Grève dans les hôpitaux publics. Le PM confie les négociations au ministre du Travail
(Lurgentiste.com)– 4h. C’est le temps qu’a duré la séance de travail entre Grégoire Owona, le ministre du Travail et de la Sécurité Sociale (Mintss), et les responsables des Syndicats des personnels de santé impliqués dans la grève en cours au sein de certains hôpitaux publics. A l’issue de ces échanges instruit par Joseph Dion Ngute, le Premier ministre, il en ressort que dès le 5 juin prochain, ces syndicats devront « se rendre disponibles pour des concertations constructives en vue d’apporter progressivement et de manière exhaustive des réponses appropriées aux personnels concernés ».
Pour cela, le gouvernement se donne un délai de trois mois, indique Grégoire Owona dans un communiqué rendu public ce 1er juin. Les concertations seront intergouvernementales et vont réunir autour de la table trois composantes : Le Mintss, les ministères de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative (Minfopra) ; des Finances (Minfi) et les Syndicats des personnels de santé. Selon Bertrand Didier Bougha, le responsable de la Communication du MINTSS, il s’agira pour le MINFOPRA et le MINFI précisément, « de dire ce qui est possible de faire à leur niveau ».
Concrètement, le Minfopra devra indiquer quel est le niveau de recrutement qui est possible d’effectuer et le Minfi, de quelles ressources financières il peut disposer pour prendre en solde ces personnels. Au Mintss, l’une de nos sources proches du dossier confesse que « Nous ne pouvons pas apporter les réponses à toutes les revendications ». Voilà pourquoi « Nous allons procéder de manière progressive avec d’abord la concertation, le chronogramme et les actions prioritaires ».
Examen minutieux
A la question de savoir si ces mesures vont s’appliquer à la totalité des 27 000 personnels soignants temporaires et occasionnels des hôpitaux publics, le responsable de la Cellule de communication du MINTSS se montre prudent. « C’est ce qui doit faire l’objet d’un examen. Il faut savoir qui est concerné par cette procédure et le statut qui est donné à ces personnels. Ça se fera de manière concertée pour convenir de ce qui est mieux», indique-t-il néanmoins.
En fait, la situation des 27 000 personnels temporaires et occasionnels va faire l’objet d’un examen minutieux. De cet examen l’on déterminera quel est le statut donné à chacun. Les hôpitaux publics devront fournir la liste des personnels temporaires et occasionnels ; ceux avec qui ils ont signés des contrats de travail et sur quelle base…
Ces formations sanitaires décideront également quels sont les personnels qu’ils veulent conserver dans les effectifs et ceux avec lesquels ils veulent se séparer. Les concertations pour cette dernière catégorie permettront d’évaluer comment ils seront dédommagés et les montants qui leur seront versés.
Attentes des grévistes
Pour les syndicalistes donc, ceci est une esquisse de solution à leurs doléances. « Le plus important c’est que les lignes commencent à bouger. Si la base est d’accord et que le gouvernement joue franc jeu, pourquoi ne pas y croire », fait savoir Sylvain Nga Onana, Président de CAP/Santé. En attendant le début effectif de cette phase de concertation, Grégoire Owona demande aux grévistes « de reprendre normalement leurs activités dans l’attente de l’aboutissement des diligences déjà engagées ».
Sauf que les grévistes ne sont pas disposés à exécuter cette demande. « Nous avons rencontré la base hier après l’audience qu’a bien voulu nous accorder le ministre du travail et de la sécurité sociale. Nous avons rendu compte à la base qui est campée sur ses positions. Sur le premier point de la revendication, si on dit à la base qu’à partir du 1er septembre, date butoir de trois mois, ils seront contractualisés, alors, ils rentreront travailler », indique Sylvain Nga Onana.
Et ce dernier de poursuivre : « Notre soucis c’est que le gouvernement prenne ses responsabilités en disant je résous le premier point tel jour et voici comment cela va se passer. Sur le 2e et 3e problème je le résous de telle manière, ainsi de suite. Il faut que tout ceci soit bien précis, détaillé, avec un chronogramme et le deadline ».
En rappel, le mouvement de grève actuel est en cours depuis le 22 mai 2023. Les négociations avec le Minsanté et Minfopra d’une part, et le SGA des Services du Premier ministre d’autre part ont été infructueuses jusqu’ici. « Notre objectif n’est pas la grève à tout prix. Nous recherchons les voies et moyens pour qu’on apporte des solutions adéquates à nos problèmes. Nous attendons un acte fort du gouvernement. Nous avons l’impression que ça bouge et que peut être d’ici lundi beaucoup de choses vont se passer », conclut Sylvain Nga Onana.