Didier Demassasso: « Avant et après le Covid-19 la santé mentale et physique des personnes sera affectée »

Le psychologue clinicien revient sur les impacts psychologiques de la pandémie du Coronavirus sur la santé et le bien-être des populations. Il donne par ailleurs des astuces pour lutter contre les effets néfastes du stress, de l’anxiété, de l’angoisse, la dépression et comment ne pas céder à la psychose.  

Quels sont les impacts psychologiques de la pandémie du Coronavirus sur les populations ?

La pandémie du Covid-19 est complexe. C’est à dire très mal connue comparativement à d’autres pandémies qu’a connu l’humanité. Aussi son mode de propagation est plus complexe. Il y a donc autour du Covid-19 beaucoup de mystères. En quoi est-ce que cela interpelle la santé mentale ou santé psychologique ? En ceci que le cerveau, l’esprit humain redoute tout ce qui n’est pas familier et le considère comme une menace. Ajouté à l’incertitude de la résolution de ce problème, le cerveau humain peut en prendre des sacrés coups. En fonctions des types de personnes (femmes, adolescents, enfants, hommes, personne vivant avec un handicap, personnes vivant avec une maladie chronique, personnes âgées) et des vulnérabilités psychologiques qu’elles ont déjà, le Covid-19 peut avoir des impacts psychologiques sur le court, moyen et long terme. Tout comme le stress aigu, puis chronique.

Qu’en est-il des chocs psychologiques ?

Des problèmes psychologiques comme les pertes engendrées par la pandémie, les deuils compliqués, les problèmes relationnels, le chômage, la solitude, les violences que le confinement augmente ou engendre dans les maisons ont aussi un impact. Et enfin, il y a des maladies mentales comme la dépression, l’anxiété généralisé, le PTSD, les troubles de comportement alimentaires, les troubles liés à la sexualité (masturbation, pornographie, hyper sexualité…) la toxicomanie et l’alcoolisme et des traumatismes de toutes sortes. Notons aussi que le personnel soignant sera le plus touché sur le plan psychologique par la pandémie. On connaît déjà la souffrance psychologique du soignant inhérente à sa fonction et son rôle. Avec le Covid-19, elle pourra devenir très lourd d’ici qu’elle que temps. Donc, on peut donc dire que pendant et bien longtemps que le Covid-19 sera parti les populations souffriront des impacts de cette pandémie. Il y a urgence au Cameroun d’investissements urgents et importants dans la santé mentale a tous les niveaux.

Quarantaine, confinement : quelles conséquences pour la santé mentale ?

Le sujet humain est un être social. C’est à dire qu’il a besoin des autres de son espèce pour son développement sain. Les notions de distanciation sociale sont donc dangereuses pour la santé mentale des humains. Toute en respectant la distanciation physique qui a pour but de réduire le contact humain de manière physique (quarantaine, confinement), il est vital d’encourager la solidarité et l’empathie sociale à distance via les moyens de communication disponible. Donc la quarantaine, le confinement volontaire ou obligatoire s’il n’est pas encadré par des mesures qui permettent au sujet humain de bénéficier d’un support social, provoque des troubles du comportement et des maladies mentales. Ce qui vas par ricochets affecté aussi la santé physique (prise de poids, consommation de substances psycho active, violence et viol, hypertension etc). Donc, les problèmes de santé publique pendant et après le Covid-19 seront importants car le confinement et d’autres méthodes de distanciation physique dénaturent le sujet humain.

Comment ne pas céder à la psychose ? 

C’est normal pendant cette période d’avoir peur, d’être inquiet, et d’être stressé car le Camerounais lamda n’a jamais vécu cela. Dans ce qui nous diffère et ce qui nous rend semblable, cette pandémie sur le plan d’une mémoire collective est unique. Il faut d’abord le reconnaitre même si on ne l’accepte pas. Puis il faut faire des efforts constants pour garder le contrôle de certaines choses. Et la chose la plus accessible c’est de prendre soin de soi puis, des autres, si on est en famille. C’est ce self care qui nous permettra de résister aux impacts du Covid-19.

Comment lutter contre les effets néfastes tels que le stress, l’anxiété, la colère, la mauvaise humeur, l’angoisse et la dépression ?

Pendant cette période et après, la santé tant physique que mentale des populations sera affectée. Et c’est normal. Les situations difficiles affectent la plupart des personnes. Toutefois, en faisant des efforts constants pour prendre soin de soi on réduit grandement l’impact de cette pandémie. S’efforcer d’adapté la situation présente avec nos activités habituelles. Maintenir un programme d’activité, éviter de s’exposer à trop d’information, éviter de consommer des drogues et l’alcool pour se sentir mieux. Il est vital de ne pas rester seule. Trouver un moyen par le biais des moyens modernes de communication de rester connecté à des personnes qui nous soutiennent généralement ou à d’autres groupes, à d’autres buts.

Quelle prise en charge psychologique adéquate face au Covid-19 ?

Pour l’instant, il est important que toute personne qui avant le Covid-19, était atteint d’une maladie mentale soit entourée systématiquement par des proches. On doit veiller à leurs médicaments et leur suivit psychologique. Pour ceux avec des problèmes et/ou difficultés psychologiques qui naissent avec la situation actuelle, ou qui existe avant, ou ces problèmes se sont empirés avec la situation présente, il faut rechercher l’intervention de professionnel de la santé mentale (psychologue clinicien, psychiatre et infirmière spécialisé en santé mentales …). Pour ceux qui ont une maladie mentale à cause de la situation, il faut rechercher aussi des solutions auprès des professionnels de la santé mentale et psychologique. Des prises en charges précoces limitent les dégâts à tous les niveaux et augmentent les chances d’un mieux-être et vivre à présent et bien après.

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

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