Grève dans les hôpitaux publics. Les syndicalistes déclinent l’offre du Minsanté

Ils ont opposé une fin de non-recevoir à sa demande de report de la date de mise à exécution de la grève qui commence ce jour.

Manaouda Malachie n’aura pas réussi à obtenir le report de sa date de mise à exécution. Dès ce 3 février 2020 donc, débute une grève des personnels de santé dans les hôpitaux publics du Cameroun. « Elle est nationale et si rien n’est fait, elle durera jusqu’en avril (2020 : Ndlr)», prévient Sylvain Nga Onana, Président du Syndicat national des personnels des Etablissements et entreprises du secteur de la santé au Cameroun (CAP/Santé). Pourtant, à travers un courrier daté du 31 janvier 2020 adressé aux présidents du Syndicat national des personnels Médico-sanitaires (Synpems) et celui de CAP/Santé, le ministre de la Santé publique leur demande de sursoir à leur mot d’ordre de grève et de reporter sa date d’exécution. Il justifie cette demande par l’actualité politique du moment, qui rend indisponible un grand nombre de responsables, dont lui-même. « Il me parait réaliste et raisonnable de prendre comme projection pour une rencontre de mise au point, la première quinzaine du mois d’avril », écrit le Minsanté.

Requête à laquelle les responsables de ces syndicats lui ont opposé une fin de non-recevoir. « Nous accusons réception de votre demande de report Mr le Ministre, toutefois nous sommes dans le regret de ne pouvoir y donner une suite favorable le syndicat étant apolitique », écrivent Sylvain Nga Onana et M. Balla Balla. Pour eux, « trop c’est trop ». C’est que, « Le gouvernement nous a endormie avec le dilatoire habituel et des engagements non tenus », fulminent-ils. Et donc, « Nous attendons des réponses pertinentes et fiables à toutes ces préoccupations ». Sur la table, pas moins de 25 revendications desdits personnels de santé des hôpitaux publics au Cameroun. Ils s’insurgent entre autres, contre la non mise à jour des plateaux techniques des Fosa, la pénurie des médicaments, consommables ; celle des kits d’hémodialyse dans les Fosa, l’abus d’autorité des responsables de Fosa, la pénurie des personnels de santé dans les Fosa publiques.

 

Revendications « pas sérieuses »

 

Dans ce tableau, figurent aussi la mauvaise utilisation des personnels (sage-femme utilisée au laboratoire), la non attribution d’une indemnité compensatrice aux autres personnels d’appui et administratif ne bénéficiant pas des primes des personnels de santé et la non mise à la retraite systématique des personnels atteints par l’âge limite de la retraite. « Ces revendications sont nombreuses et toutes ne sont pas sérieuses », fait savoir un responsable d’un établissement hospitalier public. En réalité, il y a des revendications qui relèvent du domaine de compétence du chef de l’Etat, d’autres du Minsanté et des responsables des Fosa et des responsables des Syndicats. Aussi, « En ce qui concerne le recrutement du personnel, les responsables des Fosa n’ont pas qualité mais le Minfopra. Pour la répartition des quotes-parts, il existe un comité au sein de caque Fosa dans laquelle le responsable de la Fosa n’est pas membre », explique notre source sous anonymat. D’autres médecins interrogés y voient une manipulation de la part de ces syndicats. Et pour cause, « C’est à la période électorale qu’ils veulent faire la grève », regrette l’un d’eux. Des accusations fusent également, pour mettre en doute la pertinence de leurs actions. « Ils ne sont pas en communion avec le personnel mais plutôt solidaires entre eux syndicalistes. Ils manipulent le personnel en stage de perfectionnement qu’on retrouve dans les Fosa et qui est recruté par affinité entre les membres de l’équipe de direction de certaines Fosa et qui passent le temps à rançonner les malades », croit savoir l’un d’eux.

Des accusations auxquelles Sylvain Nga Onana répond par leurs états de service. En effet, depuis janvier 2019, il se targue d’avoir pu obtenir Le paiement des trois primes des personnels relevant du code du travail (santé publique, astreinte, technicité), la suspension de la retenue illégale sur quote-part pendant près de 10 ans des personnels de l’hôpital gynéco-Obstétrique et Pédiatrique de Ngousso (Hgopy) et le départ effectif de quelques personnels atteints par la limite d’âge à la retraite dans certains hôpitaux publics. Soit trois sur les 28 du départ.  Quoi qu’il en soit, « la grève commence effectivement ce lundi, doucement ». Le service minimum sera assuré aux urgences, à la maternité, en réanimation et au bloc opératoire.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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