturelles. Lequel lui a couté 300 000 Fcfa au total, pour six mois de traitement.

Des exemples comme celui de ce paysan sont légions au Cameroun. C’est que, le constat fait état de ce que le coût du traitement contre l’hépatite virale reste onéreux pour les bourses moyennes. les ménages interrogés dépensent parfois plus d’un million de Fcfa pour ce traitement. « Une proportion importante de malades mis sous traitement ne sont pas affiliés au circuit mis en place par l’Etat pour pourvoir avoir accès au traitement subventionné. Ce qui explique un certain nombre d’abus subis par ces malades en termes de coût de leur traitement », justifie le Dr Maurice Rocher Mbella, chef du service de la lutte contre les infections sexuellement transmissibles et les hépatites virales au ministère de la Santé publique (Minsanté).

Officiellement au Cameroun, le traitement antiviral de l’hépatite virale B dans le circuit mis en place par l’Etat va de 2 000 à 200 000 FCFA pour 28 jours de traitement. C’est un traitement à long terme. Celui de l’hépatite virale C va de 50 000 à 100 000 FCFA pour 28 jours.  Il se fait à moyen termes de 3 à 6 mois. Sauf qu’ici, la (c’est-à-dire chronique, aigue ou forme avancée) n’est pas précisée. « Pour les malades ayant des coïnfections hépatite B et D ou hépatite B et C ou ayant des complications, le coût de la prise en charge sera plus élevé que celui des malades ayant une hépatite virale chronique simple », indique ce dernier.

Cependant, « Il faut aussi noter qu’il existe plusieurs circuits parallèles de traitement des hépatites virales où les prix du traitement antiviral ne sont pas contrôlés », fait savoir le Dr Mbella. En tout cas, Trois phases de réduction des coûts de traitements ont déjà été enregistrées Minsanté, à travers la signature des conventions avec certains Laboratoires Pharmaceutiques, informe-t-on ici. Aussi, le pays dispose actuellement de 14 Centres de Traitement Agréés opérationnels (CTA) répartis sur toute l’étendue du territoire « à partir desquels les malades peuvent avoir accès aux médicaments anti-hépatiques subventionnés ».

1 million de camerounais touché

Au Cameroun, les officiels de la santé estiment à plus d’un million le nombre de personnes souffrants d’hépatite virale B, la plus meurtrière (elle reste incurable). Soit 8,3% de camerounais dans la tranche de 15 à 59 ans d’après l’enquête CAMPHIA 2017 (Cameroon Population-based HIV Impact Assessment). Parmi eux, près de 10,5 % sont co-infectées à l’hépatite D qui elle, a un taux de 6,5% tandis que celle C en a 1,03%. Soit près de 150 000 personnes souffrant d’hépatite virale C. Malheureusement, « Le système actuel ne permet pas d’avoir des données probantes sur les hépatites aigues A et E », précise le Dr Maurice Rocher Mbella.

D’après lui, environ 50 décès d’hépatite virale chronique B et C ont été documentés en 2020 par le système. Cependant, « certaines sources estiment à près de 8000 par an le nombre de décès liés aux hépatites virales chroniques ». En tout cas, un Plan Stratégique National (PSN) de lutte contre les hépatites virales 2020-2024 a été lancé le 28 août 2020 à Yaoundé. Ceci, pour accroitre de façon considérable la réponse aux hépatites virales et conduire à l’obtention de meilleurs résultats de la prise en charge sur la base d’une continuité de soins. A noter que l’hépatite virale est une inflammation du foie provoquée par l’un des cinq types de virus A, B, C, D, et E. C’est un problème de santé publique en terres camerounaises.

La Journée mondiale contre l’hépatite s’est célébrée le 28 juillet dernier. A en croire l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le thème de cette année, « L’hépatite ne peut plus attendre », souligne qu’il faut agir d’urgence pour éliminer l’hépatite en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030. « On ne peut plus attendre. Une personne meurt toutes les 30 secondes d’une hépatite virale même pendant la crise actuelle liée à la Covid-19 », s’alarme l’OMS.

 

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
Leave a comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *