Dr Mohamadou Guemse: « Manifester parce qu’il y a eu violence aux urgences, je dis non »

Olive Atangana
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Le directeur de l’Hôpital de district d’Efoulan revient sur le mouvement d’humeur du personnel soignant de cette formation sanitaire le 5 novembre dernier. 

Comment comprendre le mouvement d’humeur du personnel soignant de l’hôpital dont vous avez la charge ?

Je considère que même s’il doit avoir manifestation sur une route, il doit avoir autorisation. Et puis l’hôpital c’est d’abord la santé de nos patients. Même les fous les plus violents ont droit aux soins. Il faut bien comprendre que le système de santé est entrain de sortir progressivement du système de corruption vers l’humanisation des soins prescrite par le président de la République. Parce que lorsqu’on reste émotif, on ne comprend pas où on va. Je pense que ces gens venaient avec un malade. Qu’ils aient bu ou pas, c’était d’abord un malade. On a réussi à faire les soins au malade mais il y a eu un peu de violences dans le système de soins. Il y a eu échange de voix et ça a déclenché ce que ça a déclenché. Comme ils étaient ivres, ils ont tout cassé au service des urgences que j’ai créé depuis que je suis là.

Mais fondamentalement, le malade a bénéficié des soins malgré qu’ils ont détruit l’hôpital. Nous avons fait notre rapport à la hiérarchie. Les mis en cause sont arrêtés selon la loi parce qu’ils ont vendangé un édifice public. Ils vont payer selon la loi. Ce matin (hier), ils seront déférés. Mais, cela ne dédouane pas aussi ceux qui pensent qu’ils peuvent se lever le matin et se mettre en route sans autorisation pour manifester. Pour pouvoir le faire, il faut une autorisation.

Est-ce à dire que vous n’êtes pas solidaire de ce ras-le-bol de votre personnel soignant ?

Je suis solidaire mais la manière n’est pas adéquate. Le pays évolue. Il s’est tenu le Grand dialogue au cours duquel on a donné la possibilité à tout le monde de parler et on a parlé d’éducation et de tous les autres grands problèmes de ce pays. Maintenant, si après ce Grand dialogue, les gens ne sont pas venus parler mais vont dans la rue, c’est grave. Même s’il y a une revendication, il y a des canaux indiqués. Moi-même je suis médecin et je sais que je suis là pour soigner et non pour venir juger les gens. Manifester parce qu’il y a eu violence aux urgences, je dis non. Il y a eu violence c’est vrai. Mais, la loi est là pour nous défendre. Le jour du mouvement, la police est descendue sur les lieux et a arrêté toutes ces personnes qui ont déférés au parquet hier. Ils vont payer de leurs actes. Tous ces médecins et infirmiers sont mes petits frères et je leur dis toujours qu’il y a une manière quand vous voulez faire des choses. Il faut toujours agir dans l’intérêt de tous.

Comprenez-vous les motifs de violences physiques et verbales objet de leur mouvement d’humeur ?

J’ai travaillé aux urgences en 2006 et 2007. Un jour, un monsieur a sorti son arme et l’a pointé sur moi. J’ai gardé mon sang froid et j’ai fait mon travail parce que j’étais aux urgences. Ce que je reproche à ceux-ci, c’est que la procédure administrative c’est la loi. Elle évolue selon le système de l’administration. Ces gens sont arrêtés. Maintenant quand vous arrivez à l’hôpital et trouvez des gens qui veulent manifester ça veut dire que vous comprenez pas ce qui se passe. C’est pourquoi il faut user de la pédagogie. C’est pour cela que Mme le délégué leur a dit que nous sommes d’abord à l’hôpital pour soigner et non pour marcher. Je partage leurs idées. Il est question de protéger le personnel de santé. Mais, c’est un processus. Tant que vous ne vous asseyez pas pour réfléchir convenablement, vous ne pouvez pas avoir gain de cause. Maintenant si vous êtes manipulé par un syndicat quelconque, je ne peux pas être solidaire de tout ça parce que ce que je vois c’est une branche d’un syndicat qui veut manipuler pour des raisons précises.

Pourtant ils peuvent écrire et aller à l’assemblée défendre cela. Je suis désolé que quelqu’un qui n’est pas médecin vienne penser pour les médecins. Je crois que le ministre Malachie est plutôt entrain de penser à sauver la profession, la revaloriser et non la tuer. De tels actes ne font pas avancer le corps médical. Asseyons-nous et écrivons. Personne n’est là pour défendre la cause du médecin mais la sienne. Je pense plutôt que ce matin on serait parti chez le médecin et lui demander comment elle va, que de dire qu’on va barrer la route.

Que risque ceux qui sont descendus dans la rue mardi matin ?

Je suis un homme de loi parce que je lis un peu et je dis bien que la manifestation publique se fait avec une autorisation. Et ils ont un sous-préfet à coté qui est là. Maintenant, prendre la décision de se mettre en route est tout autre chose. C’est une manifestation qui ne m’engage pas. Je n’ai rien signé parce que pour manifester il faut une autorisation. La violence aux urgences est une notion qui est connue et qui a même fait l’objet de publications. Quand tu travailles aux urgences tu dois comprendre que tu dois tout faire pour que le soin pour lequel le patient est venu soit fait rapidement.

 

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Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.
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