Covid-19. Le Cameroun avoue sa difficulté à suivre la circulation du variant Delta sur son territoire

Le Centre Pasteur du Cameroun (CPC) a procédé à des séquençages des échantillons collectés dans les villes de Yaoundé et Douala. Il s’est avéré que des cas du variant Delta, « plus transmissibles », ont été détectés dans les villes de Yaoundé et Douala. En effet, « 12 (92,3%) portent les mutations spécifiques du variant Delta » sur les 13 échantillons positifs séquencés au mois de juillet au Palais polyvalent des sports de Yaoundé (Paposy) parmi les voyageurs. Ceci confirme la circulation dudit variant Delta encore connu sous le nom de variant Indien au Cameroun.

Confirmation en a été faite par le Pr Élisabeth Carniel, directeur général du CPC, dans une note adressée au ministre de la Santé publique (Minsanté) le 10 août dernier et qui a fuité sur les réseaux sociaux. « Vous aurez constaté que nous n’avons pas eu une explosion exponentielle comme ailleurs. Nous sommes en train de rechercher quelle en est la raison. Est-ce que ce variant est encore en train de faire son nid », a déclaré Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique (Minsanté).

En réalité, « le nombre d’échantillons séquencés relativement faible et leur provenance circonscrite, ces résultats ne peuvent être extrapolés du niveau national », poursuit le Pr Carniel. En d’autres termes, il est difficile pour le CPC de déterminer pour l’heure la circulation de ce variant dans les autres régions, et donc au niveau national. Par conséquent, « Un séquençage systématique des échantillons positifs et une enquête autour des cas serait indispensable pour suivre la circulation de ce variant qui pourrait conduire à une résurgence des cas », recommande ce médecin de formation, spécialiste en médecine tropicale.

Entre temps, le 2 août dernier, il a aussi été confirmé la circulation du même variant Delta dans Les régions du Sud-Ouest et l’Extrême-Nord par le Laboratoire national de Santé publique.  « A partir du moment où il est présent, il se propage rapidement et dès qu’il atteint les personnes à risque, la courbe des hospitalisations et des décès augmente », renchérit le Pr Yap Boum, épidémiologiste à Epicentre (MSF).

Prescription : Dépistage massif et vaccination

Voilà pourquoi « Il faut intensifier le dépistage à nouveau afin de détecter rapidement et éviter d’être surpris par une flambée », prescrit l’épidémiologiste. Au Cameroun, « La situation épidémiologique peut se dégrader en fin d’année » précisément, prévient un acteur impliqué dans la riposte nationale.  En fait, le taux de transmissibilité du variant Delta est de 30 à 60 % supérieur à celui des autres formes du Covid. Il est aussi plus agressif et dangereux.  D’après les spécialistes, ce variant identifié en 2020 en Inde a subi une mutation qui semble le rendre plus résistant aux anticorps. Il serait par ailleurs plus contagieux et provoquerait des symptômes nouveaux comme des saignements de nez. Classé « préoccupant » par l’OMS en mai 2021, il semble générer des formes plus graves de la maladie.

« Il a la particularité d’avoir beaucoup plus de mutations que les autres. Le variant Delta infecte ainsi beaucoup plus que les autres et, par conséquent, le patient a une charge virale très élevée», explique dans une interview à Cameroon tribune, le Dr Joseph Fokam, chef du département de virologie au Centre international de référence Chantal Biya (Circb). A en croire le Pr Yap, « La vaccination et les gestes barrières ou encore un grand nombre de personnes récemment immunisées peuvent freiner sa course ».

Pourtant, ce variant alimente la crainte de voir apparaître des formes du Covid résistantes aux vaccins actuellement disponibles. En effet, les résultats préliminaires d’une récente étude américaine montrent pourtant que le vaccin Janssen (Johnson & Johnson) est moins efficace contre le variant Delta du coronavirus. Il faut tracer les populations qui ont été affectées et faire leur line list. Il est fort possible que ce soit des personnes qui se soient rapidement isolées des autres et qui ont respectés les mesures barrières ou encore des voyageurs qui sont repartis dans leur pays.

Quoi qu’il en soit, « Il n’y a pas de doute que nous ferions face à une troisième vague dans les mois à venir », affirment les officiels de la Santé. Et la circulation de ce variant atteste de la survenue de cette troisième vague de l’épidémie qui pourrait survenir « autour du mois d’octobre prochain », précise Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique. A noter qu’au 10 août 2021, le Cameroun comptait 82 605 cas positifs et 1341 décès d’après les statistiques officielles. « La situation est maîtrisée. Nous avons moins de 30 personnes qui sont dans les formations sanitaires et environ 11 personnes qui sont sous oxygénothérapie », fait savoir le Minsanté.

La distribution par type de vaccin fait état de ce que 2 181 personnes ont déjà été vaccinées par Johnson and Johnson, 106 565 avec Sinopharm et 266 986 avec AstraZeneca. Au total 450 mille personnes ont déjà été vaccinées au pays, à en croire Manaouda Malachie. Au 11 août, le pays était classé 31e sur 51 autres (33e le 4 août), avec une consommation des vaccins estimée à 36% (39% le 4 août).

Olive Atangana

Journaliste diplômée de l'École supérieure des sciences et techniques de l'information et de communication (Esstic) au Cameroun. Passionnée et spécialisée des questions de santé publique et épidémiologie. Ambassadrice de la lutte contre le paludisme au Cameroun, pour le compte des médias. Etudiante en master professionnel, sur la Communication en Santé et environnement. Membre de plusieurs associations de Santé et Politique, dont la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) et le Club des journalistes politiques du Cameroun (Club Po). Très active sur mes comptes Tweeter et Facebook.

Vous aimerez aussi...

1 réponse

  1. 14 août 2021

    […] Covid-19. Le Cameroun avoue sa difficulté à suivre la circulation du… […]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *