Dr Jean Pierre Adoukara: « La mauvaise haleine peut être l’expression d’un problème de santé plus grave »

Le Chirurgien-dentiste et Directeur de l’Hôpital Privé Catholique de Tokombéré revient sur les causes et dangers de la mauvaise haleine.

Peut-on considérer la mauvaise haleine comme une maladie ?

La mauvaise haleine est un état morbide qui se caractérise par la mauvaise haleine. Elle peut être aussi le symptôme d’une pathologie plus ou moins grave. Vous savez qu’une mauvaise haleine entraine pour le sujet atteint ou son entourage une gêne relationnelle qui peut constituer un handicap social (rejet, barrières…).

A quoi est-elle due ?

Les causes de la mauvaise haleine sont multiples et les déterminants nombreux. Pour nos lecteurs, nous pouvons simplement dire que principalement (environ 85%), la mauvaise haleine provient de la bouche et est le résultat d’une mauvaise hygiène ou des pathologies au niveau bucco-dentaire. Elle peut être aussi liée à des affections affectant le nez, les sinus, la gorge et plus profondément le tube digestif et bien d’autres organes.

L’alimentation peut-elle aussi en être responsable ?

Il y a des composés plus incriminés notamment les composés volatiles sulfurés à l’origine des substances gazeuses, responsables de mauvaise haleine. Il s’agit des aliments aillés (oignons, ail) lorsqu’ils sont consommés crus. Il faut éviter de trop dramatiser non plus. Quelques fois, il faut pour certains aliments, mettre la notion de l’excès en avant. Parce qu’en réalité, toute alimentation qui favoriserait la mauvaise hygiène bucco-dentaire, l’apparition des caries, la prolifération des bactéries dans la bouche indirectement peut occasionner la mauvaise haleine. Signalons que les aliments très riches en protéines (viande) et sucrés sont grands favoris des bactéries. L’alcool et le café ont quant à eux la particularité d’assécher les muqueuses et le manque de salive dans la bouche entraine inévitablement l’halitose. En raison de l’odeur de la nicotine, le tabac est aussi la cause d’une mauvaise haleine.

Quelle est la différence entre une mauvaise haleine passagère et celle définitive ?

Lorsque le facteur ayant entrainé la mauvaise haleine est passager, tout simplement on parle d’haleine passagère. L’haleine d’un sujet normal peut varier en dehors du contexte pathologique. Lors de certains états physiologiques notamment au cours de la grossesse, au réveil, l’haleine de la faim et des jeûnes prolongées, pendant la prise de certains médicaments, en présence d’un terrain pathologique qui peut être corrigé. Je préfère le terme chronique au définitif lorsque la cause précise n’est pas déterminée ou ne peut être supprimé. La mauvaise haleine est alors chronique ou définitive.

Peut-elle être le symptôme d’un problème de santé plus grave et que l’on ignore ?

Effectivement. Il faut prendre très au sérieux la mauvaise haleine surtout lorsqu’elle devient chronique. Il faut investiguer sérieusement. Elle peut être l’expression d’un problème de santé plus profond. A force peut être de me répéter l’halitose peut expliquer de nombreuses autres pathologies du tube digestif, du foie, parfois des cancers. Une mauvaise haleine peut en être un signe révélateur.

A quel moment parle-t-on de caséum ?

Le Caséum est une affection située au fond de la bouche précisément au niveau des amygdales, ayant la forme de « petites boules ou petits grains blancs » à l’origine très souvent d’une halitose caractéristique.

 Quels traitements adéquats et astuces pour venir à bout de la mauvaise haleine ?

Le traitement sera mise en œuvre en fonction de la cause identifiée. Quelque fois, la cause est difficile à identifier faisant intervenir la collaboration de plusieurs spécialités médicales à l’origine des découragements de certains patients. Il s’agit d’un traitement curatif et consiste à éliminer la cause responsable de la mauvaise haleine. Comme nous l’avons dit plus haut, la plupart des causes proviennent de la bouche. Il va s’agir des soins d’hygiène et des soins bucco-dentaires telles que le détartrage, les nettoyages des poches des gencives, les soins des cavités carieuses. Il peut aussi concerner les causes loco-régionales au niveau ORL et même générales lorsqu’il s’agit d’une pathologie générale qu’il faudra éliminer. Maintenant, on peut se trouver devant une halitose, dont une cause précise n’a pu être identifiée ou même cette cause ne peut être définitivement éliminée.  Il va s’agir alors de soulager le patient par un traitement palliatif. Et dans ce cas, deux groupes de substances sont en général utilisées : Les antiseptiques qui vont agir en contrôlant les proliférations des micro-organismes de la cavité buccale, et les substances parfumantes qui agissent directement eux sur l’haleine. Que ce soit les antiseptiques ou les substances parfumantes, ils sont contenus dans des pâtes dentifrices, dans des bains de bouches, les sprays, les chéwigums.  Parfois seuls, ou en combinaison. Il y a une gamme très variée de ces produits sur notre marché. On ne saurait terminer cette partie consacrée au traitement sans dire un mot sur la prévention. Il vaut mieux prévenir que guérir a-t-on l’habitude de dire.  Il faut encourager les gens à prendre bien soins de leur denture, par une bonne hygiène dentaire, une alimentation équilibrée. On ne dira pas assez, bien se brosser ces dents, rendre visite une à deux fois par an au dentiste pour des conseils d’usage, éviter certains aliments, boire beaucoup de l’eau pour avoir une bonne meilleure haleine possible.

Les bonbons mentholés, bains de bouche et autres peuvent-ils aider à avoir une bonne haleine ?

 Il s’agit des mesures qui visent à réduire les proliférations des micro-organismes et surtout ce sont des substances parfumantes, en agissant directement sur l’haleine peuvent aider le patient à avoir une bonne haleine. Il reste cependant que seule l’élimination de la cause de la mauvaise haleine peut supprimer définitivement l’halitose.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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