Dr Marcelin Joël Ateba : « Nous savons que la gratuité a des difficultés de mise en œuvre »

Gratuité dans la prise en charge du paludisme chez les enfants de moins de 5 ans au Cameroun: mythe ou réalité ? Le Secrétaire permanent adjoint du PNLP y répond dans cette interview. A lire.

Quelles sont les stratégies particulières que vous menez pour inverser la courbe des décès chez les enfants de moins de 5 ans ?

Nous avons des interventions spécifiques dédiées à ce groupe d’âge. Vous avez les moustiquaires qui sont spécialement dédiés à ces enfants de moins de 5 ans dans le cadre du PEV que désormais nous allons distribuer ; la Chimioprévention du paludisme saisonnier dans le Septentrion qui s’adresse uniquement aux enfants de cette tranche d’âge ; la gratuité qui peut être ne marche pas comme on le souhaiterais mais qui visait justement à infléchir cette tendance. C’est pour dire que c’est vraiment un groupe cible prioritaire un peu comme les femmes enceintes mais encore plus vulnérable que les femmes enceintes.

Peut-on vraiment parler de gratuité dans la prise en charge chez cette tranche d’âge aujourd’hui lorsqu’on sait qu’elle n’est pas véritablement appliquée dans les formations sanitaires ?

Il faut d’abord qu’on explique clairement aux gens c’est quoi la gratuité. Il y a des choses précises qui sont gratuites dans la gratuité du paludisme: la consultation, le test, le médicament. Maintenant, si vous venez avec votre paludisme et que l’on veut voir si vous souffrez aussi d’anémie, il y aura des examens supplémentaires qu’on va vous demander et ils ne seront plus gratuits. Dès lors qu’on va vous demander de payer ces examens complémentaires, les populations considèrent qu’il n’y a pas de gratuité. Si votre paludisme est compliqué et que vous avez besoin d’un traitement adjuvant, fortifié, on va vous demander des frais supplémentaires. Si on doit par exemple vous transfuser, vous devez contribuer à la transfusion. Malheureusement, dès lors qu’on demande des frais supplémentaires aux usagers, pour eux, la gratuité n’existe pas. Il faut donc déjà expliquer et comprendre le concept de gratuite. Ça ne veut pas dire que dès lors que vous avez le paludisme, tout peut être gratuit. Il y a des situations où vous aurez besoin de compléter le paquet que le gouvernement offre. Deuxièmement, nous nous sommes conscient de ce que des formations sanitaires ne suivent pas toujours.

Que faites-vous donc pour qu’elles s’arriment ?

Lors des supervisions, elles sont traquées et nous faisons ce qu’il y a lieu de faire à ce moment-là pour qu’elles s’arriment. Nous savons que la gratuité a des difficultés de mise en œuvre mais nous essayons de corriger au fur et à mesure. La gratuité existe. Les agents de santé communautaires dans les villages traitent gratuitement le paludisme. Ça existe. Peut-être qu’on ne perçoit pas toujours cela parce que nous nous empressons vers des hôpitaux qui n’appliquent pas la gratuité mais elle existe.

Finalement, le paludisme reste la 1ere ou 2e cause de mortalité au Cameroun ?

Ça dépend de l’angle sous lequel on met les choses. Parfois, on met un groupe de maladies ensemble et on a l’impression que c’est la deuxième cause  mais pour nous, c’est vraiment la 1ere cause de mortalité au Cameroun.

A moins d’un an de la fin de sa mise en œuvre, le pays recherche toujours 100 milliards de Fcfa pour financer son plan stratégique national de lutte. Comment comptez-vous faire pour trouver ces fonds ?

C’est le plaidoyer. Nous lançons les appels à tous les donateurs possibles et nous essayons de rallier la plupart des bailleurs de fonds pour pouvoir financer et résorber ce gap-là. Donc nous essayons de les convaincre. Et la Première dame a accepté de parrainer la lutte.

 

Lire aussi :

http://lurgentiste.com/paludisme-2603-enfants-de-moins-de-5-ans-tues-au-cameroun-en-2021/

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *